Question de M. DOSSUS Thomas (Rhône - GEST) publiée le 24/10/2024
Question posée en séance publique le 23/10/2024
M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)
M. Thomas Dossus. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique.
Madame la ministre, après Kirk, il y a dix jours, une autre tempête, qui répond au doux prénom de Leslie, a frappé brutalement le sud-est de la France il y a six jours. Elle a touché non seulement la métropole de Lyon, mais aussi la Loire, l'Ardèche et de nombreux autres départements. Plus violente que beaucoup d'autres auparavant, elle a mis à nu nos faiblesses et nos erreurs d'aménagement.
Comme chaque fois, nous devons saluer les maires et leurs équipes municipales, les agents de la sécurité civile, les services de l'État et les nombreux bénévoles présents sur le pont tout le week-end : ils ont apporté des réponses immédiates et de l'aide à des habitants dont certains ont presque tout perdu.
Notre solidarité envers les sinistrés doit être totale. À cet égard, le maire de Givors, ville durement frappée, me disait lundi qu'un interlocuteur interministériel lui était indispensable, tant les besoins sont variés et tant il est urgent de les satisfaire.
Pareils épisodes sont de plus en plus intenses et violents, mais ce n'est qu'un début. En outre, les catastrophes n'ont plus grand-chose de naturel, tant notre rôle dans l'emballement est désormais avéré. Et pourtant, le budget que le Parlement a commencé à étudier semble ignorer l'urgence. Vous-même en avez fait le constat, au point de mettre votre démission dans la balance ; et vous avez raison : le coup de rabot sur l'écologie est violent. Pour reprendre la métaphore comptable, on aggrave la dette écologique pour tenter de régler la dette financière.
De manière plus cynique et plus dangereuse encore, le Premier ministre lui-même a rouvert le débat sur l'objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN). La droite sénatoriale s'est immédiatement engouffrée dans la brèche : elle s'engage à faire en sorte que l'on puisse toujours davantage artificialiser, bétonner et bitumer les sols. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Pendant ce temps, pour ce qui est de notre plan national d'adaptation au changement climatique, on procrastine !
Sommes-nous victimes de dissonance cognitive ? Quand on constate les besoins, quand on écoute les scientifiques, quand on a conscience de l'accélération de la catastrophe et du coût de l'inaction, on ne peut que s'interroger : avons-nous le temps d'un budget de recul ? Madame la ministre, comment pouvez-vous vous permettre de priver les collectivités territoriales de moyens d'investissement dont nous avons tant besoin pour préparer l'avenir ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)
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Réponse du Ministère de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques publiée le 24/10/2024
Réponse apportée en séance publique le 23/10/2024
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques. Monsieur le sénateur Dossus, avant tout, je tiens à exprimer aux sinistrés le soutien du Gouvernement tout entier.
Je salue également, comme vous l'avez fait vous-même, l'action remarquable des services de secours et des élus locaux, qui n'ont pas ménagé leur peine, ces derniers jours, pour soutenir nos concitoyens.
Ces inondations résultent de précipitations d'une ampleur inédite. Au total, 600 à 700 millimètres d'eau sont tombés sur les hauteurs de l'Ardèche, sur Annonay par exemple : c'est l'équivalent d'une année de précipitations à Paris.
Vous l'avez dit, ces inondations sont une des manifestations du dérèglement climatique, et tout nous indique qu'elles sont appelées à se répéter. Nous devons donc agir.
Agir, c'est mettre les moyens ; et si j'assume de prendre ma part de l'effort budgétaire, une responsabilité nous incombe non seulement face à la dette financière, mais aussi face à la dette écologique. C'est pourquoi, dans les tout prochains jours, nous allons présenter le nouveau plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc). M. le Premier ministre sera personnellement à la manoeuvre et un certain nombre de mesures seront annoncées à l'appui de ce plan.
Il faut mieux s'adapter, mieux anticiper, mieux prévoir et, bien sûr, accompagner les collectivités territoriales dans leur travail d'aménagement. Cela signifie que nous agirons en mobilisant non seulement les moyens de l'État, mais aussi d'autres outils : je rappelle que nous pouvons nous appuyer sur les certificats d'économies d'énergie, sur les crédits carbone, sur les crédits biodiversité ou encore sur les fonds de l'Union européenne, que nous utilisons peut-être encore insuffisamment.
Tout cela revient bel et bien à lancer l'alerte et à sonner la mobilisation générale : en la matière, vous pouvez compter sur moi, comme vous pouvez compter sur moi pour que les moyens soient à la hauteur des enjeux. Je défendrai donc ce budget avec vigueur et détermination. (M. Akli Mellouli s'exclame.)
M. Yannick Jadot. Et le fonds Barnier ?
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