Question de M. CHAIZE Patrick (Ain - Les Républicains) publiée le 16/01/2025
M. Patrick Chaize appelle l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche sur l'impact particulièrement dangereux pour la filière bois, de l'application de la responsabilité élargie aux producteurs dédiée aux produits et matériaux de construction (REP PMCB).
La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, dite loi AGEC, a créé la filière REP pour les produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment, afin de mieux gérer les enjeux que sont l'amélioration du tri et la réduction des dépôts illégaux.
S'agissant de la filière bois, on peut s'étonner que les scieurs aient été désignés « payeurs » alors qu'ils ne produisent pas de déchets, ne maitrisent pas l'éco-conception des charpentes et ne savent pas si leurs produits sont valorisés en construction bois ou non. Par ailleurs, si les mesures de la REP sont louables, force est de constater que la réglementation et en particulier l'éco-contribution appliquée aux produits de la filière bois la pénalise dangereusement alors que ces matériaux s'inscrivent pourtant pleinement dans les objectifs de décarbonation. En taxant les matériaux bois en pratique quinze à trente fois plus chers que le béton et l'acier en matériaux de structure, et trois fois plus chers que le PVC en revêtements de sol, ces dispositions font droit à une aberration économique et affaiblissent ainsi l'usage du bois dans la construction.
Cette situation, en pleine crise du bâtiment et à l'heure où les matériaux biosourcés ont toute leur part à jouer dans la décarbonation de notre économie, n'est pas acceptable d'autant qu'elle aggrave les distorsions de concurrence déjà existantes avec les produits importés.
Face à ce constat qualifiable de véritable gabegie financière et écologique, il l'interroge sur la pertinence du maintien des matériaux bois dans la REP PMCB, tout en sachant qu'ils présentent par nature une véritable valeur environnementale avec le recyclage complet qui en est fait (chaufferie, pellets, transformation des palettes ou bois de construction...).
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Réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche publiée le 27/02/2025
La filière à responsabilité élargie des producteurs (REP) de produits et matériaux de construction du bâtiment, créée par la loi anti-gaspillage de février 2020, comporte de très nombreux acteurs. Le cahier des charges de la filière et l'agrément des 4 éco-organismes, qui à la fois collectent les contributions financières des entreprises metteurs en marché des produits et matériaux de construction, organisent la collecte et soutiennent les collectivités locales participant à la gestion de ces déchets pour les particuliers ou les professionnels, a été pleinement effective au début de l'année 2023. Les éco-organismes ont défini dès septembre 2022 le montant des contributions qu'ils appellent en fonction de la trajectoire de montée en puissance des soutiens à accorder aux nouvelles installations de collecte et de tri à mettre en oeuvre. Les points de collecte à développer et les actions à mener en 2024 et en 2025 nécessitent ainsi des moyens supplémentaires, et les éco-organismes n'ont d'autre choix que d'augmenter le montant de la contribution. Toutefois, le précédent Gouvernement a fait évoluer le cadre réglementaire relatif à ces contributions afin notamment de rétablir l'équité entre les produits de construction en bois issus de scieries qui sont principalement fabriqués en France et les produits de construction en bois préfabriqués qui sont souvent importés. Un premier arrêté a effectivement été publié le 20 février 2024 afin de mettre sur un pied d'égalité les bois français et les bois d'importation grâce à l'introduction d'un taux d'abattement de 20 % applicable aux bois frais de sciage. Il permet également une réduction des coûts supportés par la filière par un report de certaines mesures ; les éco-organismes estimaient la réduction du montant des contributions financières perçues de l'ordre de 100 millions d'euros pour l'année 2024. Un second arrêté a été publié pour compléter ce dispositif le 3 juillet 2024. Il prévoit un nouvel abattement de contribution pour les produits générant des déchets qui sont mieux collectés et valorisés que ceux issus d'autres produits (par exemple les produits en bois versus ceux en plastique) ; le gain pour la filière bois est estimé à près de 45 Meuros. De plus, un décret permettant de mutualiser les obligations de reprise sans frais des distributeurs de produits et de matériaux de construction entre sites proches, qui permettra un gain pour l'ensemble de la filière REP d'au moins 180 Meuros, a été publié au Journal Officiel le 21 novembre 2024. Par ailleurs, par un avis publié au Journal Officiel le 5 décembre 2024, le point de prélèvement de la contribution financière a été déplacé plus en aval sur la chaîne de valeur ce qui libérera les entreprises de première transformation du bois du paiement de la contribution financière à compter du 1er janvier 2026. Enfin, les travaux réalisés par les éco-organismes, les services du ministère chargé de l'environnement ainsi que l'ADEME ont permis de diminuer de 40 % le gisement de déchets devant être pris en charge par la filière en 2024, ce qui permettra une diminution des besoins financiers liés au fonctionnement de la filière. Le Gouvernement reste attentif à la situation de la filière bois, et souhaite engager de nouvelles discussions sur la REP PMCB permettant de mieux prendre en compte les besoins des acteurs.
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