Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE-K) publiée le 17/10/2024

M. Fabien Gay appelle l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé de l'industrie sur la décision du groupe Renault d'externaliser d'ici 2026 la production des motorisations hybrides des monoplaces de Formule 1, qui dépendait jusqu'alors d'une de ses filiales, nommée Alpine, dont le site est basé à Viry-Châtillon.

Cela mettrait un terme à la fabrication de ces moteurs sur le sol français, puisque le groupe entend la délocaliser en Angleterre, dans un site du groupe Mercédès.

Ce choix semble être motivé par une volonté de réduction des coûts et d'accroissement des marges pour le constructeur, au détriment des capacités d'innovation française et des emplois.

Une décision de court-terme incompréhensible alors que le constructeur connaît une pleine santé financière : en 2023 son résultat net s'élevait à 2,2 milliards d'euros, et son chiffre d'affaires a augmenté de 13,1 %.

L'usine de Viry-Châtillon, qui développe depuis près de 50 ans des moteurs de Formule 1 de renommée mondiale, a permis à Renault de remporter 12 titres de champion du monde, contribuant au rayonnement de l'excellence technologique française. Il restera dans l'histoire comme celui ayant mis au point le turbo-compresseur automobile qui contribue encore à accroître les rendements des moteurs thermiques, réduisant significativement les émissions de CO2.

Il apparaît donc que l'abandon de cette activité serait non seulement un désaveu de la capacité française à innover, mais aussi une perte définitive d'un savoir-faire national unique, qui bénéficiait, grâce aux grands prix, d'une audience annuelle de plus de 1,5 milliard de téléspectateurs.

Mettre fin à ces activités porterait donc un coup à la compétitivité et l'indépendance de l'industrie française, à rebours des orientations de nos concurrents allemands et anglais qui investissent 1,3 milliard d'euros pour disposer de l'infrastructure similaire à celle que le groupe Renault s'apprête à stopper.

Cette décision est également risquée dans un contexte de transition écologique nécessaire au secteur automobile, une fuite des cerveaux étant à craindre.

Bien évidemment, cette délocalisation aurait aussi un impact négatif sur l'emploi : le sort des 334 salariés et 150 prestataires du site est menacé, mais également le tissu national dans lequel s'insère le site de Viry-Châtillon, qui bénéficiait de 100 millions d'euros de retombées économique. Le site Mecachrome d'Aubigny-sur-Nère serait également en proie à des difficultés sociales si cette orientation venait à se confirmer.

Alors que le secteur industriel et technologique français n'a de cesse de se dégrader ces dernières années, des décisions politiques structurantes apparaissent plus que jamais essentielles.

Il aimerait donc savoir ce que le Gouvernement entend faire pour contraindre le groupe Renault à revenir sur sa décision de délocaliser l'activité du site de Viry-Châtillon

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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 16/01/2025

Le site de Viry-Chatillon est un site historique et emblématique pour l'industrie et le sport automobiles français, celui-ci ayant accompagné depuis 1977 les activités Formule 1 de Renault puis d'Alpine avec des innovations technologiques et l'obtention des 12 titres mondiaux de Renault (2 en tant qu'écurie et 10 en tant que constructeur). Le site emploie 350 ingénieurs dont 200 dédiés aux activités de F1. Il produit 10 à 15 moteurs F1 par an mais assure également d'autres activités notamment l'endurance et d'autres développements technologiques axés sur la haute performance des moteurs. En ce qui concerne les activités F1, ce site de développement moteur est complémentaire du site d'Enstone (UK) qui produit les châssis. Le 23 juillet 2024 le groupe Renault a annoncé l'arrêt de la production des moteurs Alpine F1 sur le site de Viry-Chatillon. Cette décision intervient dans un contexte où la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a annoncé qu'elle imposera à partir de 2026 une nouvelle réglementation contraignante et coûteuse pour les activités de F1 alors que la transition vers l'électrique nécessite des investissements importants du groupe. Après cette annonce, le groupe Renault a mis en place un plan d'avenir pour le site de Viry-Châtillon avec la création d'Hypertech Alpine, qui permettra de maintenir Viry-Châtillon en tant que centre de développement haute performance et de réemployer les salariés dévolus aux activités de F1 dans cette entité. Le site devrait ainsi être positionné sur des activités d'ingénierie ambitieuses dédiées aux moteurs électriques et hydrogène, aux batteries de haute performance, au développement de véhicules spécifiques. Le site sera amené à travailler notamment sur les projets suivants : - la future « Supercar » Alpine ; - des activités de R&D sur les cellules et nouvelles chimies de batteries ; - la poursuite des programmes WEC en Endurance et le Dakar. La mise en place d'une cellule de veille F1 pour maîtriser les évolutions techniques dans ce milieu est également prévue. La transformation du site est donc aujourd'hui engagée vers des activités d'ingénierie d'excellence et tournées vers des enjeux de transition écologique. Les services de l'État resteront attentifs à la mise en place de ce plan d'avenir pour le site de Viry-Châtillon. Depuis 2020 avec le plan de relance automobile, l'État s'est pleinement engagé pour soutenir la transition de la filière automobile française. L'État a prolongé ce soutien proactif dans le cadre du plan France 2030, doté d'un budget de 54 milliards d'euros, qui a permis de lancer plusieurs appels à projets pour soutenir les activités de recherche et développement et les activités d'industrialisation liées au le véhicule électrique. En 2023, l'appel à projets « Soutien aux projets d'investissements » pour le véhicule de demain a été ouvert aux sous-traitants et aux constructeurs de la filière automobile pour maintenir et relocaliser en France les infrastructures de production. Il a permis de soutenir 120 projets pour 315 Meuros d'aide et 1,5 Mdseuros d'investissements, à la suite d'un premier appel à projets qui avait déjà permis de soutenir 82 projets de sous-traitants à hauteur de 90 Meuros d'aides pour 380 Meuros d'investissements. L'appel à projets « CORAM » reconduit en 2024 soutient les projets de recherche et développement des constructeurs et des sous-traitants dans la filière automobile. L'ensemble des instruments mis en place grâce à France 2030 a créé un cadre de soutien exceptionnel pour renforcer la compétitivité des sites français et créer de l'emploi. Cette ambition se matérialise dans l'objectif France 2030 visant à produire 2 millions de véhicules électriques et hybrides Made in France d'ici 2030. Depuis l'annonce de cet objectif, les groupes Renault et Stellantis ont mis en production dans leurs sites français plus de 20 modèles de véhicules électriques et engagé la transition de leurs sites secondaires vers la production de composants électriques.

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