Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 03/10/2024

Mme Catherine Dumas attire l'attention de Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur la situation de la France dans la lutte contre le cancer du sein.

Elle fait référence aux dernières données publiées par le centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui indique que le taux d'incidence standardisé du cancer du sein pour 100 000 habitants, par pays, en 2022, s'établit à 105,4 cas en France.

Elle note que cette statistique dépasse les chiffres recensés ailleurs dans le monde et fait de la France le pays au taux d'incidence le plus élevé.

Elle constate que les professionnels de santé écartent le « sur-dépistage » comme facteur potentiel, mais n'apporte pas pour autant d'autres explications précises à ce mauvais classement français.

Elle souhaite donc savoir si le Gouvernement entend mener une enquête plus approfondie sur l'origine de cette situation française peu favorable en prévention sanitaire.

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Transmise au Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins


Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 30/01/2025

La prévention des cancers est une thématique majeure pour le ministère chargé de la santé. Le nombre de nouveaux cas de cancer du sein est estimé à environ 61 000 pour l'année 2023, ce qui situe la France parmi les pays d'Europe et du monde ayant une incidence du cancer du sein la plus élevée. Cette incidence plus élevée s'observe principalement pour les femmes les plus jeunes, soit avant 50 ans. Le ministère a sollicité des éléments d'analyse de cette situation auprès de l'agence nationale de santé publique et de l'institut national du cancer. Les facteurs de risque du cancer du sein identifiés sont nombreux. Parmi ces nombreux facteurs de risque, aucun ne semble avoir un poids prépondérant dans le fardeau de cette maladie. Pour la France, les facteurs de risque connus sont liés pour une grande part aux habitudes de vie (tabac, alcool, alimentation défavorable à la santé, surpoids, sédentarité), aux expositions hormonales et à l'histoire reproductive (âge à la puberté, nombre d'enfants, âge au premier enfant, allaitement, traitement hormonal), et pour une part plus faible aux expositions environnementales ou professionnelles (pollution, travail de nuit, exposition aux radiations). On estime également qu'environ 10 % des cancers du sein sont d'origine génétique. La détection précoce joue un rôle dans l'estimation du nombre de cas de cancer, en particulier concernant l'âge au diagnostic. En France, on observe un faible recours au dépistage dans le cadre du dépistage organisé, soit environ 50 % de participation. Il faut y ajouter 10 % de dépistage spontané, ce qui, en faisant la somme des deux, situe la France dans la moyenne des pays européens en termes de recours au dépistage dans la tranche d'âge cible (50-74 ans). Environ 36 % des femmes commencent un dépistage entre 40 et 49 ans, soit en dehors des recommandations. Par ailleurs, des protocoles de surveillance très précis et tôt dans la vie sont mis en place en France pour permettre une détection précoce des femmes jeunes, et en particulier des femmes à haut risque, comme les femmes porteuses de mutations génétiques. Les habitudes de vie et la détection précoce pourraient en partie expliquer une incidence élevée du cancer du sein chez la femme jeune en France, en comparaison avec les autres pays européens. Des travaux internationaux d'épidémiologie comparant les incidences et les niveaux d'exposition des facteurs de risque sont nécessaires pour apporter des éléments supplémentaires.

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