Question de Mme DARCOS Laure (Essonne - Les Indépendants) publiée le 10/10/2024
Mme Laure Darcos appelle l'attention de Mme la ministre de la culture sur la situation du spectacle vivant public.
Les structures culturelles appréhendent fortement une diminution du soutien du ministère de la culture dans le contexte de réduction des déficits publics qui prévaut. L'augmentation généralisée de leurs coûts fixes à la suite de la crise énergétique s'était traduite par une réduction de leurs marges artistiques. Le désengagement partiel de l'État risque de fragiliser davantage l'ensemble de la filière et de compromettre durablement ses activités de création, de diffusion et d'animation culturelle des territoires. L'augmentation du prix des billets est exclue dans la mesure où elle aura un impact très significatif sur la fréquentation et l'accès à l'offre culturelle avec, notamment, l'éviction des publics issus de milieux sociaux modestes ou défavorisés. Particulièrement attentive aux difficultés rencontrées par les entreprises artistiques et culturelles, elle lui demande de bien vouloir lui préciser les actions qu'elle entend engager afin de pérenniser les aides qui leur sont allouées, de telle sorte que le spectacle vivant public reste accessible à toutes et à tous.
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Réponse du Ministère de la culture publiée le 21/11/2024
Le spectacle vivant public fait en effet l'objet de difficultés importantes, essentiellement liées à la forte hausse de l'inflation liée à la guerre en Ukraine. Alors que, après la crise sanitaire, les publics ont retrouvé le chemin des salles, alimentant des taux de fréquentation au plus haut, les charges des établissements de spectacle vivant ont fortement augmenté, notamment en ce qui concerne les dépenses énergétiques (qui prennent une place importante dans leur budget), mais aussi les dépenses de transport, d'hôtellerie et de restauration, inhérentes au déplacement des artistes. Bien que n'ayant pas suivi le rythme de l'inflation, les dépenses de personnel ont également augmenté, pesant sur les budgets. Les recettes de ces établissements sont, de leur côté, très rigides, car constituées très majoritairement (de 60 à 80 % le plus souvent) de subventions. L'ajustement par les prix est donc marginal puisque les recettes de billetterie ne couvrent que 20 à 40 % des dépenses). Si ce levier est et doit être activé dès que possible, il convient de prendre garde à ce que l'amplitude des tarifs permette l'accès du plus grand nombre aux pratiques culturelles, à un moment où les ménages sont parfois contraints de renoncer à leurs dépenses de loisirs pour faire face à la baisse de leur pouvoir d'achat. Les subventions des collectivités locales ont eu tendance à stagner, voire à diminuer. Face à cette situation, l'État n'a aucunement failli, au contraire, et a constamment augmenté son soutien aux structures de spectacle vivant, notamment celles suivies par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). En effet, entre 2019 et le 2024 (projets de loi de finances), les crédits de fonctionnement destinés au financement du spectacle vivant sur les territoires ont augmenté de 91,8 millions d'euros, passant de 313,1 millions d'euros à 404,9 millions d'euros, ce qui représente une hausse de 29,3 %. Cette somme se répartit notamment entre les nouvelles aides aux festivals (+ 12 millions d'euros), les mesures nouvelles attribuées aux équipes artistiques (+ 13,6 millions d'euros), les lieux de production et de diffusion du spectacle vivant (+ 41,8 millions d'euros), et le plan « Mieux Produire, mieux diffuser » (+ 9 millions d'euros). Par ailleurs, la mise en place du Fonds national pour l'emploi dans le spectacle en soutien à l'emploi artistique du spectacle vivant (52 millions d'euros d'aides versées en 2023), ainsi que la prolongation du crédit d'impôt spectacle vivant (36 millions d'euros consommés en 2023) et son élargissement au théâtre puis au cirque constituent une aide déterminante au secteur. Les annulations de crédits opérées sur le programme 131 - création en cours de gestion 2024 n'ont pas été imputées sur les crédits en DRAC, mais uniquement sur les crédits en administration centrale : pas un euro du soutien de l'État n'a manqué sur les territoires. Au contraire, en 2024, les crédits du plan ruralité ou des compléments en gestion se sont ajoutés aux crédits votés au projet de loi de finances pour 2024. Pour 2025, les crédits du programme 131 demeurent stables, et tous les crédits supplémentaires attribués en 2024 (crédits en faveur des scènes de musiques actuelles, des festivals ou du plan « Mieux produire, mieux diffuser ») sont consolidés.
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