Question de Mme AESCHLIMANN Marie-Do (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 17/10/2024

Mme Marie-Do Aeschlimann attire l'attention de Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur la mise en oeuvre de la campagne nationale de vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) dans les collèges. Les papillomavirus sont une famille de virus transmissibles essentiellement lors de contacts sexuels, dont les infections sont très fréquentes, 8 personnes sur 10 étant exposées à ce virus durant leur vie. Elles causent, chaque année, environ 6 300 nouveaux cas de cancers dans notre pays. Le plus fréquent est le cancer du col de l'utérus chez la femme (3 000 cas par an dont 1 000 décès), mais les hommes sont également touchés (1 cas sur 3) avec des cancers notamment de l'oropharynx (gorge) et de l'anus.
La vaccination contre le papillomavirus couvre 90 % des infections à l'origine de cancers. Elle doit être faite avant le début de la vie sexuelle pour une efficacité proche de 100 %, d'où la recommandation d'une vaccination pour l'ensemble des filles et des garçons âgés de 11 à 14 ans avec un schéma à 2 doses. Pour la première fois, à l'occasion de l'année scolaire 2023-2024, la vaccination des élèves de classe de cinquième a été proposée dans tous les collèges publics et dans tous les collèges privés volontaires. Or, alors que l'objectif de cette première campagne était de vacciner 30 % des 800 000 collégiens, le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention a annoncé en mars 2024 que « 117 000 collégiens de 5ème sont vaccinés », soit à peine 15 % d'entre eux ; en Île-de-France, le taux de vaccination n'atteint que 12,8 %. Ces résultats restent très éloignés de l'objectif d'un taux de couverture vaccinale de 80 % à horizon 2030, conformément à la stratégie décennale de lutte contre les cancers. En outre, cette première campagne aurait montré des disparités importantes en fonction des typologies de collèges et des régions. C'est le cas notamment des collèges REP et REP+ d'une part, et des territoires ultramarins d'autre part, qui affichent des taux de couverture vaccinale deux fois plus faibles que la moyenne nationale. Elle souhaiterait connaître les freins et les difficultés susceptibles d'expliquer les résultats décevants de cette première campagne de vaccination ainsi que les mesures envisagées pour améliorer la couverture vaccinale des collégiens sur l'ensemble du territoire.

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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre des solidarités, de l'autonomie et de l'égalité entre les femmes et les hommes, chargé des personnes en situation de handicap publiée le 23/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 22/10/2024

M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, auteure de la question n° 112, adressée à Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins.

Mme Marie-Do Aeschlimann. Madame la ministre, ma question porte sur l'efficacité de la politique de prévention des cancers par la vaccination des jeunes.

La deuxième campagne nationale de vaccination scolaire contre les infections à papillomavirus humains (HPV) est en cours de déploiement dans les collèges publics et les collèges privés volontaires.

La vaccination des jeunes contre le HPV est importante, car elle permet de prévenir 90 % des infections à l'origine d'un cancer au cours de la vie. Son efficacité est proche de 100 % lorsqu'elle est réalisée avant le début de la vie sexuelle. Elle est organisée au sein même de l'établissement scolaire et proposée aux élèves de cinquième lorsque leurs parents y ont consenti.

Bien qu'elle soit en progression, la précédente campagne vaccinale n'a pas atteint son objectif, à savoir vacciner 30 % des 800 000 élèves de cinquième. En effet, votre prédécesseur a annoncé, en mars 2024, que 117 000 élèves, c'est-à-dire 15 % de la cible, étaient vaccinés.

Par ailleurs, cette première campagne a mis en évidence des disparités importantes. Les taux de vaccination se sont révélés plus faibles dans les collèges en réseaux d'éducation prioritaire (REP) et REP+ et dans les territoires ultramarins, mais aussi en Île-de-France, où le niveau de vaccination a atteint à peine 13 %.

Dans le département des Hauts-de-Seine, des différences significatives sont constatées d'une commune à l'autre.

Malgré les efforts déployés par les équipes éducatives, en lien avec les agences régionales de santé (ARS) et les services départementaux de médecine scolaire, des difficultés persistent.

Madame la ministre, pouvez-vous nous indiquer si les freins expliquant les résultats décevants de cette première campagne vaccinale ont été identifiés ? Et quelles mesures sont-elles prévues pour améliorer l'information et la couverture vaccinale des collégiens sur l'ensemble du territoire, en particulier partout où elle est entravée ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités, de l'autonomie et de l'égalité entre les femmes et les hommes, chargée des personnes en situation de handicap. Madame la sénatrice Aeschlimann, la prévention est une priorité du Gouvernement : la vaccination en est l'un des meilleurs outils.

Comme vous le soulignez, la vaccination contre le papillomavirus couvre 90 % des infections à l'origine de cancers ; c'est une vaccination sûre, les données produites par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) le montrent.

C'est dans ce cadre que la première campagne de vaccination contre les HPV dans les collèges publics et privés volontaires a été lancée pendant l'année scolaire 2023-2024. Les résultats sont encourageants. C'est donc un succès d'avoir déployé cette campagne. Agir au sein des collèges est un facteur-clé en matière de stratégie préventive.

Cette campagne a aussi permis d'évoquer les risques de cancers liés aux HPV et d'informer les jeunes, ainsi que leurs parents, sur l'importance d'être vacciné jeune, avant toute exposition aux HPV.

Elle a entraîné une forte dynamique de vaccination en ville, avec une hausse de 20 % en 2023 par rapport à 2022. Au total, plus de 400 000 adolescents, âgés de 12 ans en 2023, ont reçu au moins une dose de vaccin contre les HPV, représentant 48 % de cette tranche d'âge - soit une augmentation considérable de 17 points de la couverture vaccinale.

Vous avez raison, nous avons encore des efforts à fournir pour atteindre notre objectif de vacciner 80 % d'une tranche d'âge d'ici à 2030, afin d'éradiquer les cancers liés aux HPV.

C'est pourquoi une nouvelle campagne de vaccination des élèves de cinquième a été lancée lors de la rentrée scolaire 2024-2025 dans les collèges. Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, 75 millions d'euros seront mobilisés en faveur de cette campagne en 2025.

Avec les retours d'expérience de la première campagne, des améliorations ont été apportées - séances d'information et de sensibilisation des élèves de sixième, envoi d'un courrier d'information aux parents dès le mois de juin...

Cette nouvelle campagne représente l'occasion d'aller vers les populations insuffisamment vaccinées en leur offrant une vaccination gratuite, sûre et efficace. Nous y consacrerons les moyens nécessaires.

Sachez, madame la sénatrice, que le ministère de la santé et ses services sont tout à fait mobilisés sur ce sujet.

M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour la réplique.

Mme Marie-Do Aeschlimann. Madame la ministre, je vous remercie de ses efforts. Souhaitons qu'ils portent leurs fruits !

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