Question de M. DOSSUS Thomas (Rhône - GEST) publiée le 28/11/2024
M. Thomas Dossus attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur quant à la transparence sur les effectifs de police nationale à Lyon et dans le département du Rhône. Le ministère de l'intérieur a régulièrement communiqué sur des renforts de policiers et gendarmes nationaux sur Lyon et le département du Rhône. Sur ce sujet, il apparaît essentiel, dans une optique de bonne coopération entre l'État et les communes du département du Rhône dont la ville de Lyon, et pour améliorer le continuum de sécurité, de faire preuve de transparence. Ceci, en disposant d'une vision fidèle des effectifs de police et gendarmerie nationale sur le territoire de la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN ) du Rhône. Il avait déjà interpellé par une question orale le Gouvernement en décembre 2023 pour connaître ces effectifs. Le maire de Lyon M. Grégory Doucet, a également écrit à plusieurs reprises au ministre, sans aucune réponse. La commission d'accès aux documents administratifs (CADA), saisie à son tour, a confirmé la légitimité de la demande. Il a rencontré début novembre 2024 les responsables des syndicats départementaux de police nationale Alliance et Unsa. Ceux-ci, souhaitant réaliser leurs missions correctement, nous alertent sur des conditions de travail toujours plus difficiles, dues essentiellement aux chutes des effectifs et réorganisations qui en découlent ces dernières années. Selon eux, les effectifs sur la DIPN sont passés de quasiment 3 000 agents en 2017 à 2 600 agents en 2022, et la baisse continue, malgré les sorties d'écoles de police, passées et à venir. A titre d'exemple, il y a quelques années, il y avait deux équipages de police secours pour le 7e arrondissement, il y a maintenant un seul équipage pour l'ensemble des 3e - 6e - 7e et 8e arrondissements de Lyon. Maintenir la sécurité publique devient de plus en plus difficile. Ils craignent par ailleurs la potentielle nouvelle baisse d'effectifs à venir, liée à la reprise du centre de rétention administrative 1 de Lyon Saint-Exupéry par la police nationale d'ici quelques mois, par des agents possiblement ponctionnés sur la DIPN. L'opacité sur les effectifs réels est dommageable et pourrait laisser penser que les annonces de renforts ne seraient en réalité que le remplacement de départs d'effectifs. Des arrivées qui ne suffiraient même pas à combler les départs, les effectifs globaux étant apparemment en baisse sur la DIPN du Rhône d'après ces syndicats. Cette situation n'est pas tenable. C'est pourquoi, il souhaite savoir si le Gouvernement envisage de communiquer le solde net des effectifs de police et gendarmerie nationale de manière transparente et régulière à la ville de Lyon ainsi qu'à l'ensemble des collectivités qui le demandent comme il s'y est déjà engagé.
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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations publiée le 04/12/2024
Réponse apportée en séance publique le 03/12/2024
M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, auteur de la question n° 228, adressée à M. le ministre de l'intérieur.
M. Thomas Dossus. Monsieur le secrétaire d'État, cette question a trait, elle aussi, à la confiance entre État et collectivités. Elle est identique à celle que j'ai posée à l'un de vos prédécesseurs il y a un an.
J'attire votre attention sur la transparence des effectifs de police nationale à Lyon et dans le département du Rhône. Le ministère de l'intérieur a régulièrement communiqué sur des renforts de policiers et de gendarmes nationaux dans cette circonscription. Dans une optique de bonne coopération entre l'État et les communes, et pour mettre mieux en oeuvre un continuum de sécurité, nous avons besoin de clarté.
Malgré ma précédente question orale en ce sens en décembre 2023 et les demandes répétées du maire de Lyon, qui a dû saisir le tribunal administratif, malgré les engagements pris lors de l'examen de la loi du 24 janvier 2023 d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur, l'opacité reste la seule réponse adressée aux élus locaux, qui se heurtent à un mur.
Au début de novembre 2024, les responsables de syndicats départementaux de police nationale nous ont alertés sur leurs difficultés à réaliser leurs missions correctement et sur leurs conditions de travail toujours plus difficiles, en raison essentiellement des chutes d'effectifs et des réorganisations qui en découlent. Selon eux, les effectifs de la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) sont passés de presque 3 000 agents en 2017 à 2 600 agents en 2022. La baisse continue, malgré les sorties d'école de police passées et à venir, en contradiction avec les promesses de Gérald Darmanin.
Maintenir la sécurité publique devient de plus en plus difficile. L'opacité sur les effectifs réels est dommageable et pourrait laisser à penser que les renforts annoncés ne seraient en réalité que le remplacement de départs. De telles arrivées ne suffiraient même pas à combler ces derniers, les effectifs globaux étant apparemment en baisse sur la DIPN du Rhône, d'après ces syndicats.
Cette situation n'est pas tenable. Aussi, nous souhaitons savoir si le Gouvernement envisage de communiquer le solde net des effectifs de police, de manière transparente et régulière, aux élus et aux collectivités concernés, comme il s'y était engagé.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.
M. Othman Nasrou, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations. Monsieur le sénateur Dossus, le ministre de l'intérieur a indiqué à plusieurs reprises que sa priorité était de rétablir l'ordre. Nos concitoyens attendent davantage d'autorité, de sévérité dans la lutte contre la délinquance et de fermeté.
Cette ambition exige naturellement des moyens humains. Aussi, je répète que l'adoption du projet de loi de finances pour 2025 est importante. Ce texte prévoit un supplément de crédits de 750 millions d'euros pour le ministère de l'intérieur.
En outre, nous travaillons à la mise en place de plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, qui sont suivis par le ministre délégué Nicolas Daragon.
D'autres leviers dépendent des collectivités. Puisque vous parliez de continuum de sécurité, de dialogue et de confiance à l'égard des élus, je mentionnerai les polices municipales et la vidéoprotection, car certaines familles politiques, comme la vôtre, monsieur le sénateur, y sont encore hostiles ! Sur plusieurs territoires, ces outils ne sont pas suffisamment déployés. Je pense à la Ville de Lyon, qui pourrait revoir ses pratiques, comme l'a fait récemment la Ville de Bordeaux. (M. Thomas Dossus proteste.)
J'insiste sur la nécessité de disposer d'un continuum de sécurité. La sécurité est une chaîne qui relie l'État aux élus locaux, ainsi qu'une coproduction. Les territoires doivent donc prendre leur part.
Les chiffres que vous nous indiquez ne sont pas exacts. Le nombre d'équipages de police-secours déployés par jour est non pas d'un, mais de six. Je confirme l'ajustement des effectifs de la DIPN du Rhône en raison de la nécessité de sécuriser le centre de rétention administrative. Or, comme vous le savez, les effectifs sur le terrain dépendent non seulement de la direction zonale de la police nationale, mais aussi des services de police de tout le département. Par exemple, Lyon bénéficie du renfort permanent de deux compagnies républicaines de sécurité, soit 120 policiers supplémentaires sur le terrain.
Nous nous pencherons bien sûr sur la question d'un renfort du nombre d'agents, pour voir si celui-ci peut se justifier ici ou là, et sur le fond de votre interpellation. Je veux l'assurer très clairement : l'État n'a rien à cacher en matière de chiffrage des effectifs. Ces informations sont à votre disposition auprès des préfets, en toute transparence.
M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour la réplique.
M. Thomas Dossus. Je veux rétablir quelques vérités : la police municipale de Lyon est armée et des caméras de surveillance sont déployées. Nous n'avons donc pas de leçon à recevoir ! La transparence, par contre, n'est pas effective.
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