Question de M. DEMILLY Stéphane (Somme - UC) publiée le 28/11/2024

Question posée en séance publique le 27/11/2024

Mme la présidente. La parole est à M. Stéphane Demilly, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Stéphane Demilly. Monsieur le ministre, le 16 novembre dernier, alors qu'il venait de fouler le sol d'Alger, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été arrêté et emprisonné.

Pendant dix jours, aucune information n'a transpiré sur sa situation. Boualem Sansal a finalement été présenté hier au parquet et placé sous mandat de dépôt pour « atteinte à la sûreté de l'État, à l'intégrité du territoire, à la stabilité ou au fonctionnement normal des institutions, aux symboles de la Nation et de la République ».

Il risque, monsieur le ministre, la peine de mort, peine qui sera probablement commuée en prison à perpétuité.

Que lui reproche-t-on ? Probablement de ne jamais avoir trahi sa liberté de penser, sa liberté de dire, notamment ses critiques vis-à-vis du pouvoir et de l'islamisme, qui gangrène la société.

Boualem Sansal, lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française, est peut-être aussi une victime des tensions diplomatiques entre la France et l'Algérie, probablement d'ailleurs au même titre que Kamel Daoud, prix Goncourt 2024, interdit de participer au Salon international du livre d'Alger par les mêmes autorités algériennes.

L'arrestation de Boualem Sansal est inacceptable, sur la forme, bien sûr, mais également sur le fond, car cet écrivain incarne, pour beaucoup, la promesse d'un avenir loin des lourds héritages du fanatisme et de l'intolérance.

Elle est inacceptable, car on s'attaque à un homme qui symbolise, dans ce pays, la défense des droits de l'homme et de la femme.

Elle est inacceptable, car c'est la liberté d'expression et la culture que l'on emprisonne.

En France, la mobilisation des intellectuels, relayée par les médias de ce côté-ci de la Méditerranée, est très importante.

Pouvons-nous compter, monsieur le ministre, sur une mobilisation aussi forte des autorités politiques et diplomatiques françaises pour venir en aide à notre compatriote ? (Vifs applaudissements.)

- page 6185


Réponse du Ministère délégué auprès du Premier ministre et du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe publiée le 28/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 27/11/2024

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'Europe.

M. Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du Premier ministre et du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe. Monsieur le sénateur Demilly, je vous remercie de cette question importante.

Nous avons été stupéfaits et choqués par l'annonce de l'inculpation de notre compatriote Boualem Sansal. Je partage votre émotion et celle de nombreux Français, qui estiment l'homme, admirent l'oeuvre, ont lu ses ouvrages, tels 2084 ou Le Village de l'allemand, et saluent le courage de l'écrivain, véritable sentinelle de la liberté.

Je veux vous dire, monsieur le sénateur, que rien ne nous permet aujourd'hui d'accréditer les fondements de l'accusation dont il fait l'objet. La détention, sans fondement sérieux, d'un citoyen français est tout simplement inacceptable. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)

Nous ne transigeons pas sur les valeurs de liberté et d'expression, qui sont toujours des valeurs de la France.

Vous pouvez compter sur la pleine mobilisation des services de l'État pour suivre la situation de Boualem Sansal, qui peut aujourd'hui bénéficier de la protection consulaire à laquelle il a droit en tant que citoyen français. Nous resterons pleinement mobilisés sur ce sujet.

Merci de votre engagement, monsieur le sénateur ! (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP et UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

- page 6185

Page mise à jour le