Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 28/11/2024

Question posée en séance publique le 27/11/2024

Mme la présidente. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, l'écrivain Boualem Sansal est emprisonné pour acte terroriste ou subversif, nous disent les autorités algériennes. Cette séquestration arbitraire n'est pas sans rappeler le sort de Soljenitsyne ou de Vaclav Havel.

Il semblerait qu'Alger cherche de nouveau à nuire à notre pays. On pourrait penser que la cause en est la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental, mais, en réalité, tous les prétextes sont bons pour attaquer la France. Face à l'expression de cette haine, qui est Boualem Sansal, si ce n'est le bouc émissaire des tensions entre nos deux pays ? Il incarne le courage à travers ce qu'il fait et ce qu'il dit, lui qui, d'une voix longtemps inaudible, a dénoncé les ravages de l'oppression islamiste.

Son crime, aux yeux du pouvoir algérien, serait d'être devenu Français et, pire encore, d'aimer la France. L'Algérie s'accommode de son histoire et ne cache pas son mépris envers les juifs, les harkis et, plus largement, les Européens, au premier rang desquels les Français. Que dire des traitements discriminatoires et cruels qu'elle inflige aux Berbères, aux Kabyles, ou encore aux femmes ?

Si la France a encore quelque chose à montrer au monde, c'est dans la défense de la liberté et de l'universalisme. Pourtant, sur cette question, nous ne sommes, hélas ! pas unanimes. Une grande partie de la gauche, qui a toujours voulu s'approprier la tradition des Lumières, est totalement muette sur le sort de notre compatriote.

Mme Marie-Arlette Carlotti et M. Mickaël Vallet. Pas ici !

Mme Valérie Boyer. Elle reste plus préoccupée par la suppression du délit d'apologie du terrorisme que par la défense de ce grand écrivain.

Plus grave encore, les dérives victimaires de l'Algérie ont trouvé un écho complice dans certains médias du service public. Comment, monsieur le ministre, accepter de tels propos, qui desservent notre pays, qui desservent la démocratie ?

Nous parlons de l'emprisonnement arbitraire d'un homme de 75 ans, menacé de la peine de mort.

Si l'action diplomatique exige de la discrétion, monsieur le ministre, comment accepter que cette haine de la France trouve un écho dans les médias français et, de surcroît, sur des chaînes du service public ? Comment comptez-vous agir pour libérer Boualem Sansal ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe INDEP. - M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit également.)

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Réponse du Ministère délégué auprès du Premier ministre et du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe publiée le 28/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 27/11/2024

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'Europe.

M. Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du Premier ministre et du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe. Madame la sénatrice Boyer, je vous remercie de votre question, qui fait écho à celle du sénateur Demilly, et qui démontre bien l'engagement de l'ensemble de cet hémicycle, ainsi que l'émotion et la stupéfaction de tous les Français à l'annonce de l'inculpation de notre compatriote Boualem Sansal.

Je veux rappeler ici, une fois de plus, que la France est toujours du côté de l'universalisme, de la liberté d'expression et de la liberté d'opinion. Aujourd'hui, nous ne voyons rien dans les activités de Boualem Sansal qui justifie ou accrédite les accusations ayant mené à son emprisonnement. La détention, sans justification, d'un citoyen français, d'un grand écrivain, est inacceptable.

Je réaffirme, madame la sénatrice, l'implication de tous les services de l'État pour suivre cette affaire et faire bénéficier Boualem Sansal des services consulaires auxquels il a droit en tant que citoyen français.

Comptez sur la mobilisation de l'État et du Gouvernement sur ce sujet. (M. François Patriat applaudit.)

Mme Valérie Boyer. Et le service public ?

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