Question de M. ROS David (Essonne - SER) publiée le 13/02/2025
Question posée en séance publique le 12/02/2025
M. le président. La parole est à M. David Ros, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. David Ros. Monsieur le président, je tiens en préambule à exprimer le profond soutien de l'ensemble des sénateurs de l'Essonne à la famille de Louise.
Ma question s'adresse à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Madame la ministre, depuis le début de la semaine, avec le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle, des bourrasques d'annonces présidentielles soufflent dans les médias. Le Président de la République souhaite que le navire France rattrape son retard en matière d'IA face aux États-Unis et à la Chine.
Les récentes annonces en rafale suscitent de nombreuses questions.
Je ne vous interrogerai pas sur les enjeux de souveraineté nationale que soulève l'annonce de 109 milliards d'euros d'investissements privés étrangers. Je ne vous interrogerai pas non plus sur les problèmes démocratiques posés par le contrôle, par de grandes entreprises capitalistes, des serveurs contenant nos données et recherches personnelles.
Beaucoup de points sensibles ont en effet déjà été relevés dans un remarquable rapport réalisé par nos collègues Corinne Narassiguin et Patrick Chaize au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).
En revanche, madame la ministre, je souhaite vous interroger sur le rôle majeur que doit jouer à ce sujet le porte-avions éducation nationale.
Vous avez annoncé vouloir, d'ici la fin du mois de mars, décliner une stratégie globale en matière d'IA. Pourriez-vous d'ores et déjà nous préciser les axes ou les plans d'action que vous envisagez pour le lycée, le collège, voire pour l'école primaire ? Cela a bien sûr trait à la maîtrise des usages et au contrôle des apports pédagogiques, mais aussi à la compréhension du fonctionnement de l'IA à proprement parler et aux risques éthiques qu'elle induit.
N'est-ce pas l'occasion de doter les futures générations d'un certain esprit critique et d'une culture scientifique de premier plan dans un monde balayé par des tourbillons d'informations qui ressemblent trop souvent à des vents contraires ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 13/02/2025
Réponse apportée en séance publique le 12/02/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur David Ros, l'intelligence artificielle est non pas une évolution à venir, mais une révolution qui touche dès à présent l'ensemble de notre société, et notamment nos façons d'enseigner et d'apprendre.
Aujourd'hui, nous savons que la quasi-totalité des lycéens et des étudiants, de même que de nombreux collégiens, utilisent l'intelligence artificielle. Dans le même temps, seulement 20 % de nos professeurs l'utilisent régulièrement dans leur pratique professionnelle.
Il importe de permettre à chacun de se saisir de cette technologie, à la fois en en maîtrisant les atouts et en en mesurant bien les risques.
C'est le sens des annonces que j'ai faites la semaine dernière. Nous allons dès la prochaine rentrée proposer à tous les élèves du second degré une première formation à l'intelligence artificielle pour qu'ils maîtrisent le prompting, c'est-à-dire la façon de dialoguer avec une intelligence artificielle, et qu'ils soient capables de mesurer les biais et les limites de cette technologie. En résumé, il s'agira d'appréhender au mieux les atouts et les faiblesses de cet outil.
Nous allons aussi proposer des formations aux enseignants, en ligne ou en présentiel. Un module sera intégré dans l'offre de formation continue du ministère de l'éducation nationale.
Enfin, nous allons mettre en place un partenariat d'innovation pour développer une IA souveraine, ouverte et évolutive, afin d'appuyer les pratiques pédagogiques de nos enseignants.
Vous le constatez, nous nous saisissons pleinement de ce sujet pour en faire une chance pour tous et toutes, j'y insiste, sachant que les filles s'orientent moins vers ces filières technologiques. Il s'agit bel et bien d'un enjeu que nous devons prendre à bras-le-corps. (M. François Patriat applaudit.)
M. le président. La parole est à M. David Ros, pour la réplique.
M. David Ros. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse qui montre que nous devons redoubler d'efforts.
À ce sujet, n'oublions pas ces vers de Jean de La Fontaine :
« Le vent redouble ses efforts,
« Et fait si bien qu'il déracine
« Celui de qui la tête au ciel était voisine,
« Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. »
Alors, madame la ministre, redoublons certes d'efforts, mais restons vigilants. Impulsons un souffle nouveau dans le ciel de l'IA, un vent qui se faufilerait à pas de chat, si j'ose dire, tel un Mistral gagnant ! (Exclamations et applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE-K.)
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