Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE-K) publiée le 03/10/2024

M. Fabien Gay interroge Mme la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques sur l'avenir de la centrale électrique à charbon de Cordemais (44).
La direction du groupe EDF, mettant en avant, des raisons technico-économiques vient d'annoncer envisager l'arrêt de cette centrale en 2027 et l'abandon du projet d'Ecocombust 2, porté par l'énergéticien, en partenariat avec Paprec, qui permettrait de convertir la centrale à charbon en centrale à « black pellet » (issu de déchets de bois).

Ce projet de conversion est sur les rails depuis 2015, imaginé par les salariés et les représentants syndicaux de la CGT, qui ont levé tous les obstacles industriels et réussi à convaincre tous les acteurs de la pertinence de ce projet d'avenir écologique et social.
Pour y parvenir, les salariés ont pourtant mené, durant plusieurs mois, des tests de viabilité technique et monté un véritable projet industriel solide, bien souvent sans le soutien ni de la direction ni des différents ministères.
En 2022, puis en 2023, le ministère de la transition écologique avait pourtant fini par donner son accord à ce projet. Le Président de la République l'avait également personnellement soutenu en septembre 2023.
L'annonce brutale, hier, du groupe EDF, détenu à 100% par l'État est donc incompréhensible et très inquiétante si elle venait à se confirmer. Les conséquences économiques, sociales et écologiques seraient désastreuses : 340 personnes travaillent actuellement sur le site, dans un territoire faisant déjà face à des difficultés en termes d'emplois industriels.
Aussi, il lui demande si elle entend laisser mourir ce projet d'avenir, de transformation de l'outil industriel, inventé par les salariés ou si elle entend, au contraire, à nouveau soutenir ce projet essentiel, répondant aux enjeux de transition énergétique, en donnant les moyens financiers au groupe EDF de permettre sa réalisation.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie publiée le 13/02/2025

La France s'est donnée un objectif clair : celui de sortir des énergies fossiles et d'arrêter la production d'électricité à partir du charbon d'ici 2027. C'est une nécessité pour lutter contre le changement climatique et cela s'inscrit dans l'ambition globale du Gouvernement de faire de la France la première grande nation verte. Nous devons concilier cet objectif de décarbonation avec des solutions pour les salariés. La centrale de Cordemais, d'une puissance totale de 1 160 mégawatts, est l'une des deux dernières centrales à charbon exploitées en France. Sa fermeture, prévue début 2022, a été repoussée pour garantir la sécurité d'approvisionnement électrique face aux difficultés rencontrées durant les hivers 2022 et 2023. Nous remercions les salariés pour leur mobilisation durant ces périodes. Après études des différentes options possibles, dont celle de la conversion à la biomasse, EDF a annoncé, le 24 septembre, l'abandon du projet Ecocombust 2. EDF a pris sa décision à la suite d'un long travail d'analyse : le coût de conversion aurait été extrêmement élevé pour quelques centaines d'heures de fonctionnement par an, ce coût aurait été supporté par le consommateur et le contribuable. Ces deux derniers hivers, la centrale de Cordemais n'a que très peu fonctionné : quelques jours lors de l'hiver 2022-2023 et pas du tout lors de l'hiver 2023-2024. Aussi, des projets de production d'électricité sont entrés ou vont entrer en production : parcs éoliens en mer de Saint-Nazaire et de Saint-Brieuc, centrale de Landivisiau et tranche 3 de Flamanville. Ils permettront de garantir la sécurité de l'alimentation électrique de l'ouest de la France. L'engagement de tous les salariés qui ont assuré notre sécurité d'approvisionnement ces dernières années doit être salué. Cordemais doit porter un projet industriel de reconversion durable et qui donne à chaque salarié un avenir. EDF a pris l'engagement d'un reclassement de l'ensemble des salariés du site d'ici 2029. Le Gouvernement sera vigilants aux sous-traitants et à l'impact sur les finances publiques et les projets des collectivités locales. La relance du nucléaire est une opportunité pour le site de Cordemais. Une usine Framatome d'usinage et de soudage doit entrer en production en 2029 avec des créations d'emplois. Le site de Cordemais ne deviendra pas un territoire abandonné. Un comité de suivi avec la préfecture, les organisations syndicales, le Délégué interministériel à l'accompagnement des territoires en transition énergétique et EDF a lieu régulièrement afin de suivre les avancées de cette reconversion.

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