Question de M. CHAUVET Patrick (Seine-Maritime - UC) publiée le 10/10/2024
M. Patrick Chauvet attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur une décision stratégique imminente que le groupe Renault, dont Alpine est une filiale, s'apprête à prendre.
En effet, la direction envisage de confier dès 2026, la motorisation hybride de nos monoplaces de Formule 1 au groupe Mercedes basé en Angleterre, mettant ainsi fin à la fabrication des moteurs F1 en France, sur le site historique de Viry-Châtillon.
Fleuron de notre industrie nationale, l'usine de Viry-Châtillon contribue aux développements des batteries, des moteurs électriques, thermiques et hydrogènes qui ne se limitent pas au secteur de l'automobile mais aussi à l'aéronautique, l'énergie et la défense.
Elle conçoit et fabrique depuis près de 50 ans des moteurs de Formule 1 de renommée mondiale qui ont permis à Renault de remporter 12 titres de champion du monde et de contribuer au rayonnement de l'excellence technologique française au même titre que des programmes comme Ariane ou le TGV.
Cette capacité à concourir en Formule 1 est retransmise chaque week-end de Grand Prix devant une audience annuelle de plus de 1,5 milliard de téléspectateurs.
Abandonner cette activité serait une perte définitive d'un savoir-faire national irrécupérable pour l'industrie française, à un moment où nos concurrents investissent en masse pour disposer d'une infrastructure similaire à celle que le Groupe Renault s'apprête à supprimer.
Dans le contexte de transition écologique du secteur automobile, cultiver et attirer les compétences de pointe est un impératif. Prendre le risque d'un arrêt du programme formule 1 c'est voir certains de nos meilleurs ingénieurs quitter le pays et affaiblir ainsi notre indépendance technologique.
L'engagement français en formule 1 stimule une filière sportive de 2,9 milliards d'euros. Nos champions, Prost, Loeb, Ogier, nos grandes courses, les 24h du Mans, Le Grand Prix de France, nos constructeurs, Renault, Peugeot, Citroën rayonnent à l'international et contribuent à la construction de notre patrimoine.
Aujourd'hui, ce rayonnement mondial et cet héritage français sont en danger car Renault est sur le point de valider cette transformation.
Il lui demande de bien vouloir lui indiquer sa positon.
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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 16/01/2025
Le site de Viry-Châtillon est un site historique et emblématique pour l'industrie et le sport automobiles français, celui-ci ayant accompagné depuis 1977 les activités Formule 1 de Renault puis d'Alpine avec des innovations technologiques et l'obtention des 12 titres mondiaux de Renault (2 en tant qu'écurie et 10 en tant que constructeur). Le site emploie 350 ingénieurs dont 200 dédiés aux activités de F1. Il produit 10 à 15 moteurs F1 par an mais assure également d'autres activités notamment l'endurance et d'autres développements technologiques axés sur la haute performance des moteurs. En ce qui concerne les activités F1, ce site de développement moteur est complémentaire du site d'Enstone (UK) qui produit les châssis. Le 23 juillet 2024 le groupe Renault a annoncé l'arrêt de la production des moteurs Alpine F1 sur le site de Viry-Châtillon. Cette décision intervient dans un contexte où la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a annoncé qu'elle imposera à partir de 2026 une nouvelle réglementation contraignante et coûteuse pour les activités de F1 alors que la transition vers l'électrique nécessite des investissements importants du groupe. Après cette annonce, le groupe Renault a mis en place un plan d'avenir pour le site de Viry- Châtillon avec la création d'Hypertech Alpine, qui permettra de maintenir Viry-Châtillon en tant que centre de développement haute performance et de réemployer les salariés dévolus aux activités de F1 dans cette entité. Le site devrait ainsi être positionné sur des activités d'ingénierie ambitieuses dédiées aux moteurs électriques et hydrogène, aux batteries de haute performance, au développement de véhicules spécifiques. Le site sera amené à travailler notamment sur les projets suivants : - la future « Supercar » Alpine ; - des activités de R&D sur les cellules et nouvelles chimies de batteries ; - la poursuite des programmes WEC en Endurance et le Dakar. La mise en place d'une cellule de veille F1 pour maîtriser les évolutions techniques dans ce milieu est également prévue. La transformation du site est donc aujourd'hui engagée vers des activités d'ingénierie d'excellence et tournées vers des enjeux de transition écologique. Les services de l'État resteront attentifs à la mise en place de ce plan d'avenir pour le site de Viry-Châtillon. Depuis 2020 avec le Plan de relance automobile, l'État s'est pleinement engagé pour soutenir la transition de la filière automobile française. L'État a prolongé ce soutien proactif dans le cadre du plan France 2030, doté d'un budget de 54 milliards d'euros, qui a permis de lancer plusieurs appels à projets pour soutenir les activités de recherche et développement et les activités d'industrialisation liées au le véhicule électrique. En 2023, l'appel à projets « Soutien aux projets d'investissements » pour le véhicule de demain a été ouvert aux sous-traitants et aux constructeurs de la filière automobile pour maintenir et relocaliser en France les infrastructures de production. Il a permis de soutenir 120 projets pour 315 Meuros d'aide et 1,5 Mdseuros d'investissements, à la suite d'un premier appel à projets qui avait déjà permis de soutenir 82 projets de sous-traitants à hauteur de 90 Meuros d'aides pour 380 Meuros d'investissements. L'appel à projets « CORAM » reconduit en 2024 soutient les projets de recherche et développement des constructeurs et des sous-traitants dans la filière automobile. L'ensemble des instruments mis en place grâce à France 2030 a créé un cadre de soutien exceptionnel pour renforcer la compétitivité des sites français et créer de l'emploi. Cette ambition se matérialise dans l'objectif France 2030 visant à produire 2 millions de véhicules électriques et hybrides Made in France d'ici 2030. Depuis l'annonce de cet objectif, les groupes Renault et Stellantis ont mis en production dans leurs sites français plus de 20 modèles de véhicules électriques et engagé la transition de leurs sites secondaires vers la production de composants électriques.
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