Question de M. MELLOULI Akli (Val-de-Marne - GEST) publiée le 17/10/2024
Question posée en séance publique le 16/10/2024
M. le président. La parole est à M. Akli Mellouli, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
M. Akli Mellouli. Monsieur le président, mes chers collègues, monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, depuis un an déjà, le peuple palestinien subit les affres de ce que les enquêtes, si elles sont conduites, qualifieront sans aucun doute de génocide. (Murmures sur des travées du groupe Les Républicains.)
Voilà un an déjà que Gaza est enfermée dans une spirale de destruction et de mort.
Voilà un an déjà que le monde a pris conscience du double standard qui gangrène notre discours et nos actions. Cette vérité cruelle heurte nos consciences, mais elle perdure, insidieuse, dans nos actes et nos choix politiques.
Voilà un an déjà que, dans notre propre pays, la voix de celles et de ceux qui réclament l'application du droit international est non seulement ignorée, mais caricaturée et criminalisée.
Voilà un an déjà que, dans cette région du monde où la diplomatie française avait autrefois un rôle prépondérant, notre voix a été réduite au silence. Discréditée, elle est désormais le reflet d'une politique qui a tourné le dos à la justice et au droit.
À force de fermer les yeux sur les violations du droit international, nous assistons aujourd'hui à une escalade dangereuse, et Israël, dans une impunité totale, se permet d'attaquer délibérément les troupes de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), pourtant garantes de la paix, parmi lesquelles se trouvent des soldats français.
Pour autant, je refuse de perdre l'espoir que notre pays puisse regagner la place qui lui revient sur la scène internationale, mais cet espoir ne pourra se concrétiser que si nous rétablissons le respect du droit humanitaire le plus élémentaire.
Dans ce contexte, monsieur le ministre, la France a-t-elle la capacité et la volonté de défendre avec vigueur une solution humanitaire immédiate et efficace à Gaza ?
Concrètement, quelles actions proposez-vous pour répondre à l'appel des médecins et des ONG internationales, qui réclament l'ouverture d'urgence d'un corridor humanitaire ? Alors que 500 camions seraient nécessaires chaque jour pour faire face à la crise, 15 seulement parviennent actuellement à passer. Et cette situation ne s'arrange pas : elle s'étend désormais au Liban. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées des groupes SER et CRCE-K.)
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 17/10/2024
Réponse apportée en séance publique le 16/10/2024
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, la France ne détourne les yeux d'aucune violation du droit international : elle se trouve toujours du côté du droit international.
Si, comme la France, tous les pays du monde avaient immédiatement appelé à un cessez-le-feu, à l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire, à la libération inconditionnelle des otages ; si, comme la France, tous les pays du monde avaient acheminé 1 200 tonnes d'aide humanitaire par toutes les voies, terrestre, aérienne et maritime ; si, comme la France à bord de son porte-hélicoptères le Dixmude, tous les pays du monde avaient consenti à soigner les enfants de Gaza ;...
M. Akli Mellouli. Cinq !
M. Jean-Noël Barrot, ministre. ... si, comme la France, tous les pays du monde avaient consenti à sanctionner les colons extrémistes et violents en Cisjordanie ; si, comme la France, tous les pays du monde consentaient aujourd'hui à soutenir financièrement l'Autorité palestinienne ; et si, comme la France, tous les pays du monde continuaient de plaider pour une solution à deux États, un État de Palestine vivant en paix et en sécurité aux côtés d'un État d'Israël, alors sans doute, monsieur le sénateur, n'en serions-nous pas au point où nous en sommes.
Vous appelez le Gouvernement, sous l'autorité du Premier ministre, à en faire plus, et vous êtes là dans votre rôle, celui de contrôler l'action du Gouvernement. Mais je veux vous inviter, mesdames, messieurs les sénateurs, à vous joindre à nos efforts et à vous saisir de ce levier que vous avez entre les mains, que l'on appelle la diplomatie parlementaire, pour alerter les opinions publiques et les parlements, partout dans le monde, sur la nécessité d'agir en suivant l'exemple donné par la France, afin que cesse le feu, que cessent les souffrances, que cessent les violences et qu'advienne la paix. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. - M. Stéphane Demilly applaudit également.)
Mme Raymonde Poncet Monge. Agissez !
M. le président. La parole est à M. Akli Mellouli, pour la réplique.
M. Akli Mellouli. Monsieur le ministre, il faut parfois sortir de l'incantation pour passer à l'action. En tout état de cause, vous pouvez dès aujourd'hui agir sans les autres pays en reconnaissant l'État d'Israël... (Exclamations ironiques sur des travées du groupe Les Républicains.), pardon, de Palestine. Voyez ce lapsus, il est révélateur, mes chers collègues : je suis quant à moi, sans discussion, pour deux États ! Vous pouvez agir, disais-je, monsieur le ministre, en reconnaissant l'État de Palestine comme l'ont reconnu les deux chambres du Parlement français dans des résolutions adoptées en 2014.
Monsieur le ministre, sachez qu'il ne saurait y avoir de solution à deux États sans diplomatie et sans respect du droit international ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)
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