Question de Mme GUHL Antoinette (Paris - GEST) publiée le 14/11/2024
Question posée en séance publique le 13/11/2024
M. le président. La parole est à Mme Antoinette Guhl, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
Mme Antoinette Guhl. Madame la ministre du travail et de l'emploi, où en est la promesse de plein emploi du président Macron ? Où en est la réindustrialisation de la France, dont les gouvernements successifs se félicitent depuis 2017 ? Que dites-vous aux 1 254 salariés de Michelin en Maine-et-Loire et dans le Morbihan et aux 2 389 salariés d'Auchan dans les Hauts-de-France ? Leur dites-vous, à eux aussi, que c'est simple, qu'il suffit de traverser la rue pour trouver du travail ? (Murmures sur les travées du groupe RDPI.)
À ce mépris de classe s'ajoute une réalité aujourd'hui bien sombre : notre industrie va mal. Je pense aussi aux 1 700 emplois menacés chez Sanofi, dans l'Oise et le Calvados, ainsi qu'aux 228 salariés de Duralex, sauvés par leur reconversion en coopérative.
Votre gouvernement poursuit la politique délétère déjà en place depuis plusieurs années, avec 80 milliards d'euros d'allégements concédés pour les gros salaires et les grandes entreprises qui vont grever le budget de la sécurité sociale. Flexibilité de l'emploi, facilitation des licenciements : cela protège-t-il l'emploi ? Non. Cela protège-t-il l'industrie ? Non.
Pis, les gouvernements successifs ont, depuis 2017, dégradé les droits sociaux et pénalisé les chômeurs. Pour beaucoup, c'est la double peine. Il ne s'agit pas seulement de milliards d'euros, mais d'êtres humains qui peuplent notre pays et qui souffrent aujourd'hui autant qu'ils s'inquiètent de leur avenir et de leur famille. Étant née en Lorraine,...
M. Jean-François Husson. Très bien !
Mme Antoinette Guhl. ... je sais ce qu'est le regard d'un enfant qui ne verra plus ses parents travailler.
Victor Hugo disait : « Aidons, protégeons, secourons, avouons la faute publique et réparons-la. » Il disait encore : « C'est du droit de tous les faibles que se compose le devoir de tous les forts. »
Madame la ministre, comment le Gouvernement compte-t-il enfin réparer sa politique pour protéger l'emploi industriel et anticiper les mutations à venir, notamment la mutation écologique et la décarbonation de l'industrie, dont la France ne peut se passer ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)
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Réponse du Ministère du travail et de l'emploi publiée le 14/11/2024
Réponse apportée en séance publique le 13/11/2024
M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail et de l'emploi.
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du travail et de l'emploi. Madame la sénatrice Antoinette Guhl, j'aimerais rappeler à mon tour quelques chiffres. Depuis 2017, la création nette d'emplois industriels s'élève à 150 000, sur un total de 2,5 millions de créations.
M. François Patriat. Eh oui !
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Elle a raison !
Mme Astrid Panosyan-Bouvet, ministre. Pour notre tissu industriel, nous observons ainsi des créations après plus de trente ans de destructions. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Il convient donc de remettre les choses en perspective et de rappeler ce qui a pu marcher dans notre pays.
Mais vous avez raison, madame la sénatrice, les conditions économiques se durcissent, avec une accélération de la hausse du nombre de procédures collectives d'entreprises en difficulté. Cette situation est la conséquence, d'une part, de transformations structurelles au long cours dans certaines filières, qui touchent aujourd'hui l'automobile, la chimie ou la grande distribution et, d'autre part, de facteurs conjoncturels, dont le coût de l'énergie et le durcissement des barrières commerciales, en particulier chinoises, indiennes et américaines.
Toutes les réponses, je dis bien toutes les réponses, qu'elles viennent des ministères chargés de l'économie, de l'industrie, de l'écologie comme du travail, doivent être mobilisées, que ce soit sur le plan offensif ou défensif. (Ah ! sur les travées du groupe GEST.)
Sur la question de l'emploi, il s'agit aujourd'hui de changer de braquet quant aux solutions mobilisées, que ce soit l'activité partielle, les transitions écologiques ou les reconversions. Ces dernières doivent être largement simplifiées autour de dispositifs uniques - nous en discutons avec les partenaires sociaux.
Je pense aussi, ce qui peut vous intéresser, aux fonds de revitalisation, qui doivent être plus ciblés vers les départements en difficulté. Existent également des solutions d'avenir, rappelées par le ministre chargé de l'économie, autour de la bataille de la compétitivité, de la montée en gamme, de l'innovation, ou encore une réponse européenne ferme aux concurrents chinois et américains. Le ministre travaille également sur un plan pour la filière automobile au niveau européen, niveau pertinent pour répondre à ces questions.
Enfin, sur la décarbonation de l'industrie, que vous avez mentionnée, madame la sénatrice, le Gouvernement a déposé, ce matin même, un amendement très important, qui prévoit d'y consacrer 1,5 milliard d'euros.
Le combat offensif et défensif continue donc, mais n'oublions pas ce qui a été réalisé, notamment sur la création d'emplois industriels dans notre pays. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - M. Olivier Cadic applaudit également.)
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