Question de Mme HERZOG Christine (Moselle - UC-R) publiée le 24/10/2024
Mme Christine Herzog interroge M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur l'évolution des concours financiers de l'État aux collectivités territoriales. Les plafonds de dépenses prévisionnels du projet de loi de finance pour 2025 prévoient un montant de dotation globale de fonctionnement (DGF) identique à celui de l'année 2024 (27,2 milliards d'euros). Pourtant, les compétences déléguées par l'État aux collectivités territoriales ne cessent d'augmenter et l'exercice de ces compétences génère des coûts importants qui pèsent dans leur budget. Le désengagement de l'État dans le subventionnement de politiques locales et le financement de services publics locaux est un sujet d'inquiétude pour les élus. Pour rappel, la DGF a notamment pour finalité de compenser certains transferts de compétence. Entre 2014 et 2017, le montant de la DGF a fait l'objet d'une forte réduction (- 10,6 milliards d'euros au total). Elle a connu une période de stabilité entre 2018 et 2022 (autour de 27 milliards d'euros) et une revalorisation en 2023 et 2024 mais qui restait inférieure à l'inflation. La DGF occupe une place déterminante dans les recettes de certaines collectivités et son évolution annuelle a une réelle incidence sur les moyens dont elles peuvent disposer pour financer leurs dépenses de fonctionnement et d'investissement. Or, même dans un contexte d'augmentation globale de la DGF, les subventions et participations ont diminué pour les communes rurales (moins de 3 500 habitants), ce qui impacte sensiblement leurs finances car pour 43 % des communes, la DGF dépassait 20 % de leurs recettes de fonctionnement en 2023 d'après le rapport de la Cour des comptes publié sur le sujet en juin 2024. Ajoutées à cela, la suppression de la réserve parlementaire depuis 2017 et de la taxe d'habitation sur la résidence principale depuis 2023, l'augmentation du coût de l'énergie et de la masse salariale locale et la réduction de 60 % des crédits du fond vert prévue par le projet de loi de finances pour 2025, ont un impact trop lourd à supporter pour les petites communes. Ce fonds, mis en place en 2023 pour accompagner les collectivités territoriales dans le financement de la transition écologique, devrait en 2025 bénéficier d'une nouvelle enveloppe de seulement 1 milliard d'euros d'autorisations d'engagement pour lancer de nouveaux projets en 2025, alors que les crédits dédiés au fonds vert s'élevaient à 2,5 milliards d'euros dans la loi de finances pour 2024. Elle se demande si l'État va abandonner les collectivités pour le financement de leur politique environnementale locale et sollicite la réponse du ministre sur la trajectoire budgétaire des dotations de l'État aux collectivités territoriales pour l'année 2025.
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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé de la ruralité, du commerce et de l'artisanat publiée le 06/11/2024
Réponse apportée en séance publique le 05/11/2024
M. le président. La parole est à Mme Christine Herzog, auteure de la question n° 128, adressée à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mme Christine Herzog. Monsieur le président, madame la ministre, déléguée, mes chers collègues, le 2 octobre dernier, dans cet hémicycle, le Premier ministre a donné le cap économique de la France : essayer de faire beaucoup avec peu.
Je souhaite donc vous interroger sur la dotation globale de fonctionnement (DGF), essentielle à nos territoires et dont le sort me paraît incertain. Les plafonds de dépenses prévisionnelles de la loi de finances pour 2025 prévoient un montant de DGF identique à celui de 2024, soit 27,2 milliards d'euros. Or les compétences déléguées par l'État aux collectivités territoriales augmentent d'une année sur l'autre, ce qui alourdit leurs charges de fonctionnement et limite leurs capacités d'investissement. Cette situation de déséquilibre est un sujet d'inquiétude pour les élus.
Le désengagement de l'État depuis une décennie est indéniable. Entre 2014 et 2017, la DGF a été réduite de 10 milliards d'euros. Entre 2018 et 2022, son montant a stagné pour se fixer aux alentours de 27 milliards d'euros.
Pèsent aussi sur les comptes des collectivités : la suppression de la réserve parlementaire en 2017 et de la taxe d'habitation en 2023 ; l'explosion du coût de l'énergie et l'augmentation de la masse salariale ; la réduction du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA), avec une baisse du taux au 1er janvier prochain ; la réduction du fonds vert, amputé de 60 %, en 2025, ce qui contraint les collectivités territoriales à réévaluer leurs politiques environnementales à la baisse.
Madame la ministre déléguée, cela fait beaucoup, particulièrement pour nos communes rurales, qui sont les premières victimes de cette politique consistant à déléguer toujours plus et financer toujours moins. Le Premier ministre assurait pourtant, ici même, qu'il travaillerait avec les collectivités territoriales : « pas sans elles, pas contre elles ».
Ma question est simple : quelle est donc la trajectoire budgétaire du Gouvernement s'agissant de la DGF et, plus largement, des dotations aux collectivités territoriales en 2025 ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Françoise Gatel, ministre déléguée auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargée de la ruralité, du commerce et de l'artisanat. Madame la sénatrice, chère Christine Herzog, voilà une question d'actualité, mais le Parlement sera partie prenante à sa réponse puisqu'il reviendra très prochainement au Sénat d'examiner le projet de loi de finances pour 2025. Je ne doute pas de la sagesse dont il fera preuve, en même temps que du sens de la responsabilité qu'il manifestera en débattant du volet relatif aux collectivités territoriales.
Vous savez que la dette est le deuxième poste de dépenses de l'État, et qu'un État surendetté a le devoir de redresser ses finances pour avoir un avenir.
J'entends et je respecte les interrogations sur le financement des services publics : vous ne me verrez jamais critiquer les collectivités territoriales. Mais la pérennité de notre démocratie, de notre système de services publics, requiert absolument un redressement qui, naturellement, génère une contraction budgétaire, c'est-à-dire de vraies difficultés.
Il appartiendra au Parlement de formuler des propositions pour améliorer la copie qui lui sera soumise. Encore faut-il, évidemment, qu'il respecte la contrainte imposée ; mais je ne doute pas qu'il le fasse, avec responsabilité. En effet, si nous ne redressons pas le budget, nous risquons une crise financière. Je ne rappellerai pas les situations de ce type que certains pays d'Europe ont connues...
En tout cas, je rappelle que la DGF a été à peu près maintenue, et qu'elle l'est toujours. Si le fonds vert a été amputé, sa consommation effective en 2023 laisse penser que nous nous en sortirons avec les montants proposés.
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