Question de M. LEMOYNE Jean-Baptiste (Yonne - RDPI) publiée le 24/10/2024

M. Jean-Baptiste Lemoyne attire l'attention de Mme la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation sur la nécessité de mieux prendre en compte l'impact pour le retraite de l'engagement des élus locaux, et en premier lieu des maires et adjoints comme des présidents et vice-présidents d'établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). En effet, l'exercice de ces fonctions exécutives requiert un temps croissant compte tenu à la fois de la technicité croissante des missions gérées par les élus du bloc communal et de la multiplication des réunions auxquelles ils doivent participer. Cela peut conduire à renoncer à tout ou partie d'une activité professionnelle ce qui a un impact sur la retraite des intéressés. Il est paradoxal que des élus qui font le choix de consacrer du temps à leur territoire et à leurs concitoyens soient pénalisés ! Alors que la crainte existe, dans certaines communes, de ne pas avoir assez de candidats pour les prochaines élections municipales de 2026, cette situation n'est pas de nature à encourager les vocations. Certes, des avancées ont été enregistrées, notamment avec l'article 23 de la n° 2023-270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 qui prévoit la possibilité pour un élu que son indemnité soit assujettie aux cotisations de la sécurité sociale ainsi que le rachat de trimestres au titre du passé. Il serait néanmoins utile et efficace d'aller plus loin en prévoyant une bonification de trimestres en s'inspirant des dispositions dont bénéficient les pompiers volontaires. Ces derniers ont ainsi une bonification de trois trimestres pour 10 ans d'ancienneté. Alors que le Premier ministre a annoncé vouloir corriger certaines limites de la loi de 2023 précitée sur les retraites, il souhaite donc savoir quand et comment le Gouvernement compte reprendre ce chantier pour compléter les dispositions en matière de retraite pour les élus locaux.

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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé de la ruralité, du commerce et de l'artisanat publiée le 06/11/2024

Réponse apportée en séance publique le 05/11/2024

M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, auteur de la question n° 142, adressée à Mme la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation.

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Madame la ministre, je souhaite appeler votre attention sur la nécessité de toujours mieux reconnaître l'engagement de nos concitoyens dans les fonctions de maire, d'adjoint au maire, de président ou de vice-président d'intercommunalité.

Parce que ces missions sont de plus en plus prenantes et exigent une technicité croissante, ces élus sont parfois contraints de renoncer de façon partielle ou totale à leur activité professionnelle. Ils s'en trouvent ensuite pénalisés, notamment en ce qui concerne leurs cotisations retraite.

C'est la raison pour laquelle nous sommes ici très attachés à la reconnaissance de cet engagement, qui pourrait prendre la forme d'une bonification - tant de trimestres pour x années de mandat -, sur le modèle de ce qui existe pour les pompiers volontaires.

C'est d'ailleurs l'une des recommandations du rapport sénatorial d'information relatif à la sortie de mandat des élus locaux, d'Agnès Canayer, Thierry Cozic et Gérard Lahellec, comme de la Convention nationale de la démocratie locale que votre prédécesseur a conduite. C'est également l'objet de l'article 3 de la proposition de loi portant création d'un statut de l'élu local que vous avez déposée lorsque vous étiez sénatrice et que nous avons adoptée ici même voilà quelques mois.

Alors que le Premier ministre vient d'appeler de ses voeux le réexamen de certains aspects de la réforme des retraites, ma question porte sur l'aboutissement de la disposition visant à bonifier la retraite des élus engagés, que nous avons votée : comment ce chantier aboutira-t-il et quand sera-t-il définitivement adopté ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Françoise Gatel, ministre déléguée auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargée de la ruralité, du commerce et de l'artisanat. Monsieur le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, je vous remercie de cette question qui porte sur un sujet extrêmement important, à quelques mois des prochaines élections municipales, et au regard des démissions et des difficultés à constituer des listes.

Plusieurs actions ont été menées sur l'initiative du Parlement comme du Gouvernement, qu'il s'agisse de la loi renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux, ou de la loi visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie, d'origine sénatoriale, que vous avez cosignée.

Vous avez à juste titre rappelé la création du mécanisme de bonification de retraite au bénéfice des sapeurs-pompiers, dont il faut se réjouir. Cela répond toutefois à une situation tout à fait particulière, dans la mesure où salariat et retraite se trouvent décorrélés, puisque cette bonification concerne des acteurs qui exercent un service à titre bénévole. Cela n'enlève rien à sa pertinence.

La situation des exécutifs locaux est un peu différente, parce que ces élus touchent des indemnités et payent des cotisations sociales. On a favorisé la possibilité d'accès à la retraite dans différentes lois de finances, puisque les élus locaux peuvent librement décider de s'assujettir aux cotisations de sécurité sociale, la collectivité devant automatiquement s'acquitter de la part patronale. Des améliorations ont d'ailleurs été apportées grâce au Sénat.

Différentes initiatives ont été prises concernant le statut de l'élu : une proposition de loi sénatoriale a été votée à l'unanimité ; une proposition de loi de l'Assemblée nationale a été déposée, mais attend d'être inscrite à l'ordre du jour des travaux ; l'exécutif mène depuis plus d'un an un certain nombre de réflexions.

Le Premier ministre souhaite que l'on avance sur ce que l'on appelle désormais le « statut de l'élu ». En la matière, le Gouvernement sera à l'initiative en reprenant probablement l'un des deux textes parlementaires. S'il s'agit de la proposition de loi sénatoriale - c'est sans doute ce vers quoi il tend, même si je ne peux rien affirmer encore -, qui contient cette disposition, il conviendra que celle-ci poursuive son parcours législatif.

M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour la réplique.

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Madame la ministre, je vous remercie de ces précisions sur les améliorations qui ont déjà été apportées et sur le travail qui reste à conduire.

Vous évoquez l'inscription à l'ordre du jour des travaux de l'un des deux textes d'initiative parlementaire. Nous souhaitons bien évidemment qu'il s'agisse de la proposition de loi sénatoriale, née de bonne source. (Sourires.)

J'espère que le calendrier parlementaire permettra au Gouvernement de l'inscrire sur son ordre du jour réservé pour s'assurer que cette disposition puisse voir le jour de façon définitive et être gravée dans le marbre de la loi. C'est, je crois, la reconnaissance que nous devons aux élus.

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