Question de Mme JOSEPH Else (Ardennes - Les Républicains) publiée le 30/01/2025
Mme Else Joseph interroge Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ruralité sur l'effectivité de l'opération « 1000 cafés », annoncée par le Gouvernement en 2020.
En effet, cette opération avait été lancée pour revitaliser nos villages afin de recréer du lien et de la sociabilité. Elles consistaient notamment à impliquer tous les acteurs, dont les communes. À ce jour, l'opération semble décevante : sur les 1 000 cafés prévus, 200 établissements s'inscriraient dans ce réseau, mais seulement 80 cafés auraient véritablement vu le jour. Pourtant, des communes se sont impliquées, ont mobilisé tous les démarches et moyens qui étaient de leur ressort, et se sont même heurtées à des retraits soudains et inopinés d'opérateurs quelquefois peu scrupuleux.
Elle demande à la ministre ce qu'elle envisage pour que cette opération, qui a fait naître beaucoup d'espoir dans les communes rurales, soit concrétisée. Elle lui demande également ce qu'elle prévoit à l'égard de communes qui ont participé à ces projets afin que ces derniers soient menés à bien. En effet, les communes, qui ont financé et mis à disposition de ces projets leurs moyens, se retrouvent avec de nouvelles charges. Elles doivent donc être appuyées.
- page 212
Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé de la ruralité publiée le 19/02/2025
Réponse apportée en séance publique le 18/02/2025
Mme la présidente. La parole est à Mme Else Joseph, auteure de la question n° 268, adressée à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ruralité.
Mme Else Joseph. Madame la ministre, en 2019, l'opération « 1000 cafés » avait été annoncée pour revitaliser nos villages, cette initiative privée bénéficiant d'un soutien public. Le but était de recréer du lien, de la sociabilité, en mobilisant et en impliquant nos villages. Cette belle opération visait à redonner de l'âme à nos petites communes autour d'un café.
Cinq ans plus tard, le bilan est plus que mitigé, en particulier dans le département des Ardennes. Sur les 1 000 cafés prévus à l'échelon national, 200 s'inscriraient dans le réseau, mais seulement 80 cafés auraient en réalité vu le jour depuis le lancement de cette opération, qui se voulait ambitieuse, mais aussi participative puisqu'elle devait impliquer tout le monde, à commencer par nos communes.
La déception n'est pas que d'ordre statistique ou comptable. Si, dans certaines situations, des projets n'ont pu aboutir, dans d'autres cas, des communes se sont heurtées à des retraits soudains et inopinés de la part d'opérateurs pas toujours scrupuleux, voire à des pressions injustifiées sur les gérants. C'est le cas dans trois communes de mon département.
Alors qu'elles avaient financé, soutenu et facilité ces projets en utilisant tous les instruments disponibles qu'une commune peut mettre en oeuvre, elles se heurtent à des retraits sauvages de la part de gérants sans scrupules, qui n'ont parfois investi aucun euro préalablement. De ces cafés promis, elles ne voient, si je puis dire, ni la couleur ni l'odeur. Elles font face ensuite à des difficultés financières.
Madame la ministre, comment aider ces communes qui ont été victimes de démarches aux limites de la malveillance, pour ne pas dire de la malhonnêteté dans certains cas ? Comment les aider à poursuivre des projets dans lesquels elles se sont tant impliquées et pour lesquels elles ont beaucoup donné ? Comment garantir un objectif qui réside dans le nom même de l'opération : « 1 000 cafés » ?
Je ne voudrais pas conclure comme on l'a fait à propos de Louis XV : « France, ton café fout le camp ! »
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ruralité. Madame la sénatrice, chère Else Joseph, votre question est importante parce qu'elle traite de la revitalisation de nos centres-bourgs. On sait qu'un espace ouvert, chaleureux, tel un café, est un lieu de rencontre et de lien social, pour lequel de nombreuses communes déploient des efforts considérables.
J'ai reçu il n'y a pas très longtemps la présidente du programme « 1 000 cafés » et j'ai participé ici aux travaux de cette association. D'autres initiatives ont été prises par ailleurs.
Ce que l'on sait, c'est qu'il est très difficile de réintroduire des cafés et des commerces de manière générale dans les centres-bourgs parce qu'il faut trouver un modèle économique. Personne ne tient un café ou un bar s'il n'est pas possible d'en vivre. Des cafés associatifs se développent et proposent des activités annexes, comme de la musique ou de la lecture. Il s'agit d'un modèle citoyen très engagé.
L'État, je vous assure, est réellement très attentif à l'ensemble de ces initiatives. Nous avons en effet mis en oeuvre un programme pour les soutenir. Nous avons ainsi permis, avec un soutien fort de l'État, la réouverture de 434 commerces.
L'exercice est toujours difficile et particulier parce que les projets sont tous différents. Pour ma part, je suis prête, madame la sénatrice, à vous accueillir pour discuter avec vous de la situation particulière que vous évoquez.
Mme la présidente. La parole est à Mme Else Joseph, pour la réplique.
Mme Else Joseph. Je vous remercie, madame la ministre, de ces éléments. Je connais votre engagement en faveur du commerce rural. Ma question visait aussi à rassurer nos acteurs locaux parce que cette association est soutenue par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et par le fonds de soutien au commerce rural. J'attends donc une surveillance vigilante de l'usage qui est fait de cet argent public.
- page 2971
Page mise à jour le