Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 24/10/2024
Question posée en séance publique le 23/10/2024
M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre de l'intérieur, en 2021, le président Macron a lancé, à grand renfort de communication, son plan « Marseille en grand ». L'objectif était de faire de Marseille un véritable laboratoire de son action.
L'espérance était grande, les mots étaient forts, mais les actes se sont révélés faibles.
La Cour des comptes vient de nous le rappeler cruellement, l'expérience marseillaise a malheureusement échoué, notamment en matière de sécurité : les Marseillais le constatent quotidiennement !
En mars dernier, le chef de l'État a lancé la première opération « place nette XXL » à la cité de la Castellane ; pourtant, deux policiers y ont été violemment agressés ce week-end pendant l'interpellation d'un dealer.
Permettez-moi de les assurer de notre solidarité et de leur souhaiter un prompt rétablissement.
Nous le savons, il existe en France des territoires où la police n'est plus respectée comme l'incarnation de la loi et de l'ordre, mais où elle est considérée comme appartenant à une bande rivale. Cette bande, c'est la France, et le policier y est attaqué comme son représentant.
Dans de trop nombreuses villes de notre pays se sont formées non pas des zones de non-droit, mais des zones « d'un autre droit », où la voyoucratie et la pègre, alimentées par les trafiquants d'êtres humains, l'immigration de masse et l'islamisme, décident de qui vient et qui reste en France, bref, édictent leurs propres règles. (Exclamations sur les travées des groupes SER et GEST.)
Chaque jour, l'actualité révèle son lot d'assassinats, de règlements de compte, de victimes collatérales et de guets-apens contre la police dans l'ensemble de notre pays - nous le déplorions hier encore, à Grenoble, à Paris et dans les outre-mer.
À Marseille, malgré les annonces fracassantes liées au plan « Marseille en grand », la Cour des comptes nous apprend que les effectifs de police ont baissé de 4,5 % depuis l'élection d'Emmanuel Macron, soit 185 policiers de moins. Encore faut-il y ajouter un manque de places de prison et une réponse pénale inadaptée et insuffisante.
Immigration incontrôlée, islamisme radical et narcotrafic : les Français n'en peuvent plus !
M. Guy Benarroche. Ça n'a rien à voir !
Mme Valérie Boyer. Vous avez fait de la lutte contre le trafic d'êtres humains et l'immigration illégale votre priorité : les Français vous remercient, monsieur le ministre. Vous voulez lutter contre les narcotrafics, en faire une grande cause nationale : les Français vous remercient encore.
Vous le savez, fort de ses propositions, le Sénat vous accompagnera et sera au rendez-vous. (Protestations sur les travées du groupe SER.)
Monsieur le ministre, comment allez-vous protéger les Français ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 24/10/2024
Réponse apportée en séance publique le 23/10/2024
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Valérie Boyer, nous avons bien sûr reçu ce rapport de la Cour des comptes, qui constituera un socle pour notre action. Nous allons l'expertiser afin de réenvisager un dispositif pour Marseille. D'ailleurs, dans quelques jours, le garde des sceaux et moi-même nous rendrons sur place.
Je me suis entretenu avec les policiers que vous avez évoqués, dont l'un a été grièvement blessé à l'arcade sourcilière ; je veux, moi aussi, leur rendre hommage.
Il faut des renforts, c'est évident. Une promotion s'apprête à sortir des écoles de police. Aussi ai-je décidé d'envoyer très rapidement 75 gardiens de la paix en renfort à Marseille ; ils viendront s'ajouter aux renforts déjà décidés par mon prédécesseur en septembre 2022 et à la compagnie républicaine de sécurité récemment implantée dans la ville, la CRS-81.
Cela étant, tout n'est pas une affaire d'effectifs. Il faut changer notre stratégie vis-à-vis des réseaux de narcotrafiquants et de trafiquants d'êtres humains. Aujourd'hui, ces réseaux sont en train de fusionner : ce sont les mêmes qui opèrent.
Dans quelques semaines, nous allons présenter une nouvelle stratégie qui reposera sur deux dimensions. Premièrement - je vais sans doute choquer quelques personnes ici -, nous agirons sur la consommation de stupéfiants, car il n'y a pas d'offre quand il n'y a pas de demande. (Exclamations sur des travées des groupes SER et GEST.) Il faut sortir de cette consommation que l'on juge récréative, voire un peu romantique ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP. - M. Stéphane Ravier s'exclame.)
Au bout d'un joint ou d'un rail de coke, il y a des trafiquants, des proxénètes, des criminels, ceux-là mêmes qui, tout récemment, n'ont pas eu peur de larder de cinquante coups de couteau et de brûler vif un jeune adolescent de 15 ans !
Il faut que chacun soit responsabilisé !
Un sénateur du groupe SER. Quelle politique nationale ?
M. Bruno Retailleau, ministre. Deuxièmement, comme je l'ai déjà annoncé, nous allons bâtir en la matière une stratégie analogue à celle que nous avions définie voilà une dizaine d'années en matière de lutte antiterroriste, et l'ériger en grande cause nationale. Et je ne doute pas que, dans cette perspective, nous réutiliserons les travaux conduits au Sénat par Étienne Blanc et Jérôme Durain, respectivement rapporteur et président de la commission d'enquête sur l'impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier - je les salue. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)
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