Question de M. OMAR OILI Saïd (Mayotte - RDPI) publiée le 21/11/2024
Question posée en séance publique le 20/11/2024
M. le président. La parole est à M. Saïd Omar Oili, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. Saïd Omar Oili. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, madame la ministre de l'éducation nationale, sur l'enseignement dans les écoles primaires à Mayotte, les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'état des lieux est très éclairant. Le nombre d'élèves inscrits à l'école primaire a augmenté de 20 % entre 2019 et 2023. Il manque 1 200 salles de classe à ce jour. Quelque 57 % des élèves suivent un enseignement en rotation et ne bénéficient donc que de deux jours d'enseignement par semaine. Et 92 % des élèves ne reçoivent pas de repas chaud le midi. Enfin, sur l'ensemble de l'île de Mayotte, vos services, madame la ministre, estiment entre 6 000 à 10 000 le nombre d'enfants non scolarisés, soit 9 % du total.
Les chiffres que je viens de vous citer émanent de la chambre régionale des comptes de Mayotte et des services de votre ministère. Ces données illustrent très bien l'origine de la progression, fulgurante ces dernières années, de la délinquance juvénile. De fait, on peut s'interroger sur le lien entre cet état des lieux et le caillassage des bus scolaires, les intrusions et les tentatives d'incendie des établissements scolaires, qui sont le quotidien des habitants de Mayotte. Hier matin encore, un bus transportant trente-sept élèves a fait l'objet d'un caillassage très violent à Mamoudzou.
Quelles mesures d'urgence le ministère de l'éducation nationale compte-t-il prendre face à cette situation aux conséquences d'ores et déjà catastrophiques pour l'avenir de Mayotte et de ses générations futures ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Catherine Conconne applaudit également.)
- page 5234
Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 21/11/2024
Réponse apportée en séance publique le 20/11/2024
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'éducation nationale.
Mme Anne Genetet, ministre de l'éducation nationale. Mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Saïd Omar Oili, je rappelle d'abord, alors que nous sommes en période de discussion budgétaire, que notre école républicaine ne représente jamais une dépense : c'est un investissement. C'est un investissement collectif pour l'avenir, y compris pour celui de nos jeunes Mahorais et de Mayotte.
J'ai rencontré ce matin, au congrès des maires et des présidents d'intercommunalité de France, le maire de Mamoudzou, M. Soumaïla, qui m'a expliqué que quelque 10 000 enfants naissent chaque année sur son île. Très concrètement, cela signifie qu'il faudrait une salle de classe de plus par jour !
Il manque, très précisément, 302 salles de classe, ce qui impose un système de rotation, avec classe le matin pour les uns, l'après-midi pour les autres, qui permet de garantir malgré tout que l'école vient à chacun de nos jeunes Mahorais.
La réponse de l'État est claire. En ce qui concerne le bâti scolaire, nous savons qu'il faut construire. Pour cela, l'État met sur la table 1 milliard d'euros. À Mayotte, ce sont plus de 500 millions d'euros qui seront prévus pour construire de nouveaux bâtiments d'ici à 2027. Dans le budget pour 2025, 138 millions d'euros sont inscrits pour le bâti scolaire à Mayotte. Cela permettra d'accueillir plus de 14 000 élèves supplémentaires.
Il faut aussi mettre des professeurs dans ces classes. Aujourd'hui, 15 000 de nos professeurs sont présents sur le territoire de Mayotte. Au total, il y a 19 000 agents de l'éducation nationale sur place, en comptant les surveillants, les accompagnants d'enfants en situation de handicap, les inspecteurs, les personnels de direction, etc. Nous déployons des moyens de formation pour les accompagner : nos enseignants sont formés.
Bien sûr, il faudra aller plus loin, et dépasser le système des rotations. Soyez assurés que mon ministère et tout le gouvernement de M. Barnier, notre Premier ministre, seront à vos côtés pour soutenir Mayotte, parce que l'école est notre priorité nationale. Nous devons à tout prix élever le niveau de tous et ne laisser personne sur le bord de la route, sans excepter nos jeunes Mahorais. Soyez assurés de notre complet soutien. Nous serons à vos côtés tout au long de l'année 2025 et des années qui viennent pour que le territoire de Mayotte et nos jeunes Mahorais fassent partie de la promesse républicaine, de la promesse d'avenir de la Nation. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)
- page 5234
Page mise à jour le