Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 14/11/2024
Question posée en séance publique le 13/11/2024
M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, nous avons tous été frappés par le courage d'Ahou Daryaei, cette étudiante iranienne qui a dû affronter la police des moeurs quant à sa manière de porter le hijab.
En se dénudant, elle a eu un geste d'une transgression inouïe, qui exprime l'étouffement d'un peuple.
Roger Karoutchi et moi-même avons souhaité faire pression sur les autorités iraniennes. Nous avons formé un comité de parrainage constitué de 150 sénateurs, afin qu'Ahou Daryaei ne disparaisse pas à la suite de son arrestation. Nous demandons au président iranien sa libération.
L'ambassade de la République islamique d'Iran, à Paris, s'est fendue d'un communiqué de presse surnaturel pour refuser, au nom de Dieu, d'admettre la réalité. Elle a ainsi fait croire qu'Ahou Daryaei était atteinte de troubles mentaux et qu'il s'agissait d'un sujet secondaire.
Monsieur le ministre, vous avez tenu à saluer le courage de cette jeune femme, qui a commis là un acte de résistance et s'est hissée au rang d'icône.
Avez-vous des informations sur ce qui est advenu d'elle et avez-vous eu des contacts avec l'ambassade d'Iran ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et SER.)
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 14/11/2024
Réponse apportée en séance publique le 13/11/2024
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice, vous l'avez rappelé, des ténèbres obscurantistes dans lesquelles l'Iran est aujourd'hui plongé a surgi une icône du combat des femmes iraniennes.
Ce combat, c'est celui de Mahsa Amini, des centaines de femmes tuées dans la répression sanglante des manifestations par le régime, des milliers de femmes emprisonnées ou vivant dans la peur de la répression.
C'est bien sûr celui du mouvement « Femmes, vie, liberté », de toutes les femmes iraniennes qui aspirent légitimement à la liberté et à la dignité.
Ahou Daryaei est une icône de la défense des droits des femmes, partout où ils sont contestés : non seulement en Iran ou en Afghanistan,...
M. Stéphane Ravier. Chez nous aussi, dans nos banlieues ! Pas besoin d'aller en Iran ! (Exclamations sur les travées du groupe SER et CRCE-K.)
M. Jean-Noël Barrot, ministre. ... mais aussi dans tous les lieux où les ennemis de la liberté s'en prennent toujours à ces droits en premier.
Une icône pour toutes celles et tous ceux qui résistent à l'obscurantisme, parfois au péril de leur vie, qui défendent inlassablement les droits de l'homme, des femmes, et des enfants.
Cette icône, c'est bien Ahou Daryaei. Nous avons tous été frappés, bouleversés par son courage. La France est consternée par son arrestation brutale et préoccupée par les conditions de son internement présumé.
Sachez que l'ambassade de France à Téhéran a relayé nos messages d'inquiétude et de consternation auprès des autorités iraniennes. (M. François Patriat applaudit.)
M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour la réplique.
Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Vous n'avez pas totalement répondu à mes questions, monsieur le ministre. Je voudrais rappeler que la vague de protestations qui a fait suite à la mort de Mahsa Amini, en septembre 2022, n'a fait que s'amplifier.
Le régime des mollahs et le corps des gardiens de la révolution islamique ont exécuté, très majoritairement par pendaison, plus de 800 personnes en 2023, soit une augmentation de 172 % par rapport à 2021.
Compte tenu de l'explosion du nombre d'exécutions et de l'inauguration prochaine en Iran d'une nouvelle clinique psychiatrique pour traiter le problème du dévoilement chez les femmes, nos craintes sont légitimes concernant Ahou Daryaei.
Rendons hommage au courage de toutes ces femmes - Mahsa, Ahou et tant d'autres - qui se battent pour faire valoir leurs droits, sous un régime islamique qui veut les invisibiliser.
Trop de femmes sont victimes d'un véritable apartheid sexuel en Iran, comme en Afghanistan.
Il faut que la France fasse pression sur l'Iran, sans aucun état d'âme. Elle ne doit pas oublier Ahou et doit se tenir clairement aux côtés de ces femmes qui aspirent à une seule chose : la liberté. (Bravo ! et applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, INDEP, GEST, SER et CRCE-K.)
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