Question de M. BLANC Jean-Baptiste (Vaucluse - Les Républicains) publiée le 17/10/2024

Question posée en séance publique le 16/10/2024

M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Blanc, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-Baptiste Blanc. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur. J'y associe Alain Milon et notre collègue vauclusien Lucien Stanzione.

Dans la nuit du 8 octobre, la ville Cavaillon a été le théâtre d'un acte de représailles d'une violence inouïe : quatre véhicules de police, dont trois sérigraphiés, ont été incendiés en plein coeur de ville, devant le commissariat.

Cet acte criminel fait suite aux récentes opérations antidrogue, dites « place nette », menées avec détermination. Le message envoyé par ces criminels est clair : ils sont prêts à tout pour riposter. Notre réponse doit l'être tout autant : nous ne reculerons pas face à la menace.

Ces représailles démontrent que les actions menées portent leurs fruits et touchent les réseaux criminels là où ça fait mal. Les dernières opérations ont conduit à vingt-cinq interpellations. Par ailleurs, 6 kilos de cocaïne, 15 kilos de cannabis, 10 armes et 20 000 euros en argent liquide ont été saisis.

Il est donc crucial, monsieur le ministre, de maintenir cette pression continue, implacable et déterminée.

Je tiens à saluer l'engagement sans faille des forces de l'ordre, des élus locaux, du maire de Cavaillon, Gérard Daudet, de la police nationale et municipale, ainsi que des services de l'État. Je veux aussi vous remercier, monsieur le ministre, d'avoir demandé à Nicolas Daragon de venir sur place, dès le lendemain. Sa présence a marqué un soutien fort, apprécié par les élus et les Cavaillonnais. Néanmoins, ce combat ne pourra être gagné que si nous donnons aux forces de l'ordre tous les moyens nécessaires.

Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à renforcer, de manière pérenne, les effectifs de la police nationale à Cavaillon en accordant dix policiers supplémentaires et en réintégrant l'escadron de gendarmerie mobile déployé dans le cadre du plan national de sécurisation renforcée, qui nous avait été retiré pour les jeux Olympiques ?

Êtes-vous prêt, par ailleurs, à renforcer la brigade d'intervention d'Avignon qui est passée de dix-neuf à neuf agents, et qui ne peut plus soutenir efficacement les circonscriptions de Cavaillon, de Carpentras et d'Orange ? Il est nécessaire d'y affecter au moins dix gardiens de la paix supplémentaires pour sécuriser les points de deal, éviter qu'ils ne se recréent dès le lendemain ailleurs et appuyer ainsi les opérations.

Face à la violence et à l'impunité, seule une réponse forte, continue et résolue peut ramener la paix durablement à Cavaillon comme ailleurs. Dans cette guerre, votre soutien est essentiel. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Jean-Baptiste Blanc, vous avez évoqué un événement qui, pour moi, est très significatif et hautement révélateur, puisqu'il s'agit d'une opération de représailles des trafiquants de drogue contre les forces de l'ordre.

Voilà quelques jours, avant justement la nuit du 8 octobre, nous avons mené, à Cavaillon, une opération au cours de laquelle nous avons procédé à de nombreuses interpellations et à des saisies très importantes de drogue, mais aussi d'armes - je le précise, car vous ne l'avez pas relevé.

Ensuite, les narcotrafiquants sont venus défier l'État. Ils ont riposté, brûlant quatre véhicules de police et allant jusqu'à endommager le commissariat. C'est absolument inacceptable !

Aussitôt, j'ai appelé le maire, Gérard Daudet, pour lui dire, au nom du Premier ministre, que s'en prendre à un commissariat, c'est s'en prendre à l'État, c'est s'en prendre à la République.

J'ai aussitôt dépêché la compagnie républicaine de sécurité (CRS) 81, qui est basée à Marseille, pour rétablir l'ordre.

Nous ne nous sommes pas contentés de cela : nous avons mené, avec le ministère de la justice, une autre opération judiciaire, qui nous a permis de riposter, de porter de nouveau un coup et de procéder à de nouvelles interpellations. Voilà où nous en sommes.

Vous avez, à juste titre, souligné la question des effectifs.

Il y a, au commissariat de Cavaillon, 66 gardiens de la paix. Cinq nouveaux agents sont venus renforcer les effectifs voilà quelques semaines, ce qui nous permettra de créer une nouvelle brigade anticriminalité de jour. Les effectifs de mon ministère sont sollicités aujourd'hui en Martinique et en Nouvelle-Calédonie, s'ils ont été sollicités, comme vous l'avez rappelé, pour les jeux Olympiques, mais j'y veillerai !

Cependant, je veux dire que tout cela n'est pas qu'une question d'effectifs. Mes chers collègues, je pense que la lutte contre le narcobanditisme doit être une cause nationale. Toutes les informations dont nous disposons nous portent vraiment à le croire !

Il y a un peu plus de dix ans commençait, à Toulouse, avec Mohamed Merah, notre grand combat contre le terrorisme. Nous n'avons pas gagné ce combat, qui est toujours à recommencer, mais nous avons porté des coups décisifs. Nous nous sommes totalement réorganisés.

Ce que nous avons fait contre le terrorisme, il va falloir que nous le fassions contre le narcotrafic, avec, bien entendu, la même détermination dans l'action, la même concentration dans la durée, mais aussi avec un nouvel éventail de mesures, notamment législatives.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. C'est fini !

M. Bruno Retailleau, ministre. À cet égard, je compte beaucoup sur la mission transversale que le groupe LR avait diligentée pour que nous puissions nous doter de ces nouveaux moyens législatifs. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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