Question de M. THÉOPHILE Dominique (Guadeloupe - RDPI) publiée le 31/10/2024

Question posée en séance publique le 30/10/2024

M. le président. La parole est à M. Dominique Théophile, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Dominique Théophile. Ma question s'adresse à M. le ministre auprès du Premier ministre, chargé des outre-mer.

Monsieur le ministre, la Guadeloupe a été récemment plongée dans une crise d'une gravité sans précédent. Un blackout total de près de quarante-huit heures, provoqué par l'arrêt brutal des moteurs de la centrale EDF PEI de la Pointe Jarry, a laissé 230 000 foyers et leurs habitants sans électricité ni lumière, livrés à eux-mêmes dans une nuit interminable.

Dans cet instant suspendu, nos concitoyens ont vécu la peur, l'angoisse et l'insécurité. Des pillages, des saccages et des actes de vandalisme se sont multipliés dans les rues de Pointe-à-Pitre, malgré le couvre-feu décrété par le préfet de Guadeloupe. Certains sont allés, impunément, jusqu'à utiliser une pelle mécanique pour détruire une bijouterie en plein centre-ville.

Imaginez, monsieur le ministre, des familles, des enfants terrifiés, des malades en détresse dans des hôpitaux fonctionnant grâce à des générateurs d'urgence à l'autonomie incertaine.

Cette situation chaotique a cruellement exposé des failles dans la sécurisation de nos sites stratégiques et la vulnérabilité de nos territoires face aux tensions sociales et aux crises énergétiques.

Ce drame interroge : comment, en 2024, des citoyens peuvent-ils être ainsi abandonnés, sans défense, dans le noir et l'impuissance ?

Je condamne sans concession ces actes de sabotage. Aucune revendication ne saurait légitimer de telles actions, quels que soient les griefs des parties. Il est impératif de retrouver le chemin du dialogue et d'entamer des négociations respectueuses de l'intérêt général.

Aussi, monsieur le ministre, ma question est simple : quelles mesures seront prises pour garantir que de telles structures d'intérêt public ne soient plus jamais menacées et que de tels événements ne puissent plus se reproduire ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP. - Mme Anne-Sophie Patru applaudit également.)

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Réponse du Ministère auprès du Premier ministre, chargé des outre-mer publiée le 31/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 30/10/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre chargé des outre-mer.

M. François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre, chargé des outre-mer. Monsieur le sénateur Théophile, je m'associe à vos propos sur les moments extrêmement difficiles qu'ont vécus nos compatriotes guadeloupéens. Au-delà des effets de la disparition de la lumière, ces violences sont proprement inadmissibles.

Dans une moindre proportion, il faut savoir que nos compatriotes de Martinique et de La Réunion ont connu, pour des raisons différentes, des situations similaires.

Je voudrais rappeler les conditions dans lesquelles EDF a été mise en difficulté à Jarry. Un accord social était sur le point d'aboutir entre les salariés et la direction. Malheureusement, des salariés qui se trouvaient à l'intérieur de l'entreprise - il n'y a jamais eu d'intrusion forcée, je tiens à le dire - ont procédé à l'arrêt des moteurs.

Vous avez raison : les conséquences de cet acte ont été terribles. J'irai même plus loin : certaines personnes ont pu être mises en grand danger du fait de l'absence d'électricité. Les auteurs d'actions collectives de cette nature devraient d'ailleurs y réfléchir et mesurer, au-delà de l'action elle-même, quelles conséquences celle-ci peut entraîner.

Nous avons oeuvré tout au long du week-end dernier pour que des discussions s'ouvrent entre les salariés et la direction d'EDF. Nous y sommes parvenus.

Je rappelle que le préfet a immédiatement réquisitionné le personnel pour rétablir l'électricité et que, par ailleurs, le procureur de la République a engagé des poursuites. Une plainte a été déposée par EDF et une information judiciaire devrait être engagée.

La réalité des faits est que les dégâts ont été causés depuis l'intérieur de l'entreprise. Il faut tout de même faire très attention à ce que l'on fait !

Nous veillons désormais à ce que le calme revienne et à ce que les discussions entre les opérateurs privés aient lieu dans de bonnes conditions. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

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