Question de M. LE GLEUT Ronan (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 07/11/2024

Question posée en séance publique le 06/11/2024

M. le président. La parole est à M. Ronan Le Gleut, pour le groupe Les Républicains.

M. Ronan Le Gleut. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

L'effroyable attaque terroriste du 7 octobre 2023 par le Hamas - rappelons-le, quarante-huit de nos compatriotes y ont péri - et la riposte d'Israël qui s'est ensuivie ont de lourdes conséquences en France, notamment dans les établissements d'enseignement supérieur. Depuis un an se multiplient des débordements étudiants qui conduisent parfois à des situations de blocage inacceptables. (Exclamations sur des travées du groupe GEST.)

Dans ce contexte, plusieurs étudiants de Sciences Po Paris provisoirement suspendus à la suite de dégradations ont été réintégrés il y a quelques jours.

De plus, nous avons appris la semaine dernière qu'une motion étudiante demandant la suspension d'un partenariat avec l'université israélienne Reichman de Herzliya avait été adoptée à l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg, malgré l'opposition du directeur de l'établissement.

Monsieur le ministre, vous avez dénoncé avec raison cette décision. Toutefois, les conséquences de ce type de boycott académique seront néfastes pour l'attractivité de notre enseignement supérieur et notre coopération internationale dans le domaine de la recherche.

Au Sénat, nous sommes attachés à la coopération universitaire européenne et internationale. Karine Daniel et moi-même l'avons d'ailleurs récemment rappelé dans notre rapport sur les universités européennes, rendu au nom de la commission des affaires européennes du Sénat.

Les partenariats internationaux des établissements d'enseignement supérieur constituent pour la France un bel outil de rayonnement intellectuel, scientifique et culturel dans le monde.

Toutefois, le comportement de certains étudiants, leurs dérives et leurs initiatives poussant à la suspension de partenariats internationaux pourraient dégrader l'image de notre enseignement supérieur et affaiblir le rayonnement international de la France.

Monsieur le ministre, quelles réponses apporterez-vous face à cette situation ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 07/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/11/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

M. Patrick Hetzel, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur Ronan Le Gleut, vous m'interrogez sur la motion adoptée par le conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg, sur une décision du président de Sciences Po Paris, et plus généralement sur les conséquences de telles initiatives sur le rayonnement de nos établissements à l'étranger.

En ce qui concerne Sciences Po Strasbourg, j'ai souhaité réagir sans délai pour condamner la décision du conseil d'administration. Je déplore qu'il ait adopté cette motion à des fins de prises de position politique. Il s'agit là d'un détournement du rôle premier de l'université qui, je l'ai déjà rappelé, est inacceptable.

En ce qui concerne Sciences Po Paris, j'ai indiqué dès ma prise de fonctions qu'il était impensable de revivre les tensions du printemps dernier. Le nouveau directeur de l'établissement a adopté des mesures strictes et inédites, qui marquent un tournant dans la gestion des incidents sur le campus concerné.

Les quatre étudiants exclus temporairement ont certes été réintégrés, mais après un dialogue très ferme et un avertissement clair sur les mesures qui seraient prises en cas de récidive. Je tiens à le rappeler, la section disciplinaire de Sciences Po Paris reste saisie de ces quatre cas, puisque c'est elle qui est compétente.

Enfin, mon engagement politique en faveur de nos établissements d'enseignement supérieur et de recherche est constant depuis des années. Il l'était lorsque j'étais député, il l'est resté - vous l'imaginez bien - une fois que je suis devenu ministre.

Cela fait trente ans que je me bats pour que nos établissements et notre recherche puissent rayonner et être attractifs à l'étranger. (Mme Laurence Rossignol s'exclame.) En tant que ministre, je ne cesserai de défendre l'image de nos universités, tant en France qu'à l'étranger. Monsieur le sénateur, je sais que vous êtes particulièrement animé par cette volonté, ainsi que le rapport sur les universités européennes que vous avez rendu récemment le montre clairement.

Il est impensable de confondre la liberté d'expression, qui doit être totale, avec l'instrumentalisation politique qui en est faite aujourd'hui sur certains campus.

M. le président. Il faut conclure !

M. Patrick Hetzel, ministre. Là encore, je n'aurai de cesse de combattre cette confusion et de rappeler l'impérieuse nécessité...

M. le président. Concluez, s'il vous plaît !

M. Patrick Hetzel, ministre. ... de respecter les règles du droit. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

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