Question de M. ZIANE Adel (Seine-Saint-Denis - SER) publiée le 14/11/2024

Question posée en séance publique le 13/11/2024

M. le président. La parole est à M. Adel Ziane, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Adel Ziane. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale.

Le week-end dernier, Nicolas Sarkozy, ancien Président de la République, a une nouvelle fois fustigé les enseignants : ils seraient trop nombreux et leur temps de travail se réduirait à 24 heures hebdomadaires, six mois par an.

Dans un monde où les vérités alternatives progressent, j'y reviendrai, cette affirmation relèverait de l'ironie si la situation de l'école de la République n'était pas aussi catastrophique.

En 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy - certains d'entre vous siégeaient déjà à cette époque -, la révision générale des politiques publiques (RGPP) actait la suppression de 80 000 postes en cinq ans dans la seule éducation nationale.

On déplorait par ailleurs la fermeture des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).

Aujourd'hui encore, notre école paie le prix d'une diminution des postes et d'un affaiblissement de la formation.

Pourtant, nos enseignants poursuivent leur engagement sans faille au service de notre jeunesse. Contrairement aux chiffres factuellement faux qui ont été diffusés, ils travaillent en moyenne 43 heures par semaine, parfois 50 heures pour les plus jeunes, dans des classes souvent surchargées.

Enfin, ils sont frappés de paupérisation. : en début de carrière, ils ne touchent que 1,2 fois le Smic, contre trois fois dans les années 1980.

La ministre de l'éducation nationale a trop tardé à réagir aux propos de M. Sarkozy. Qu'est-il envisagé pour protéger les enseignants contre ce type de diatribes mensongères, qui non seulement favorisent la dégradation de leurs conditions de travail et des liens qui les unissent à la société, mais abîment aussi l'école de la République ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K. - Mme Mireille Jouve applaudit également.)

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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre de l'éducation nationale, chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel publiée le 14/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 13/11/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel.

M. Alexandre Portier, ministre délégué auprès de la ministre de l'éducation nationale, chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel. Monsieur le sénateur Ziane, quand je pense à nos enseignants, je vois, comme vous, tous ces visages qui ont jalonné nos parcours.

Je pense à ces instituteurs qui, à sept heures et quart du matin, préparent les dernières photocopies, peaufinent les activités du jour et accueillent de manière inconditionnelle tous les enfants, d'où qu'ils viennent. (Et donc ? sur les travées du groupe SER.)

On ne le dit pas assez, l'école est le premier service public de ce pays. C'est le premier lieu où, par définition, nos enfants vont apprendre ce qu'est le collectif, la Nation, la France.

Bien évidemment, les enseignants sont assurés du soutien inconditionnel de tout le Gouvernement, uni derrière Michel Barnier. (Marques d'agacement à gauche.)

Je veux le dire de façon très claire : je ne partage pas les propos que vous avez évoqués ; le soutien financier que nous apportons aux enseignants en est la meilleure illustration. (M. Rachid Temal s'exclame.)

En effet, alors que nous vivons un moment de contraintes budgétaires inédites, nous avons fait le choix de donner à l'école le budget le plus important de son histoire, soit 63 milliards d'euros.

Bien sûr, ce n'est jamais assez et nous pourrions encore faire mieux. En attendant, les moyens supplémentaires alloués à l'éducation nationale nous permettront d'en faire plus sur bien des aspects.

En particulier, nous pourrons réduire le nombre d'élèves par classe et mieux accueillir chacun de nos enfants. (Mmes Céline Brulin et Cathy Apourceau-Poly s'exclament.)

Nous pourrons aussi poursuivre la modernisation du lycée professionnel. Contrairement à certains propos que l'on peut parfois entendre çà et là, nous avons bel et bien ouvert des classes dans ces établissements à la rentrée et avons recruté des enseignants.

Nous serons également en mesure de mieux accueillir les enfants qui ont le plus de difficultés, notamment ceux qui souffrent de handicap. Il s'agit là d'un sujet sur lequel nous pouvons tous nous retrouver.

Quelque 2 500 emplois profiteront bientôt à l'ensemble de la communauté éducative. Les enseignants et les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) permettront, j'insiste, de mieux accueillir nos enfants.

Vous serez amenés dans quelques jours à discuter du budget. Vous pourrez ainsi formuler des propositions différentes (Exclamations et rires sur les travées des groupes SER et CRCE-K.),...

Mme Sylvie Robert. Nous n'y manquerons pas !

M. Alexandre Portier, ministre délégué. ... dire en quoi consiste votre vision de l'école et présenter les mesures que vous comptez prendre pour améliorer les choses. J'ai hâte que nous puissions en débattre ensemble. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - Mme Cécile Cukierman s'exclame.)

M. le président. La parole est à M. Adel Ziane, pour la réplique.

M. Adel Ziane. Nous vous remercions de ne pas reprendre les propos de Nicolas Sarkozy, monsieur le ministre. Soyez-en assuré, nous aurons énormément de propositions à vous faire.

J'aurais aimé entendre la ministre de l'éducation nationale sur ce sujet - il me semble qu'elle est à Paris en ce moment -, à deux titres.

D'abord sur la forme, car la priorité absolue est de faire en sorte qu'un professeur se tienne devant chaque classe. Or 15 millions d'heures de cours ne sont pas dispensées dans notre pays.

M. Olivier Paccaud. Eh oui !

M. Adel Ziane. L'annonce de l'acte II du « choc des savoirs » a été faite, alors que l'acte I n'a même pas été évalué et que 4 000 postes seront supprimés.

Ensuite, j'aurais souhaité entendre la ministre sur le fond. Durant la crise du covid-19, les agents de la fonction publique étaient loués pour leur abnégation. Ils se trouveront encore en première ligne, demain, pour redresser notre pays face à la crise économique et budgétaire qui va s'abattre sur nous.

Ils méritent mieux que les clichés éculés, alors que le ministre de la fonction publique, dans une forme de trumpisme à la française, n'a rien trouvé de plus judicieux que de s'acoquiner avec Elon Musk, ce matin, sur X, pour mépriser et provoquer les enseignants. (Vifs applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE-K. - M. le ministre de la fonction publique, de la simplification et de la transformation de l'action publique s'exclame.)

M. Hussein Bourgi. Arrêtez de dire n'importe quoi, monsieur Kasbarian !

M. Adel Ziane. Nous devons faire preuve de considération à l'égard des enseignants et reconnaître, dans la parole comme dans l'action politique, leur rôle et leur travail. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE-K.)

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