Question de Mme PETRUS Annick (Saint-Martin - Les Républicains) publiée le 13/02/2025
Question posée en séance publique le 12/02/2025
M. le président. La parole est à Mme Annick Petrus, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Annick Petrus. Ma question s'adresse à M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. (Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.)
Avec un taux de criminalité cinq fois plus élevé que dans l'Hexagone, Saint-Martin est confrontée à une insécurité croissante nourrie par le narcotrafic, la circulation illégale des armes et une délinquance de plus en plus précoce. Entre fusillades, braquages et agressions, la population est inquiète et l'image de notre territoire se détériore. Il y a encore eu deux agressions par armes à feu la nuit dernière !
Malgré une gendarmerie pleinement engagée, qui coopère de manière efficace avec la collectivité de Saint-Martin, la montée de la violence dépasse malheureusement les capacités opérationnelles. Saint-Martin subit, entre autres, une criminalité importée, alimentée par les trafics de drogues et d'armes qui transitent par la Caraïbe.
Sans un engagement accru de l'État en faveur d'un renforcement de la coopération sécuritaire avec l'ensemble des États de la région, ce phénomène risque de s'intensifier et d'ancrer durablement la violence sur notre territoire.
Il est à noter que les défaillances judiciaires et une réponse pénale insuffisante assoient un sentiment d'impunité.
Je sais que la vidéoprotection, qui relève de la compétence de la collectivité de Saint-Martin, pourrait constituer un atout supplémentaire dans cette lutte. Hélas ! ce dispositif a été détruit par l'ouragan Irma et son rétablissement n'est encore qu'au stade de l'attribution du marché. En attendant, nous devons faire face à cette insécurité avec les moyens dont nous disposons.
Monsieur le ministre, dans ce contexte, quelles actions concrètes l'État entend-il mettre en place pour mieux anticiper et enrayer cette dynamique criminelle, qui fragilise Saint-Martin et menace la stabilité de l'ensemble de la région ? Songez-vous à un renforcement de la coopération sécuritaire et judiciaire avec nos voisins les plus proches de la Caraïbe ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 13/02/2025
Réponse apportée en séance publique le 12/02/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.
M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Annick Petrus, je partage totalement le constat que vous faites d'une dégradation du climat sécuritaire dans votre chère île de Saint-Martin.
Vous me demandez quelles mesures très concrètes nous pensons prendre : je peux déjà en évoquer trois.
La première a déjà été prise : nous avons nommé un préfet de plein exercice, alors que Saint-Martin n'avait jusqu'alors qu'un préfet délégué. Ce préfet, dont le ressort comprend aussi l'île de Saint-Barthélemy, aura comme mission centrale et prioritaire la lutte contre l'insécurité.
La deuxième réponse consiste à renforcer la présence de la gendarmerie nationale sur la voie publique, ainsi que sa surveillance des quatre points de passage avec la partie néerlandaise de l'île. Je lui ai adressé des instructions en ce sens. Le but est de pouvoir interpeller les fuyards qui iraient chercher refuge de l'autre côté de la frontière. C'est déjà ce que nous avons pu faire récemment, quand un touriste américain a reçu une balle dans le thorax : les auteurs présumés de cette attaque ont été interpellés.
Enfin, la troisième réponse consiste à durcir le dispositif sécuritaire en déployant sur l'île un escadron de gendarmes mobiles, qui pourra recevoir, ponctuellement, l'appui du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) de la Guadeloupe.
Voilà donc trois réponses très concrètes que nous apportons à la dégradation du climat sécuritaire à Saint-Martin.
Vous avez par ailleurs fait allusion au continuum de sécurité. Bien sûr, on n'obtient de résultats que lorsque le ministère de l'intérieur et les collectivités travaillent en commun. La vidéosurveillance en est une bonne illustration. Une étroite collaboration entre les deux ministères régaliens, celui de la justice et celui de l'intérieur, est de rigueur. Je me félicite à cet égard du climat de coopération qui préside à mes relations avec mon collègue le garde des sceaux.
Un autre point fondamental, vous avez eu raison de le souligner, est la lutte contre le narcotrafic, qui est un vecteur essentiel de la criminalité outre-mer, mais aussi en métropole.
À cet égard, je voudrais rendre hommage à tous les membres de la Haute Assemblée, qui ont offert à la République une formidable victoire en adoptant à l'unanimité la proposition de loi sénatoriale visant à sortir la France du piège du narcotrafic, aboutissement des travaux de votre commission d'enquête sur ce sujet. Bravo et merci à tous ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC, RDPI et RDSE.)
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