Question de M. HINGRAY Jean (Vosges - UC) publiée le 19/12/2024
M. Jean Hingray attire l'attention de Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur les paris sportifs et leur addiction.
Les paris sportifs représentent une offre singulière dans le paysage des jeux d'argent, qui sont par ailleurs reconnus comme une addiction, qui est la seule addiction comportementale.
Les chiffres sont alarmants, surtout depuis la bascule vers les jeux en ligne permettant l'anonymat des joueurs : pour le dernier mondial de football en France, 615 millions d'euros ont été misés sur la compétition en 2022 contre 366 millions en 2018. Au delà, c'est l'âge des parieurs, notamment excessifs, qui interpelle : en 2023, les 18-24 ans constituaient 16 % des inscrits sur la liste des 60 000 joueurs « interdits volontaires » que l'autorité nationale des jeux (ANJ) tient à jour, révélant le rajeunissement de cette base. Le taux d'addiction chez les 18-25 ans est deux fois plus élevé que dans le reste de la population, notamment pour des raisons neurobiologiques. Par ailleurs, le nombre de joueurs excessifs ne cesse de croître selon Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l'instance.
Aujourd'hui, le constat est que les opérateurs de jeux n'assument pas leurs responsabilités : les dispositifs de prévention tiennent au logo « Interdit aux moins de 18 ans » ou encore à l'obligation de renvoyer vers des lignes d'écoute gérées par des associations. Dans les faits, ces derniers vont inciter le joueur à perdre le contrôle de sa pratique, avec une véritable contradiction : l'opérateur prétend permettre aux joueurs d'être responsables et de l'autre il met tout en oeuvre pour les pousser à adopter une pratique déraisonnable et intensive.
Certes il existe une démarche volontaire d'interdiction de jeux, qui permet à ces joueurs de s'auto-bannir des plate-forme de jeux mais ces « interdits volontaires » peuvent continuer à jouer sur des sites illégaux ou « en dur », dans un point de vente. De plus, les campagnes publicitaires ciblent particulièrement les jeunes, plus vulnérables, ainsi que les précaires et la classe populaire. Le but est de rendre les joueurs addicts car ils génèrent 68 % du produit brut des paris sportifs.
L'enjeu de santé publique est au coeur de ces constats : l'ANJ a fait déjà des propositions auprès des pouvoirs publics pour renforcer le cadre juridique actuel, qu'il est essentiel d'affermir en raison des nouvelles stratégies induites par le numérique qui renforce la vulnérabilité psychologique du joueur. En ce sens sont visées celles des cadeaux aux parieurs, faits pour inciter ces derniers à jouer davantage ou encore la pratique des carrés VIP chez les opérateurs, qui téléphonent aux joueurs, créant ainsi un lien de proximité. Selon Matthieu Escande, avocat en droit des jeux et paris sportifs, il y aurait des mesures simples à prendre pour arrêter ce mécanisme d'addiction, en sachant que chaque opérateur fait un profilage sur chaque parieur avec des données numériques, il serait possible pour l'ANJ avec un simple algorithme, de savoir au même moment qu'un opérateur qui est addict et qui ne l'est pas.
Il souhaite savoir quelles mesures vont être mises en place pour faire face à ce phénomène de santé publique qui ne cesse de prendre de l'ampleur.
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En attente de réponse du Ministère de la santé et de l'accès aux soins.
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