Question de Mme BONNEFOY Nicole (Charente - SER) publiée le 24/10/2024
Mme Nicole Bonnefoy attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt sur les vives inquiétudes de la population du territoire de la grande plaine céréalière d'Aunis, près de La Rochelle, face à la recrudescence de cancers pédiatriques.
En effet, depuis une alerte du centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers en 2018 sur des cas de cancers pédiatriques dans la commune de Saint-Rogatien (2 400 habitants) et la mort l'année suivante de Pauline, une Rogatienne de 15 ans, l'inquiétude ne fait que se renforcer sur le territoire de la grande plaine céréalière d'Aunis, près de La Rochelle, à mesure que de nouveaux cas apparaissent.
Début octobre 2024, les familles de 72 enfants âgés de 3 à 17 ans vivant dans six communes de l'agglomération rochelaise ont découvert les résultats d'un « projet citoyen » imaginé et financé par l'association Avenir Santé Environnement fondée en 2018.
En avril 2024, les urines et mèches de cheveux ont été prélevées et analysées par un laboratoire public rattaché à un CHU.
Quatorze pesticides - et jusqu'à cinq par enfant - ont été détectées dans leurs urines qui n'en gardent la trace que quelques jours à peine. Les cheveux conservent, eux, la mémoire d'une exposition à ces produits durant plusieurs mois : 45 molécules y ont été retrouvées, jusqu'à 10 par enfant.
Parmi les substances identifiées : le pentachlorophénol (PCP), fongicide utilisé comme un agent de conservation du bois et désormais interdit. Il a été mesuré dans les urines chez près d'un enfant sur deux. Leurs cheveux ont révélé la présence du DEET - un répulsif contre les moustiques - dans plus de 86 % des analyses. Les pesticides à vocation agricole figurent aussi en bonne place comme le lindane, un insecticide et polluant persistant interdit en France depuis 1998, la pendiméthaline, un herbicide présent dans près de 20 % des prélèvements, ou encore le phtalimide agrégé à des fongicides comme le folpel régulièrement détecté dans l'air de la plaine d'Aunis.
L'interprétation toxicologique des résultats a été confiée à Laurence Huc, directrice de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae). La toxicologue attire l'attention sur la présence de plusieurs insecticides néonicotinoïdes interdits et en particulier de l'acétamipride, dont les effets neurotoxiques pour le développement du cerveau sont signalés depuis 2013 par l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Aussi, au regard de ces résultats très inquiétants qui sont loin d'être de nature à rassurer la population, elle souhaiterait savoir si le Gouvernement compte appliquer immédiatement le principe de précaution et proposer, comme le demande légitimement l'association Avenir Santé Environnement, un plan de sortie des pesticides de synthèse d'ici 2030.
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Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire
En attente de réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
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