Question de M. VAYSSOUZE-FAURE Jean-Marc (Lot - SER) publiée le 20/02/2025

Question posée en séance publique le 19/02/2025

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Vayssouze-Faure, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Jean-Marc Vayssouze-Faure. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, trois ans de guerre en Ukraine, trois ans d'agression injustifiée, de massacres de populations civiles, de déplacements d'enfants, côté russe.

Trois ans de résistance héroïque, de courage inouï déployé par tout un peuple derrière le président Volodymyr Zelensky, du côté ukrainien.

Mais, aujourd'hui, nous sommes face à un tournant. Insidieusement, le doute s'est installé, la mobilisation s'est essoufflée et nos alertes sont restées lettre morte.

Déjà, en 2023, notre délégation sénatoriale appelait, au retour d'un déplacement en Ukraine, à agir plus vite, plus fort pour que le pays gagne la guerre.

Trop longtemps, nous avons cru que les États-Unis seraient éternellement de notre côté.

Vous-même, le 13 novembre dernier, déclariez en réponse à une question de notre collègue Claude Malhuret que Donald Trump était « trop avisé pour abandonner les Ukrainiens en rase campagne ».

La conférence de Munich nous place devant une exigence de lucidité : la démocratie américaine reste notre alliée, mais l'administration Trump est désormais un adversaire qui s'en prend à nos valeurs et qui entend décider de l'avenir de l'Ukraine en tête-à-tête avec Poutine.

Mme Émilienne Poumirol. Très bien !

M. Jean-Marc Vayssouze-Faure. Avant même que les négociations aient débuté, le président américain semble avoir déjà tout lâché. Quelles garanties avons-nous que nos positions seront respectées ?

Monsieur le ministre, quelle est la stratégie de la France dans le dénouement de ce conflit ? Pouvez-vous nous confirmer, comme vient de l'indiquer la porte-parole du Gouvernement, à la suite de la proposition formulée hier à l'Assemblée nationale par nos collègues socialistes, à laquelle nous nous sommes associés, qu'un débat suivi d'un vote se tiendra au mois de mars, en application de l'article 50-1 de la Constitution ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE-K et INDEP.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 20/02/2025

Réponse apportée en séance publique le 19/02/2025

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Bayrou, Premier ministre. Monsieur le sénateur, je vous confirme que le Gouvernement organisera un débat en vertu de l'article 50-1 de la Constitution pour que nous examinions ensemble les données de la situation en gestation depuis des mois et des années, après les récentes prises de position de l'administration américaine.

Je fais comme vous la différence entre le peuple américain, qui est un allié, et l'administration américaine qui, au grand désarroi de beaucoup, semble aujourd'hui prendre ses distances avec les positions fondamentales que les États-Unis ont défendues depuis leur engagement dans la Seconde Guerre mondiale.

Premièrement, au niveau diplomatique, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères s'en est expliqué souvent devant vous, il s'agit de réunir les énergies européennes et de déployer un plan européen, y compris en matière de financement, afin de nous défendre.

Deuxièmement, il convient aussi de se mobiliser au niveau national. Il n'y aura pas de position européenne à la hauteur de nos espérances si la France, elle-même, ne réussit pas à résoudre ses problèmes et à retrouver l'élan qui devrait être le sien pour affronter des crises aussi graves.

Je vous propose donc d'examiner cette double nécessité, européenne et nationale, dans le courant du mois de mars. Je m'en suis entretenu avec à peu près tous les présidents de groupe présents dans cet hémicycle. Tous ont défendu cette position. Je vous confirme donc bien volontiers que ce sera le choix du Gouvernement. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI, INDEP et RDSE.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Vayssouze-Faure, pour la réplique.

M. Jean-Marc Vayssouze-Faure. Monsieur le Premier ministre, je vous remercie de votre réponse.

Vous avez ici, en face de vous, des démocrates qui feront bloc dans l'intérêt du pays. Les grands principes, les incantations et les sommets, nous les partageons, mais cela ne suffit plus : il faut cesser de subir et agir !

Demain, vous et le Président de la République aurez besoin de convaincre la Nation tout entière afin qu'elle consente aux efforts nécessaires pour défendre l'Ukraine, pour garantir notre sécurité et pour préserver notre modèle démocratique. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe GEST. - M. Pierre Barros applaudit également.)

Mme Laurence Rossignol. Très bien !

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