Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 14/11/2024

Question posée en séance publique le 13/11/2024

M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour le groupe Les Indépendants - République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)

M. Claude Malhuret. « Quand tu es à 38 jours de perdre tes allocations » : ce post infâme du fils de Donald Trump sur Instagram, reprenant une photo de Volodymyr Zelensky, confirme toutes les craintes. L'Europe n'est qu'un acteur de second plan derrière les États-Unis dans un conflit qui, pourtant, se déroule sur son sol. Désormais en première ligne, elle ne s'y est pas préparée et n'a aucune stratégie globale.

Depuis des années, les Américains nous pressent de prendre une plus grande part du fardeau sécuritaire. Nous avons continué à croire que leur parapluie serait éternel : nous sommes aujourd'hui seuls ou presque face à des ennemis qui menacent nos projets, nos valeurs et, surtout, notre sécurité.

L'arrivée de 12 000 soldats nord-coréens en Europe, après le soutien massif de la Chine et de l'Iran, marque un tournant dans la guerre. La réaction de la France ? Convoquer le délégué général de Corée du Nord pour lui signifier « notre désapprobation ». Merci...

Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, au-delà des grandes phrases sur notre soutien indéfectible à l'Ukraine, je vous demande des réponses concrètes à des questions concrètes. Si les États-Unis et la Russie choisissent de négocier ensemble et par-dessus notre tête le dépeçage de l'Ukraine et l'avenir de l'Europe, comment comptons-nous réagir ? Si le retrait américain se confirme, avons-nous prévu d'accroître notre soutien à l'Ukraine, et par quels moyens ? Soutenez-vous l'engagement de Friedrich Merz, probable futur chancelier allemand, de permettre enfin à l'Ukraine de frapper les bases d'où partent les bombes qui détruisent le pays ? Enfin, quels sont les moyens et le calendrier pour refaire de l'Europe, après quarante ans de déni, la puissance militaire qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être ?

Il n'y a rien de plus dangereux que de croire que nous ne sommes pas en guerre contre des dictateurs qui le sont contre nous et qui le disent. Pourtant, depuis février 2022, nous avons consacré à la défense de l'Ukraine 2 euros, l'équivalent d'un café, par mois et par Français.

En 1939, Raymond Aron disait : « Je crois à la victoire finale des démocraties, mais à une condition, c'est qu'elles le veuillent. » Aujourd'hui, face aux dictateurs du XXIe siècle, voulons-nous vraiment cette victoire ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées des groupes RDPI, RDSE, UC, Les Républicains, GEST et SER.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 14/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 13/11/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le président Malhuret, mille jours après le début de son opération spéciale en Ukraine, Vladimir Poutine a lamentablement échoué à atteindre ses buts de guerre.

Il a sacrifié des centaines de milliers de vies russes dans une guerre dont l'intensité n'a pas de précédent dans notre histoire récente. Il s'est rendu coupable de faits de déportation d'enfants ukrainiens, qui lui valent un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, devenant le premier dirigeant d'un pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies à se trouver dans cette situation. Enfin, il a asphyxié son économie, qui est aujourd'hui au bord du gouffre, au point de l'amener à s'agenouiller devant la Corée du Nord pour tenter péniblement de chercher du renfort pour continuer à pilonner l'Ukraine.

Mille jours après le début de cette injustifiable guerre d'agression russe, je crois Donald Trump trop avisé pour abandonner les Ukrainiens en rase campagne. Ce serait avaliser la plus grande annexion territoriale de notre histoire depuis soixante-quinze ans. Ce serait consacrer la loi du plus fort et précipiter l'ordre international dans le chaos. Ce serait oublier qu'aucune paix juste et durable ne peut être conclue dans le dos des Ukrainiens et par-dessus la tête des Européens.

Parce que, mille jours après le début de la guerre, le soutien de la France et de l'Europe ne faiblira pas, quelles que soient les décisions de l'administration américaine. Dans quelques jours, les soldats ukrainiens formés et équipés sur notre territoire national gagneront le front. J'irai, avec Sébastien Lecornu et un certain nombre de parlementaires, leur rendre visite dès demain. Dans quelques semaines, les Ukrainiens recevront 50 milliards d'euros de la part des pays du G7, leurs alliés, financés par les revenus d'aubaine tirés des actifs russes gelés. Et dans quelques mois, ce seront les Mirage français qui voleront dans le ciel de l'Ukraine.

C'est aux Ukrainiens qu'il appartient de décider des conditions et du moment d'ouvrir des négociations de paix, et c'est la responsabilité de leurs alliés de leur permettre d'entrer dans ces négociations en position de force. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et UC. - M. Laurent Somon applaudit également.)

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