Question de M. BLEUNVEN Yves (Morbihan - UC) publiée le 07/11/2024

Question posée en séance publique le 06/11/2024

M. le président. La parole est à M. Yves Bleunven, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Yves Bleunven. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé de l'industrie.

L'annonce de la fermeture des usines Michelin de Vannes et de Cholet suscite une profonde inquiétude parmi les 1 254 salariés concernés. Ces employés, dont le savoir-faire et l'engagement contribuent à la renommée de l'entreprise, se retrouvent aujourd'hui dans une incertitude professionnelle totale.

Derrière les chiffres, il y a des familles, des parcours de vie et un patrimoine industriel local qui risque de disparaître ; mon collègue Emmanuel Capus l'a très bien expliqué tout à l'heure.

Que pouvons-nous faire pour que le même scénario ne se reproduise pas demain, que ce soit à Troyes, à Blavozy, en Haute-Loire, ou ailleurs en France ?

Aujourd'hui, c'est toute la filière automobile européenne qui est menacée de déclassement. En France, c'est Michelin, le leader mondial du pneu, qui chancelle. En Allemagne, c'est Volkswagen, constructeur emblématique et figure de proue de l'industrie, qui flanche. En Suède, c'est le fabricant de batteries Northvolt qui est au bord de la faillite.

En réalité, c'est l'ensemble de la filière automobile mondiale qui doit faire face aujourd'hui à une véritable révolution industrielle et à un changement radical de paradigme.

Dans ce contexte global, la compétitivité de la filière européenne est sérieusement en difficulté à cause d'une réglementation excessive, d'un coût de l'énergie élevé et d'une concurrence déloyale du mastodonte chinois.

Nous sommes à un tournant majeur de l'avenir de notre filière automobile. Il nous faut dès à présent préparer cette mutation si nous voulons empêcher la crise de remonter toute la chaîne de valeur. Cette phase de transition ne doit pas être une phase de déclin fatal.

Michelin s'est engagé à créer au moins autant d'emplois que ceux qui seront supprimés. Je le salue. Mais, plus globalement, il est urgent d'accompagner ces mutations inévitables.

M. le président. Il faut conclure !

M. Yves Bleunven. La mise en place d'un plan national de restructuration est nécessaire pour s'assurer que la transformation se fasse chez nous, en France, et pour préserver nos compétences, nos emplois, ainsi que notre souveraineté industrielle. (Marques d'impatience sur les travées des groupes SER et CRCE-K.)

M. le président. Il faut conclure !

M. Yves Bleunven. L'industrie automobile est-elle la prochaine sur la liste noire ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

- page 4769


Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé de l'industrie publiée le 07/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 06/11/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'industrie.

M. Marc Ferracci, ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé de l'industrie. Monsieur le sénateur, vous avez raison : notre filière automobile connaît des difficultés structurelles, qui touchent notamment les équipementiers. À Vannes, 300 emplois sont concernés ; près de 900 à Cholet.

Sur le site de Vannes se répercutent les difficultés que l'entreprise Michelin rencontre sur le marché des armatures métalliques. Entre 2018 et 2023, elle a perdu onze points de parts de marché.

L'entreprise doit faire face à deux défis extrêmement lourds.

Tout d'abord, elle doit affronter une compétition qui n'est pas toujours juste, en particulier celle que la Chine mène sur les véhicules électriques.

Elle doit aussi accompagner la transition du véhicule thermique vers le véhicule électrique.

M. Mickaël Vallet. Ce ne sont pas les éléments de langage de Michelin...

M. Marc Ferracci, ministre délégué. Face à cela, nous devons d'abord nous préoccuper d'accompagner les salariés en leur trouvant des solutions personnalisées, pour résoudre leurs problèmes de reclassement ou de reconversion et ouvrir des perspectives aux familles.

Nous devons également proposer des solutions plus structurelles qui, monsieur le sénateur, ne peuvent pas se concevoir à une autre dimension que celle de l'Europe.

Hier encore, je discutais à Berlin avec mon homologue allemand. Dans les prochaines semaines, le ministre Antoine Armand et moi-même proposerons un plan pour la filière automobile européenne. Ce plan sera un plan d'urgence, mais il comportera également des éléments structurels permettant de soutenir la demande, l'offre et les investissements, ainsi que des pistes pour revoir la conception de notre politique commerciale.

En effet, monsieur le sénateur, nous devons sortir d'une forme de naïveté à l'égard de certains concurrents comme la Chine, qui ne jouent pas avec les mêmes règles que nos constructeurs et nos équipementiers.

Dans les prochaines semaines, nous serons actifs à l'échelle européenne, et nous mettrons sur la table des propositions qui seront, je l'espère, soutenues par nos partenaires. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI ainsi que sur des travées du groupe UC.)

- page 4770

Page mise à jour le