Question de M. FÉRAUD Rémi (Paris - SER) publiée le 24/10/2024

Question posée en séance publique le 23/10/2024

M. le président. La parole est à M. Rémi Féraud, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. - M. Ian Brossat applaudit également.)

M. Rémi Féraud. Ma question aurait pu porter sur la mise en oeuvre du plan Vélo et sur le développement des infrastructures cyclables, mais tel n'est pas le sujet aujourd'hui.

Le meurtre de Paul Varry, cycliste écrasé volontairement par un automobiliste le 15 octobre à Paris, est un drame qui illustre une violence routière trop banalisée, une agressivité largement tolérée et rendue plus dangereuse encore par la taille sans cesse croissante des véhicules.

L'enjeu va bien au-delà de la cohabitation entre cyclistes et automobilistes : il s'agit de la violence sur la route, dont peuvent être victimes tous les Français, quel que soit leur mode de transport. Il faut sortir du déni de la violence routière, qui représente un danger d'abord pour les usagers les plus vulnérables, piétons comme cyclistes.

Mettant fin au silence initial du Gouvernement après la mort de Paul Varry, le ministre des transports a enfin annoncé la création d'une mission contre les violences visant à « protéger tous les usagers de la route ».

Les associations de cyclistes ont salué cette initiative, mais, au-delà de la communication, entendez-vous vraiment, monsieur le Premier ministre, vous attaquer en profondeur et dans la durée au problème de la violence routière, en associant à cet effort l'ensemble du Gouvernement, c'est-à-dire non seulement le ministre chargé des transports, mais aussi ceux de l'intérieur et de la justice ?

La mort de Paul Varry a suscité à Paris et dans tout le pays une émotion immense, dont doit naître une politique publique forte, contribuant à un changement des mentalités, des pratiques et de notre société elle-même. (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées des groupes GEST et CRCE-K.)

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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'intérieur, chargé de la sécurité du quotidien publiée le 24/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 23/10/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de la sécurité du quotidien.

M. Nicolas Daragon, ministre délégué auprès du ministre de l'intérieur, chargé de la sécurité du quotidien. Monsieur le sénateur Rémi Féraud, vous l'avez rappelé, alors qu'il circulait à vélo sur une voie protégée le mardi 15 octobre à 17 heures 45, Paul Varry a perdu la vie après avoir été percuté, semble-t-il volontairement, par un automobiliste qui circulait sur la voie réservée aux cyclistes, boulevard Malesherbes. Malgré l'intervention rapide des services de secours, que je tiens à saluer, Paul Varry a succombé à ses blessures.

Face à cet acte d'une grande violence, j'ai ici, au nom du Gouvernement, une pensée pour sa famille et pour ses proches. L'émotion qui nous étreint a légitimement traversé le pays tout entier, comme vous l'avez rappelé.

Le conducteur a été interpellé par les forces de l'ordre et déféré le 17 octobre dernier, puis placé en détention provisoire. Une information judiciaire est ouverte et nous faisons toute confiance aux enquêteurs placés sous l'autorité du magistrat instructeur pour qu'ils mènent l'enquête jusqu'à son terme le plus vite possible. Je n'en dirai pas davantage, s'agissant d'une affaire judiciaire en cours.

Je veux néanmoins redire que le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, est fortement engagé dans la lutte contre l'insécurité routière et fermement mobilisé contre toutes les formes de violence sur la route. L'enjeu du partage de la route et de la protection des usagers, en particulier des plus vulnérables, est une priorité que le Gouvernement a faite sienne, sous l'autorité du Premier ministre. Les cyclistes représentent 8 % des morts sur la route, les piétons 15 %.

Concrètement, la délégation à la sécurité routière, sous l'impulsion de la déléguée interministérielle Florence Guillaume, a fait de cette question l'un de ses enjeux prioritaires, avec une nouvelle signature à la clé : « vivre, ensemble ».

Cette orientation se traduit par une réglementation des nouveaux modes de déplacement, par des actions de sensibilisation organisées auprès des préfectures dans le domaine de la prévention, par une campagne de communication intitulée « Attention à vélo, attention aux vélos » ou encore par un travail mené en matière de signalisation et d'éducation routière, entre autres actions déjà engagées. Tous ces efforts doivent être intensifiés pour améliorer la conscience des enjeux du partage de la route.

Vous l'avez rappelé, le ministre François Durovray a lancé tout récemment une mission. Vous pouvez compter sur le Gouvernement pour s'engager pleinement et en tirer les conclusions.

M. le président. La parole est à M. Rémi Féraud, pour la réplique.

M. Rémi Féraud. Une voiture est un moyen de transport, non une arme par destination. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous vous demandons de tout faire pour que la sécurité routière et la lutte contre la violence motorisée redeviennent des priorités de l'action publique. (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées des groupes GEST et CRCE-K.)

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