Question de Mme MORIN-DESAILLY Catherine (Seine-Maritime - UC) publiée le 21/11/2024
Question posée en séance publique le 20/11/2024
M. le président. La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Catherine Morin-Desailly. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins.
Madame la ministre, vous avez annoncé la semaine dernière la création d'un nouveau carnet de santé avec des pages dédiées aux écrans, ainsi que des mesures de suivi.
Je me réjouis que ce gouvernement s'occupe enfin du sujet très préoccupant de la surexposition des enfants aux écrans, notamment des tout-petits. C'est un sujet sur lequel, forte d'un rapport réalisé au nom de notre la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport en 2018, j'avais alerté votre prédécesseure Agnès Buzyn. En vain. Nos travaux, fondés sur les conclusions d'experts, et la proposition de loi adoptée à l'unanimité qui en était issue n'avaient alors, hélas ! pas été soutenus.
L'année dernière, la proposition de loi de la députée Caroline Janvier, qui prévoyait notamment, comme vous, une modification du carnet de santé, n'a pas connu de suite au Sénat, malgré nos démarches conjointes auprès de Catherine Vautrin. Pourtant, le rapport commandé par le Président de la République au mois de janvier 2024 laissait penser qu'il s'agissait d'une urgence nationale.
Aujourd'hui, les études le démontrent, le phénomène tend à s'aggraver : retards dans l'apprentissage ; difficultés d'attention et de concentration ; attitude passive de l'enfant face au monde qui l'entoure.
Au-delà des mesures sectorielles que vous avez annoncées, quel plan global de prévention et d'action, associant élus, professionnels de santé, familles, enseignants et éducateurs, et en prenant appui sur l'ensemble de nos propositions, entendez-vous mener avec vos collègues membres du Gouvernement chargés de l'éducation nationale, de la petite enfance et du numérique ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC. - M. Mickaël Vallet applaudit également.)
- page 5241
Réponse du Ministère de la santé et de l'accès aux soins publiée le 21/11/2024
Réponse apportée en séance publique le 20/11/2024
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins.
Mme Geneviève Darrieussecq, ministre de la santé et de l'accès aux soins. Madame la sénatrice Morin-Desailly, vous avez raison, le temps excessif d'exposition des enfants, notamment des enfants jeunes, aux écrans est un fléau ; et ce qu'ils peuvent voir sur ces écrans en est un autre.
Il y a aujourd'hui un consensus scientifique pour dire que la surexposition aux écrans nuit au sommeil et favorise la sédentarité, l'obésité, les épidémies de myopie, les troubles du développement socioémotionnel, voire l'anxiété et la dépression. Elle est donc source d'un mal-être notable, ce qui doit nous interpeller.
M. le Premier ministre ayant souhaité ériger la santé mentale en grande cause nationale pour l'année 2025, nous devons, me semble-t-il, inclure dans ce cadre une réflexion sur ce temps d'exposition aux écrans, qui crée un mal-être important chez les jeunes. Nous le savons bien, l'anxiété peut conduire progressivement à la dépression.
Le phénomène que vous évoquez constitue bien un enjeu de santé publique.
Dès le 1er janvier, les nouveaux carnets de santé comprendront des pages consacrées à la prévention à destination des parents. Nous sommes également en train de modifier les carnets de maternité, afin, là aussi, de donner des indications aux futurs parents.
Nous devons construire ensemble une feuille de route à partir du rapport que le professeur Benyamina et le docteur Mouton ont remis au Président de la République au mois d'avril dernier.
La surexposition aux écrans est un fléau que nous devons combattre avec un cadre précis, axé sur la prévention et les conseils aux parents, afin qu'ils puissent agir. Je crois moins à la coercition, qu'il serait en l'occurrence compliqué de mettre en oeuvre. (M. François Patriat applaudit.)
M. le président. La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly, pour la réplique.
Mme Catherine Morin-Desailly. Madame la ministre, vous admettez qu'il s'agit d'un sujet extrêmement grave. Dès lors, pourquoi attendre encore et appeler à une nouvelle réflexion ?
Des rapports antérieurs à ceux qui ont été remis au Président de la République existaient déjà au Sénat. Appuyons-nous sur la proposition de loi de l'ancienne députée Caroline Janvier, qui est dans la navette : ce texte contient des mesures de prévention, mais aussi d'action.
D'ici là, je suggère que le Gouvernement engage d'ores et déjà une campagne d'intérêt général de santé publique pour promouvoir les dispositions de la loi du 21 mai 2024 visant à sécuriser et à réguler l'espace numérique, que nous venons de voter, et, surtout, les outils de contrôle parental sur tablettes et téléphones ; il en existe, mais ils sont, nous dit l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), largement sous-utilisés.
Nous le devons aux enfants, dont c'est aujourd'hui la Journée internationale des droits. (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et Les Républicains. - M. Mickaël Vallet applaudit également.)
- page 5241
Page mise à jour le