Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 28/11/2024

Question posée en séance publique le 27/11/2024

Mme la présidente. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Monsieur le ministre délégué chargé de la réussite scolaire, la semaine dernière, la ministre de l'éducation nationale indiquait que le futur programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle n'était pas figé et que l'idéologie de genre n'était « absolument pas présente dans ce programme ». (Mme Laurence Rossignol s'exclame.)

Monsieur le ministre, un programme était-il nécessaire ? Que pensez-vous de son contenu ? Assurez-vous le Sénat que, dans sa version définitive, le contenu de chaque cycle sera adapté à l'âge des élèves, que les dix-sept références à l'identité de genre seront retirées et que toute trace de wokisme en sera expurgée ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Protestations sur les travées du groupe SER.)

Mme Laurence Rossignol. C'est une obsession ! (M. Michaël Vallet manifeste son approbation.)

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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre de l'éducation nationale, chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel publiée le 28/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 27/11/2024

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel.

M. Alexandre Portier, ministre délégué auprès de la ministre de l'éducation nationale, chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel. Monsieur le sénateur Brisson, vous conviendrez avec moi - il est utile de le rappeler - que les parents sont et doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants, notamment dès lors que l'on touche au privé et à ce qu'il y a de plus intime chez l'être humain. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Mickaël Vallet. Quand on voit certains parents...

M. Alexandre Portier, ministre délégué. Malheureusement, nous vivons aussi une époque où il est interdit d'être spectateur face aux violences sexuelles, en particulier celles que subissent nos adolescents, aux violences intrafamiliales et à la prolifération des images à caractère pornographique dans le quotidien de nos enfants.

M. Bruno Sido. Très bien !

M. Alexandre Portier, ministre délégué. L'école a-t-elle un rôle à jouer ?

Mme Laurence Rossignol. Oui !

M. Alexandre Portier, ministre délégué. Oui. Très concrètement, je ne me suis pas mobilisé pour l'interdiction du téléphone portable pour rien. Je ne me résous pas à ce que la première image de la sexualité découverte par un gamin le soit dans une cour de récréation, à 9 ou 10 ans, sur le téléphone portable d'un copain. (Mmes Marie-Pierre Monier et Laurence Rossignol applaudissent.)

Évidemment, l'école a pour mission de protéger nos enfants et, en même temps, de les aider à construire leur jugement par eux-mêmes. C'est précisément pourquoi il faut un programme : pour les aider à comprendre le monde qui les entoure. Mais c'est aussi la raison pour laquelle il est hors de question de laisser faire tout et n'importe quoi.

Je vous le dis comme élu, mais aussi, comme beaucoup d'entre vous ici, en tant que père de famille : ce programme, en l'état, n'est pas acceptable, et doit être revu. (Ah ! et applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

À cet égard, je souhaite exprimer trois réserves importantes, que je partage en toute franchise avec vous. Premièrement, je m'engagerai personnellement pour que la théorie du genre n'ait pas sa place dans nos écoles, car elle ne doit pas en avoir. (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains et INDEP, ainsi que sur des travées des groupes UC et RDSE. - Protestations sur les travées des groupes SER et GEST.)

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Cela n'existe pas !

M. Alexandre Portier, ministre délégué. Deuxièmement, le militantisme n'a pas non plus sa place dans notre école. Je veux un encadrement très strict de tous les intervenants qui devront s'exprimer sur ces sujets dans nos établissements.

M. Xavier Iacovelli. C'est la ligne gouvernementale, ça ?

M. Alexandre Portier, ministre délégué. Il est hors de question de laisser nos écoles se transformer en terrains militants. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. - Mêmes exclamations.)

Mme la présidente. Veuillez conclure, monsieur le ministre.

M. Alexandre Portier, ministre délégué. Troisièmement, je veux aussi une meilleure prise en compte du développement de nos élèves. (Marques d'impatience sur les travées des groupes GEST, SER et CRCE-K.)

M. Mickaël Vallet. La messe est dite !

Mme la présidente. Il faut conclure !

M. Alexandre Portier, ministre délégué. Toutes les notions abordées dans ces matières doivent être définies avec sagesse, en coopération avec l'Académie des sciences et l'Académie de médecine, pour déterminer ce qui est le plus approprié. (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

M. Hussein Bourgi. Qu'est-ce que c'est la théorie du genre ? Vous ne le savez même pas ! Vous ne faites que lire les fiches de la Manif pour tous !

Mme la présidente. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, oui, en ces temps où les enfants sont en permanence exposés, y compris à la pornographie la plus sordide et aux violences conjugales, l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est utile et l'élaboration d'un programme nécessaire. Je suis donc rassuré par vos propos. J'y adhère. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes GEST et SER.)

J'espère que votre parole portera et que vous serez suivi. Le problème est que, lors de son parcours, ce programme a été malmené par les promoteurs d'une vision qui impose à l'école d'être le remède à tous les maux de notre société, par le zèle militant d'associations qui ne poursuivent que le triomphe de leurs thèses, sans jamais s'intéresser au bien-être des enfants. (M. Mickaël Vallet s'exclame.)

Mme Laurence Rossignol. Ce sont les thèses de l'extrême droite !

M. Max Brisson. Ce sont ces mêmes associations qui prônent bisexualité et polyamour et qui banalisent les transitions de genre. (Exclamations.)

Mme Laurence Rossignol. Vous êtes les représentants de Poutine et d'Orbán dans cet hémicycle !

M. Max Brisson. Bien sûr, elles en ont le droit. Mais doivent-elles de ce fait avoir pignon sur rue et bénéficier d'accréditations du ministère de l'éducation nationale ? (Exclamations sur les travées du groupe SER.) Calmez-vous, mes chers collègues !

Monsieur le ministre, l'éducation nationale ne doit pas s'éloigner de ce qui fit longtemps sa force. Premièrement, ne pas imposer aux élèves des contenus qui ne sont pas conformes à leur maturité. Deuxièmement, ne pas accueillir à l'école les querelles qui enflamment les adultes. Troisièmement et surtout, comme vous l'avez dit, ne pas oublier que l'éducation est d'abord et avant tout la mission des parents ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP. - Protestations sur les travées des groupes SER et GEST.)

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