Question de M. POINTEREAU Rémy (Cher - Les Républicains) publiée le 24/10/2024
Question posée en séance publique le 23/10/2024
M. le président. La parole est à M. Rémy Pointereau, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Rémy Pointereau. Ma question, à laquelle j'associe ma collègue Marie-Pierre Richer, s'adresse à Mme la ministre de l'agriculture ; elle porte sur notre souveraineté alimentaire.
Madame la ministre, la situation de la production de volailles en France est extrêmement préoccupante. Actuellement, 50 % des poulets consommés dans notre pays sont importés de Pologne, de Belgique, des Pays-Bas, et souvent ces produits sont réemballés afin de dissimuler leur provenance réelle, comme le Brésil ou la Thaïlande. La faible valorisation de la stratégie de montée en gamme et nos coûts de production trop élevés mettent en péril notre compétitivité.
L'exemple de l'entreprise Les Volailles de Blancafort, filiale du groupe LDC implantée dans le Cher, est emblématique. Spécialisée dans la dinde, un marché en déclin, cette entreprise dispose pourtant des infrastructures nécessaires pour produire du poulet, dont la consommation est en pleine croissance.
Elle employait encore il y a quelque temps 250 salariés et une centaine d'éleveurs, contre 120 salariés et une soixantaine d'éleveurs aujourd'hui, sans compter les emplois indirects. Demain, jeudi, ses salariés seront réunis par la direction et connaîtront leur sort.
Madame la ministre, tout le monde s'offusque de la possible délocalisation de la production de Doliprane, mais personne ne s'indigne de voir importer en France des milliers de tonnes de poulet de qualité inférieure. (Mais oui ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Quelles mesures urgentes comptez-vous prendre pour soutenir le site de Blancafort, favoriser une reconversion adaptée et éviter une délocalisation, afin de préserver notre souveraineté alimentaire ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt publiée le 24/10/2024
Réponse apportée en séance publique le 23/10/2024
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.
Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Monsieur le sénateur Rémy Pointereau, je vous remercie de votre question sur la filière volaille, à propos de laquelle j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer dans cette enceinte.
La viande de volaille est très populaire en France ; vous rappelez à juste titre que 50 % de la volaille qui y est consommée est d'origine étrangère, et j'ajoute que 80 % de la volaille consommée hors domicile vient de l'étranger. Or on voudrait consommer de la volaille française ; mais l'on ne veut pas de poulailler près de chez soi... (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains et UC.) C'est un véritable sujet.
Cette filière est très concurrentielle, et il est vrai que la guerre russo-ukrainienne y a avivé les tensions jusqu'à la déstabiliser. La situation que vous avez décrite, monsieur le sénateur, est malheureusement le stigmate d'une perte de compétitivité de la France, dans un secteur où la valorisation céréalière possède pourtant les meilleurs atouts.
Je rappelle que notre pays a perdu son statut de premier exportateur de viande de volaille, qu'il a détenu par le passé ; nous en exportions alors un million de tonnes chaque année, quand nous n'en exportons plus que 400 000 tonnes. C'est une évidence : nous avons besoin de retrouver de la souveraineté alimentaire, donc de la compétitivité, notamment - vous avez raison de le souligner - sur l'entrée de gamme.
Beaucoup de filières ont fait le choix de la montée en gamme, mais nous devons poser la question de l'entrée de gamme de qualité, car l'entrée de gamme n'est pas et ne doit pas être synonyme de mauvaise qualité. C'est sur ce créneau qu'il nous faut travailler, dans la volaille comme dans d'autres secteurs - je pense à la viticulture.
Pour ce qui est de l'abattoir de Blancafort, je partage votre préoccupation ; c'est la raison pour laquelle je reçois demain, à ma demande, son président. Les abattoirs jouent un rôle tout à fait considérable ;...
M. le président. Il faut conclure.
Mme Annie Genevard, ministre. ... ils sont ancrés dans les territoires et contribuent à la construction de la valeur économique des filières. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. Rémy Pointereau, pour la réplique.
M. Rémy Pointereau. Je salue ce début de réponse, madame la ministre : merci de recevoir le directeur de l'abattoir et le groupe LDC.
Pour autant, j'aimerais que vous vous rendiez sur le terrain afin de constater les difficultés que cumule ce territoire : il s'agit d'une zone intermédiaire qui, en tant que telle, a perdu en 2017 le bénéfice de l'indemnité compensatoire des handicaps naturels. C'est tout un territoire qui perçoit désormais beaucoup moins d'aides qu'auparavant et qui risque, à l'avenir, de se désertifier encore davantage.
Il faut donc réagir très vite, madame la ministre, pour éviter que ne soit prise une décision hasardeuse pour notre Pays-Fort. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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