Question de Mme JOUVE Mireille (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 03/10/2024

Mme Mireille Jouve appelle l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de l'énergie, du climat et de la prévention des risques sur les menaces qui pèsent sur les zones humides de la Méditerranée.
C'est ce que met en évidence une étude, publiée le 16 mai 2024 dans la revue « Conservation Biology », portant sur 938 zones humides côtières de huit pays, dont la France.
On connaît les immenses services rendus par ces zones, réservoirs de biodiversité et espaces de production agricole et de tourisme : elles filtrent les eaux et contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique en captant le carbone aussi bien que peuvent le faire les forêts.
Or, selon les diverses projections de l'étude, un tiers à plus de la moitié de ces sites longeant la Méditerranée risque la submersion à l'horizon 2100, ce qui entraînerait un bouleversement considérable de leurs écosystèmes. Le Parc naturel régional de Camargue, qui abrite la plus grande zone humide française, pourrait ainsi perdre une surface de terres équivalente à quatre fois la superficie de Paris.
Cette diminution annoncée de territoire serait une catastrophe pour des centaines de populations animales, notamment celles des oiseaux d'eau qui dépendent fortement de ces milieux, à l'instar de l'emblématique flamant rose.
En conséquence, elle lui demande quelles mesures il compte mettre en oeuvre pour protéger la biodiversité face aux futures submersions marines.

- page 3650

Transmise au Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche


Réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche publiée le 13/02/2025

Face à l'érosion côtière et à la montée du niveau de la mer, l'adaptation des territoires littoraux au changement climatique constitue un enjeu majeur pour les régions côtières. Ces espaces naturels contribuent à la protection contre les risques naturels, comme les submersions marines ou l'érosion côtière, qui vont s'amplifier dans les années à venir sous l'effet du changement climatique, notamment en raison de la montée du niveau de la mer et de l'augmentation de l'intensité et de la fréquence des tempêtes. Les écosystèmes côtiers, par effet tampon, limitent les incursions marines dans les zones vulnérables et réduisent l'érosion. Ils contribuent ainsi à l'adaptation au changement climatique et jouent également un rôle fondamental dans l'atténuation du changement climatique par leurs importantes capacités de stockage du carbone. La stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) souligne la nécessité de protéger et de restaurer les écosystèmes côtiers mais aussi de prendre en compte leurs rôles dans les stratégies territoriales. Le syndicat mixte interrégional d'aménagement des digues du delta du Rhône et de la mer élabore actuellement une stratégie interrégionale qui traitera des aléas d'érosion et de submersion. Un programme d'action sera ainsi décliné dans le prochain plan littoral. C'est dans ce cadre d'une stratégie locale de gestion intégrée de la bande côtière que doivent être étudiées les différentes options d'adaptation au changement climatique Par ailleurs, le 3ème Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC) prévoit des mesures pour identifier les habitats et espèces vulnérables au changement climatique, ainsi que les pertes de services écosystémiques associées à leur dégradation et/ou disparition. A cela s'ajoute l'inventaire des zones humides effectives françaises qui va faire l'objet d'un effort particulier de complément d'ici 2027 et le développement d'un outil collaboratif de suivi pour la restauration des cours d'eau sera lancé dès fin 2024. La Stratégie Nationale Biodiversité (SNB) publiée fin 2023 traduit aussi la volonté du gouvernement de restaurer au moins 50 000 ha de zones humides d'ici 2026 et les efforts se poursuivront jusqu'à la fin de la décennie. Enfin, la révision de la charte du Parc naturel régional de Camargue, qui a débuté en octobre 2022, prendra en compte les enjeux liés au changement climatique en mettant l'accent sur la protection des zones humides et la gestion de l'eau, qui sont les critères de fragilité identifiés du territoire. Une extension du parc en mer est prévue et vise à protéger la biodiversité marine également menacée par le changement climatique. La révision a pour but de conforter l'identité camarguaise et de renforcer la cohésion d'un territoire qui existe depuis plus de 50 ans. Le parc vise un renouvellement de son classement pour 2026.

- page 613

Page mise à jour le