Question de M. FARGEOT Daniel (Val-d'Oise - UC) publiée le 10/10/2024

M. Daniel Fargeot appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les difficultés rencontrées par les polices municipales pour accéder aux fichiers nécessaires pour les contrôles routiers. Depuis le 1er avril 2024, l'attestation d'assurance automobile a été supprimée. Cette mesure de dématérialisation et de simplification, bien que soutenue par le législateur, ne modifie pas l'obligation d'assurance. Ainsi, la disparition du document papier n'entrave pas la capacité des forces de l'ordre à réaliser les vérifications usuelles durant les contrôles routiers. Sur le terrain, les agents de la police nationale et de la gendarmerie nationale ont la possibilité de consulter en temps réel le fichier des véhicules assurés (FVA) et de sanctionner les conducteurs en infraction.
Cependant, cette suppression rend plus ardues les missions des polices municipales. En effet, privés d'accès au fichier des véhicules assurés par décision du Conseil constitutionnel, en mai 2021, les policiers municipaux doivent impérativement solliciter les services de l'État pour accéder à ces informations. Lorsqu'ils contactent le commissariat ou la gendarmerie, la réponse n'est pas toujours immédiate et dépend de l'activité et de la charge de travail du moment. Ces délais peuvent nuire à l'efficacité de leurs interventions sur le terrain, et peuvent même se solder par un refus de transmission de l'information. Actuellement, les policiers municipaux s'adaptent en utilisant le FVA accessible aux particuliers, à condition que le conducteur puisse présenter le certificat d'immatriculation du véhicule. Comme pour les particuliers, l'interrogation du FVA exige impérativement le numéro d'immatriculation du véhicule et le numéro de la carte grise. Cette situation est également problématique pour le contrôle de l'assurance d'un véhicule stationné, qui n'affiche plus désormais de certificat visible. En conséquence, les vérifications pourraient devenir moins systématiques, alors que la conduite sans assurance est déjà un problème majeur et fréquent. De plus, les difficultés d'accès aux fichiers nationaux ne se limitent pas au FVA pour les forces de police municipale. Elles concernent d'autres bases de données telles que le système d'immatriculation des véhicules (SIV) et le système national des permis de conduire (SNPC). Ces bases de données ne sont accessibles pour les policiers municipaux que moyennant l'achat d'une clé d'accès sécurisée. Cette clé, nominative et utilisable uniquement par son détenteur via un ordinateur, implique un coût élevé et une nécessité de renouvellement périodique, engendrant des frais supplémentaires pour la collectivité. De plus, elle offre un accès limité aux informations. Par exemple, pour le SIV, les policiers municipaux ne reçoivent que les mêmes informations que les garages automobiles, à savoir uniquement le nom du propriétaire du véhicule. Il lui demande donc d'examiner les solutions possibles pour faciliter les contrôles routiers effectués par les polices municipales, dont les actions sont essentielles et complémentaires à celles de la police nationale et de la gendarmerie.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations publiée le 23/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 22/10/2024

M. le président. La parole est à M. Daniel Fargeot, auteur de la question n° 092, adressée à M. le ministre de l'intérieur.

M. Daniel Fargeot. Monsieur le secrétaire d'État, depuis la suppression de l'attestation d'assurance automobile, le 1er avril dernier, les polices municipales rencontrent de sérieuses difficultés dans l'exercice de leur mission.

Privés d'accès au fichier des véhicules assurés (FVA) par une décision du Conseil constitutionnel de 2021, les policiers municipaux sont dépendants des services de l'État pour obtenir ces informations. Lorsqu'ils contactent le commissariat ou la gendarmerie, la réponse n'est pas toujours immédiate, ni même garantie. Elle dépend bien évidemment de l'activité et de la charge de travail du moment, ce qui nuit nécessairement à l'efficacité de leur intervention.

Monsieur le secrétaire d'État, notre mission de fabrique de la loi consiste à rendre opérable la loi sur le terrain. Je vais donc prendre deux exemples concrets.

Premier exemple : lors d'un contrôle routier après constat d'une infraction, le conducteur ne présente pas son certificat d'immatriculation. Dans ce cas, l'agent de police municipale ne peut même pas utiliser par défaut le FVA, accessible aux particuliers.

Deuxième exemple : aujourd'hui, il est impossible pour un policier municipal de contrôler l'assurance d'un véhicule stationné.

Je vous alerte également sur la complexité, et les importantes charges afférentes, de l'accès à d'autres bases de données telles que le système d'immatriculation des véhicules (SIV) et le système national des permis de conduire (SNPC). En ce qui concerne le SIV, par exemple, les policiers municipaux ne reçoivent que des informations limitées, les mêmes que celles qui sont accessibles aux garages automobiles.

Les polices municipales et les maires qui les supervisent jouent un rôle essentiel dans le continuum de sécurité. Pour être pleinement efficaces, ils ont besoin de moyens adaptés.

Simplifier les démarches, oui évidemment ; mais alors, pour toutes nos forces de l'ordre en vue d'une meilleure efficacité opérationnelle !

Monsieur le secrétaire d'État, dans un contexte où le besoin d'ordre et de respect des règles élémentaires est grandissant, où les maires sont des acteurs majeurs de la sécurité du quotidien et assurent des fonctions régaliennes, quelle mesure concrète envisagez-vous de prendre pour remédier à ces lacunes et faciliter l'accès des polices municipales aux fichiers nécessaires à leur mission ?

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Othman Nasrou, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations. Monsieur le sénateur Fargeot, je veux tout d'abord réaffirmer l'attachement du Gouvernement au pouvoir de police des maires ainsi qu'aux prérogatives des polices municipales, qui ont un rôle essentiel.

Vous l'avez rappelé, une simplification administrative est intervenue, qu'il convient de saluer : la fin de l'obligation d'apposition de la vignette d'assurance sur les véhicules. Pour autant, j'entends bien au travers de votre question que cette mesure pose une difficulté aux agents de police municipale dans l'exercice de leurs missions.

Certains fichiers et systèmes d'information, dont le SIV et le SNPC, requièrent un contrôle très strict, à haut niveau de sécurité.

D'autres, en revanche, peuvent être utilisés, comme le prévoyait la loi du 25 mai 2021 pour une sécurité globale préservant les libertés. Je pense notamment au fichier des véhicules assurés, le FVA. La loi précitée prévoyait une évolution, à titre expérimental, destinée à permettre aux polices municipales d'accéder à ce fichier en matière délictuelle. Le Conseil constitutionnel avait certes censuré cette disposition, mais il avait aussi donné les clés d'un possible travail législatif allant dans ce sens.

Nous sommes attachés à ce continuum de sécurité, cette chaîne au sein de laquelle les forces de police municipale jouent un rôle important. C'est pourquoi le ministre de l'intérieur a demandé à Nicolas Daragon, ministre délégué chargé de la sécurité du quotidien, de lancer une concertation avec les élus locaux, les maires et l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité (AMF), afin d'explorer cette voie de passage en vue de renforcer le pouvoir des polices municipales. Comme mon collègue l'a indiqué, le Beauvau des polices municipales, qui va être bientôt relancé, sera l'occasion de nouer ce dialogue et cette concertation.

Je tiens à vous dire, au nom du ministre de l'intérieur, que nous sommes pleinement déterminés à tenir compte des missions, essentielles et complémentaires de celles de la police et de la gendarmerie nationales, qu'assurent les 27 000 policiers municipaux. Nous avancerons main dans la main avec les élus locaux pour renforcer ces missions.

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