Question de Mme BELLAMY Marie-Jeanne (Vienne - Les Républicains-A) publiée le 07/11/2024

Question posée en séance publique le 06/11/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Jeanne Bellamy, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Marie-Jeanne Bellamy. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Fusillades à Valence et à Rennes, bus incendiés, barbecue sauvage dans la métropole de Lyon, attaque à la hache dans le RER : de nombreux faits divers ont défrayé la chronique ces derniers temps. Nous assistons à une escalade inquiétante de la violence. Si ces violences se déroulaient traditionnellement dans les grandes métropoles, elles se propagent désormais à tous les territoires, jusqu'à toucher nos communes rurales.

Monsieur le ministre, pour mettre fin aux polémiques au sujet de la fusillade de Poitiers dans la nuit du 31 octobre, pourriez-vous nous éclairer quant au nombre précis de personnes présentes sur place lors de cet affrontement ?

Plus généralement, nous sommes nombreux à nous interroger sur les causes profondes de cette dégradation et sur les moyens de l'enrayer. Citoyens, élus locaux, nous ne pouvons plus assister impuissants à ce déferlement de haine et de violence. Le constater et le déplorer est une chose ; agir et le combattre en est une autre.

Quels moyens déploierez-vous pour rétablir la sécurité publique ? De quel arsenal pénal disposez-vous ? Comment aider les élus locaux à rassurer leurs administrés ?

Il faut stopper l'hémorragie et s'attaquer aux causes profondes. La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction. Monsieur le ministre, nous connaissons votre courage, et nous comptons sur votre détermination. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Frédérique Puissat. Bravo !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 07/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/11/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Marie-Jeanne Bellamy, je ne veux entrer dans aucune polémique au sujet des chiffres, parce qu'un adolescent de 15 ans est mort.

J'ai reçu deux rapports, l'un au petit matin, l'autre quelques heures plus tard, de la part des sapeurs-pompiers. Ils indiquaient que 400 à 500 personnes étaient présentes, une partie se livrant à des affrontements, lesquels ont gêné l'intervention des secours.

Mon combat n'est pas un combat statistique. Sous l'autorité du Premier ministre, avec le garde des sceaux, le combat que nous menons est dirigé contre la terrible pieuvre du narcotrafic.

Il doit mobiliser entièrement l'État et les collectivités territoriales, dans un continuum de sécurité. Il faut des caméras de vidéosurveillance, il faut des policiers municipaux - pour ma part, je pense que ces derniers doivent être armés sur le front de l'hyperviolence. (Murmures sur des travées des groupes SER, CRC-K et GEST.)

Vous m'interrogez sur les causes du mal. Elles sont profondes, et le mal vient de loin. J'en citerai deux.

La première, c'est que lorsque, en 1968, on a dit qu'il fallait « interdire d'interdire », on a fait beaucoup de mal à la société. Cette permissivité a fait beaucoup de mal. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Protestations sur les travées des groupes CRCE-K et SER.)

M. Pascal Savoldelli. Quel moralisme !

M. Bruno Retailleau, ministre. L'autre cause, c'est l'hyperindividualisation, qui exalte le moi, détruit les liens entre tous et affaiblit tous nos cadres communs, au point que de jeunes individus n'éprouvent même plus de sympathie les uns pour les autres, les bandes et les groupes étant structurés uniquement par une sorte de charisme de la violence.

Quelles sont les réponses ? Elles doivent d'abord être judiciaires et sécuritaires, notamment sur la violence, la petite délinquance, le narcotrafic. Le garde des sceaux et moi-même dévoilerons dans quelques jours notre arsenal, qui s'inspirera des recommandations du Sénat. J'espère d'ailleurs que le rapporteur et le président de la commission d'enquête sur le narcotrafic pourront se rendre à Marseille pour ce moment d'unité nationale.

Il y a aussi une autre réponse, culturelle et éducative.

M. le président. Il faut conclure !

M. Bruno Retailleau, ministre. Elle est fondamentale pour transmettre nos valeurs, pour transmettre aussi la grammaire commune de ce que nous sommes. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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