Question de Mme GOULET Nathalie (Orne - UC) publiée le 06/02/2025

Question posée en séance publique le 05/02/2025

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Nathalie Goulet. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, last but not least ! (Sourires.)

« La place d'une femme est à la demeure auprès de son père. Crains ton Seigneur » : ce propos n'est pas une citation d'un théoricien d'Al-Qaïda ; il émane de la nouvelle recrue de l'émission star de France 5, C à vous, qui réunit un million de téléspectateurs en moyenne chaque soir. (M. Michel Savin applaudit.)

Cet humoriste - appelons-le ainsi -, Merwane Benlazar, pratique couramment l'exégèse de la charia sur son compte Twitter et multiplie les recommandations de sites ouvertement salafistes.

Je ne rappellerai pas ses nombreuses saillies contre les forces de l'ordre ou contre les femmes. La polémique suscitée par son intronisation sur France 5 l'a conduit à fermer ses réseaux au public et à les nettoyer... au kärcher. (M. Roger Karoutchi sourit.)

J'ajoute que cet « humoriste » annonce la couleur, avec son look salafiste. Si l'habit ne fait pas le moine, reconnaissons que le propos fait le salafiste. (Sourires.)

Comment peut-on participer, avec l'argent du contribuable, à normaliser les idées que véhicule ce personnage ? Est-ce bien ce que l'on attend du service public de l'audiovisuel et de ses maisons de production ? Est-ce une forme de provocation ou bien l'expression d'un projet politique ? À quoi rime le silence assourdissant de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom),...

M. Roger Karoutchi. Oui !

M. Michel Savin. Voilà !

Mme Nathalie Goulet. ... pourtant si prompte à condamner d'autres animateurs ?

M. Laurent Burgoa. Tout à fait !

Mme Nathalie Goulet. Madame la ministre, continuerons-nous longtemps à jouer les idiots utiles de l'islamisme ? Aux dernières nouvelles, cet individu serait renvoyé de la chaîne : pouvez-vous nous le confirmer ? Cette mesure, si elle a bien été prise, concerne-t-elle la station de radio et la chaîne de télévision où il sévit ? Enfin, à l'avenir, comment comptez-vous garantir que l'Arcom joue son rôle pour éviter de tels errements éditoriaux, dans le respect de l'indépendance des médias ? (Vifs applaudissements sur des travées des groupes UC et Les Républicains. - MM. Jean-Pierre Grand et Jean-Baptiste Lemoyne applaudissent également.)

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Réponse du Ministère de la culture publiée le 06/02/2025

Réponse apportée en séance publique le 05/02/2025

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la culture. (Ah ! sur des travées du groupe Les Républicains.)

Mme Rachida Dati, ministre de la culture. Madame la sénatrice Goulet, comme vous le savez, le recrutement des chroniqueurs et autres journalistes relève du libre choix de l'antenne et des producteurs.

La chronique que vous citez contenait-elle des propos répréhensibles ? Non. L'Arcom n'a donc pas lieu d'être saisie.

Ce chroniqueur a-t-il par ailleurs tenu des propos scandaleux ? (Oui ! sur des travées du groupe Les Républicains.) Oui.

France Télévisions en a tiré les conséquences : l'intéressé ne sera plus à l'écran.

M. Olivier Paccaud. Il n'aurait jamais dû y être !

Mme Rachida Dati, ministre. Pour conclure, permettez-moi de formuler un bref rappel.

Dans cette affaire, madame la sénatrice, vous déplorez un silence assourdissant ; mais, dans certains cas, le bruit mérite également d'être dénoncé.

Méfions-nous des dérives et des dérapages, quels qu'ils soient. On ne saurait disqualifier une personne sans fondement, sur la seule base de son apparence, qu'il s'agisse du physique ou de la tenue vestimentaire. (Applaudissements sur des travées du groupe SER.)

M. Olivier Paccaud. C'est trop facile !

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour la réplique.

Mme Nathalie Goulet. Madame la ministre, je suis tout à fait d'accord avec vous. Reconnaissez toutefois qu'il est un peu difficile d'expliquer qu'il ne faut pas mettre d'abaya à l'école et de promouvoir en même temps sur le service public une tenue manifestement salafiste. (Mme Sylvie Goy-Chavent applaudit.)

J'y insiste, nous parlons du service public : un tel incident est d'autant plus ennuyeux.

Il n'y a absolument rien d'innocent dans les propos que je dénonce ; et je me bats depuis trop longtemps en faveur de la laïcité et du respect de la République pour que l'on puisse me taxer de racisme. (Bravo ! et applaudissements sur des travées des groupes UC, Les Républicains et INDEP.)

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