Question de M. VAYSSOUZE-FAURE Jean-Marc (Lot - SER) publiée le 10/10/2024
M. Jean-Marc Vayssouze-Faure attire l'attention de Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt au sujet de la crise traversée par la filière nucicole.
Le verger nucicole français, deuxième verger de France, traverse en effet une série de crises majeures, ses répercussions étant particulièrement préoccupantes dans le Lot.
Après trois décennies florissantes à l'échelle nationale, soutenues par une augmentation de la consommation et des échanges mondiaux, la saison 2022-2023 avait été marquée par des difficultés notables pour écouler les 50 000 tonnes de noix récoltées dans le département, dans un contexte plus global de surproduction mondiale, de chute des prix sur le marché et de concurrence internationale accrue (Europe de l'Est, Californie, Chili, etc.).
À la faveur du dispositif d'aide exceptionnel destiné à compenser les pertes de chiffre d'affaires pour les exploitations les plus touchées, le déblocage par l'État d'une aide de 10 millions d'euros avait alors été salué.
En 2024, en raison du gel du printemps qui a suivi la chaleur précoce du mois de mars, les producteurs de noix du Lot font face à de fortes pertes, ces dernières pouvant s'élever à deux-tiers, voire à 90 % de la production dans certaines exploitations. Cet épisode de gel survenu au mois d'avril 2024, après ceux de 2017 et 2021, déstabilise la profession, déjà fortement fragilisée.
Dans ce double contexte, à la fois marqué par les aléas climatiques et par la concurrence internationale accrue, il souhaiterait attirer l'attention du Gouvernement sur cette situation d'urgence, connaître les actions qu'il entend déployer pour sauver cette filière d'excellence qui contribue directement au dynamisme de l'économie locale et à notre souveraineté alimentaire et savoir quelles suites ont été et vont être données aux conclusions du rapport sur l'accompagnement de la structuration de la filière noix, publié en 2022 par le conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).
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Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire
Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 13/03/2025
La filière noix rencontre, depuis 2022, une crise de production (+ 40 % de volumes en 2022 par rapport à la moyenne quinquennale), qui est liée à une problématique structurelle résultant de l'augmentation de 42 % des surfaces de noyers depuis 10 ans. La difficulté des acteurs à gérer cette situation a été amplifiée par le fait que les aléas climatiques avaient jusqu'à présent masqué le potentiel de production des surfaces plantées, et que la concurrence des grands bassins de production internationaux a réduit les débouchés à l'export. La structuration de la filière au niveau national, permettant notamment une coordination entre les différents bassins de production, reste à construire à ce jour et n'a pas permis d'anticiper cette situation. En terme de consommation, le marché du snacking et des industries alimentaires est en croissance et tire ainsi la demande mondiale en cerneaux alors que la France produit et exporte essentiellement des noix coques. Enfin, le contexte inflationniste a inévitablement impacté la consommation de noix. Face à cette situation, le Gouvernement a rapidement réagi en mobilisant la réserve de crise agricole de l'Union européenne afin de financer une aide de crise à hauteur de 13 millions d'euros (Meuros) pour les producteurs de noix et de cerise (également confrontés à des difficultés économiques), instruite par FranceAgriMer et les directions départementales des territoires (et de la mer). Cette aide de crise visait à soutenir les producteurs face à la crise de la campagne 2022-2023. Ouvert le 31 octobre 2023, le dépôt des dossiers de demande d'aide a été clôturé le 27 novembre 2023. Ainsi, 388 dossiers noix ont été déposés pour un montant global de 8,7 Meuros. L'instruction des dossiers a permis un paiement de l'aide fin janvier 2024 à hauteur de 7,2 Meuros. Afin d'accompagner à plus long terme la filière noix, un rapport a été commandité au conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux. Publié en décembre 2023, il détaille des pistes d'action à plus long terme : coordination des producteurs au niveau national (via l'interprofession des fruits et légumes frais, Interfel, ou une association d'organisation de producteurs nationale), stratégie collective de promotion de la noix française et segmentation du marché, communication, recherche-expérimentation, développement des équipements de transformation pour développer de nouveaux débouchés Depuis le printemps 2024, sur la base de ce rapport, le ministère chargé de l'agriculture travaille ainsi activement avec les professionnels au renforcement de la structuration et de l'organisation de la filière. Cette structuration lui permettra ainsi accéder plus efficacement aux outils de promotion, d'expérimentation, de sensibilisation et de formation. Le plan de souveraineté fruits et légumes, politique prioritaire du Gouvernement, annoncé au salon international de l'agriculture le 1er mars 2023 constitue par ailleurs un outil majeur pour accompagner le développement de la nuciculture française. Ce plan dédié aux filières fruits et légumes permettra de favoriser sur la durée la sélection des variétés de plantes les plus résistantes face au changement climatique, le soutien à la recherche-expérimentation à l'échelle des territoires, l'accompagnement pour des équipements agricoles plus performants. La filière nucicole a pu ainsi bénéficier du dispositif de rénovation des vergers existant doté d'une enveloppe de 4 Meuros par an et abondée de 13 Meuros supplémentaires en 2024 dans le cadre de la planification écologique. En outre, la filière pouvait également émarger à un guichet dédié aux agroéquipements du verger, ouvert au deuxième semestre 2024 et doté d'une enveloppe de 7,7 Meuros. Plus récemment, la filière a présenté au cabinet de la ministre chargée de l'agriculture les grands axes d'une propositon de plan stratégique pluriannuel. Ces propositions sont en cours d'examen par les services du ministère en vue d'en préciser la faisabilité juridique et financière. Le Gouvernement est donc pleinement mobilisé pour accompagner cette filière.
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