Question de M. JACQUIN Olivier (Meurthe-et-Moselle - SER) publiée le 23/01/2025
M. Olivier Jacquin interroge Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ruralité sur la nécessité d'adapter la formation des élus locaux à leurs fortes attentes et à leurs faibles disponibilités.
En effet, la loi n° 2015-366 du 31 mars 2015, visant à faciliter l'exercice par les élus locaux de leur mandat, instaure un nouveau droit individuel à la formation (DIF) pour les élus locaux à compter du 1er janvier 2016. Ce droit visa à améliorer la formation des élus locaux, tant dans l'exercice de leur mandat qu'en vue de leur réinsertion professionnelle à l'issue de celui-ci. Gérée par la caisse des dépôts et consignations (CDC), cette formation doit être adaptée aux fonctions de chaque élu local, car elle est essentielle pour l'organisation de son mandat, notamment en début de mandat, mais aussi tout au long de celui-ci.
Il soutient les propositions du comité directeur de l'association départementale des maires et présidents d'intercommunalité de Meurthe-et-Moselle visant à améliorer cette formation :
Augmenter l'attribution annuelle, actuellement fixée à 400 euros par un arrêté du 12 juillet 2021, ainsi que le plafond de cumul des sommes d'une année à l'autre, actuellement fixé à 800 euros. Les élus n'ont pas toujours le temps nécessaire de suivre une formation en raison de leurs obligations électorales, professionnelles et personnelles. Supprimer ce plafond permettrait un accès plus effectif à ce droit, en permettant son utilisation tout au long du mandat et le rattrapage des formations manquées en raison de conflits d'agenda.
Différencier les crédits attribués pour la formation selon la fonction occupée au sein du conseil municipal. À titre d'exemple, un maire devrait bénéficier d'une somme plus importante, surtout en début de mandat, pour garantir une formation adéquate et encourager le renouvellement des équipes municipales.
Simplifier l'obtention de l'identité numérique. La démarche actuelle pour obtenir une identité numérique est contraignante et limite l'accès des élus à la formation. Malgré les mesures contre la fraude, le processus actuel décourage de nombreux élus d'utiliser leurs droits à la formation. Actuellement, seuls 5 % des élus mobilisent ce droit. Une simplification administrative, tendant vers des modèles tels que France Connect, serait beaucoup plus efficace.
Reconnaitre les compétences acquises par les élus au cours de leurs mandats, en particulier ceux ayant des responsabilités ou une délégation au sein de leurs conseils. Ces compétences pourraient être transformées en diplôme équivalent, facilitant ainsi leur réinsertion professionnelle à la fin de leur mandat.
Rendre transparents les montants collectés par la caisse des dépôts et consignations et instaurer un organe de contrôle composé d'élus de différents niveaux territoriaux pour garantir cette transparence.
Ainsi, dans une logique visant à améliorer la formation des élus, il souhaiterait savoir si elle envisage de mener une réflexion en ce sens en prenant en considération les propositions qualitatives du comité directeur de l'association départementale des maires et présidents d'intercommunalité de Meurthe-et-Moselle.
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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé de la ruralité publiée le 27/02/2025
Le Gouvernement porte une attention particulière à la situation des élus locaux, en particulier s'agissant de leur droit à la formation. Les propositions portées par l'association départementale des maires et présidents d'intercommunalité de Meurthe-et-Moselle, qui est également un organisme de formation détenant l'agrément ministériel pour dispenser de la formation liée à l'exercice du mandat aux élus locaux, sont pour la plupart déjà satisfaites et traitent d'une seule des deux composantes du droit à la formation des élus locaux, le droit individuel à la formation des élus (ou DIFE). Tout élu local peut en effet se former soit dans le cadre du droit à la formation, qui est inscrit dans la loi depuis 1992 et doit obligatoirement être mis en oeuvre par chaque collectivité territoriale, soit en mobilisant le droit individuel à la formation. Le droit des élus locaux à la formation prévoit que chaque collectivité, dans le respect des plafonds budgétaires posés par la loi (entre 2 et 20 % du montant total des indemnités de fonction qui peuvent être allouées à ses élus), prend en charge les formations de ses élus liées à l'exercice de leur mandat et dispensées par des organismes agréés. L'adaptation aux besoins de chacun des élus est rendue possible par ce dispositif. S'agissant du DIFE, chaque élu local dispose par principe des mêmes droits et il n'est pas envisagé de moduler selon le type de mandat ou les fonctions occupés. Le montant des droits qui peuvent être cumulés a été réévalué, passé à 800 euros, pour tenir compte notamment des difficultés qui ont pu résulter de la mise en oeuvre de France Connect +, qui est déployée pour toutes les démarches sensibles. La sécurisation de l'achat de formations sur la plateforme « Mon compte élu » a été rendue obligatoire pour prévenir les fraudes au préjudice des élus locaux. Des actions d'accompagnement ont été mises en oeuvre, en lien notamment avec l'Association des maires de France, et une procédure « courrier » a été prévue pour les personnes ne pouvant utiliser France Connect +. Par ailleurs, France Identité peut être utilisée comme identité numérique de connexion. L'association départementale des maires et présidents d'intercommunalité de Meurthe-et-Moselle propose s'agissant de la gestion du fonds DIFE que soit créé un organe de contrôle composé d'élus de différents niveaux territoriaux. C'est la mission que le législateur a confiée au Conseil national de la formation des élus locaux, composé pour moitié d'élus locaux représentant les communes et établissements publics de coopération intercommunale, départements et régions, et qu'il assure depuis 2022. Enfin, s'agissant de la reconnaissance des compétences acquises par les élus au cours de leurs mandats, en particulier ceux ayant des responsabilités ou une délégation, les élus locaux peuvent d'ores et déjà le faire dans le cadre de la validation des acquis de l'expérience. Des évolutions de ce dispositif pourront, le cas échéant, être étudiées dans le cadre de l'examen de la proposition de loi sur le statut de l'élu local, adoptée en première lecture par le Sénat le 7 mars 2024.
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