Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 10/10/2024

Question posée en séance publique le 09/10/2024

M. le président. La parole est à M. Stéphane Ravier, pour la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe. (De nombreux sénateurs des groupes CRCE-K, SER et GEST quittent l'hémicycle.)

M. Stéphane Ravier. Merci de cet accueil, mes chers collègues ! Comme d'habitude, le meilleur est pour la fin !

Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, vous cherchez désespérément 60 milliards d'euros pour boucler le budget pour 2025. Or - je vais peut-être vous l'apprendre - il existe un gisement de plusieurs dizaines de milliards d'euros ! En l'occurrence, il s'agit uniquement de baisses des dépenses et non de hausses d'impôts : que des bonnes nouvelles !

En effet, le conseiller d'État Christophe Eoche-Duval estime à 170 milliards d'euros, soit 7 % du PIB, le prix annuel de l'insécurité dans notre pays, dans un ouvrage paru le 12 septembre dernier, Le Prix de l'insécurité : Enquête sur une défaillance d'État, vendu 18 euros - cette publicité n'est pas rémunérée !

À Marseille, le 4 octobre, au bois de Boulogne, le 21 septembre, à Subles, le 29 septembre, Nessim, Philippine et Kylian avaient la vie devant eux, comme Thomas, Lola, Timothy, Laura, Mauranne et tant d'autres. Leur vie n'avait pas de prix et leur absence laisse une dette ineffaçable à l'égard de leur famille. Ils ont un point commun : leur mort était évitable. Ils sont les victimes de l'impunité organisée, du laxisme judiciaire, de l'immigration incontrôlée et du trafic de drogue trop souvent toléré.

Or moins nous réglons ces problèmes sources, plus nous courons à la dépense sécuritaire. Il faut en urgence briser ce cercle vicieux de l'insécurité, d'abord et avant tout pour son prix humain, mais aussi pour son coût financier démentiel.

À Marseille, les mafieux commanditent les assassinats depuis les prisons et appellent la police pour s'en vanter. Encore ce matin, le tristement célèbre cartel DZ Mafia - DZ veut dire Algérie - diffusait une allocution publique pour donner son point de vue sur la situation : l'humiliation est complète pour les institutions !

Les Français n'attendent pas un tournant d'austérité, mais un tournant d'autorité. Monsieur le Premier ministre, vous avez là un gisement de popularité et d'économie garanti. Mais pour cela, il faut assumer la rupture !

Ma question est donc simple : accepterez-vous de lever le tabou du coût de l'insécurité en proposant à la Cour des comptes d'évaluer annuellement son montant exact ? (MM. Aymeric Durox, Christopher Szczurek et Alain Duffourg applaudissent.)

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Réponse du Ministère auprès du Premier ministre, chargé du budget et des comptes publics publiée le 10/10/2024

Réponse apportée en séance publique le 09/10/2024

M. le président. La parole est à M. le ministre chargé du budget et des comptes publics.

M. Laurent Saint-Martin, ministre auprès du Premier ministre, chargé du budget et des comptes publics. Monsieur le sénateur Ravier, je ne suis pas tout à fait sûr que votre question me soit adressée, mais je veux répondre tant à la préoccupation que vous exprimez, me semble-t-il, quant à la baisse de la dépense publique en général, qu'à vos interrogations quant aux moyens que nous déployons pour la sécurité de nos concitoyens.

Je l'ai dit tout à l'heure en réponse à une autre question : oui, nous devons redresser nos comptes publics, c'est l'affaire de tous ; oui, nous devons prioritairement faire baisser la dépense publique dans notre pays. Nous avons annoncé notre ambition : les deux tiers de l'effort de 60 milliards d'euros nécessaire pour revenir à 5 % de déficit doivent passer par la baisse de la dépense publique. Au sein de ces 40 milliards, la moitié de l'effort reviendra à l'État.

Alors, où peut-on faire baisser la dépense publique sans abîmer les services publics de proximité dont bénéficient nos concitoyens ?

D'abord, il nous faut savoir retirer les boucliers de protection que nous avons mis en place pendant les crises. L'argent public a été abondamment utilisé pour protéger le pouvoir d'achat de nos concitoyens, notamment face aux hausses des factures d'électricité.

Nous devons aussi faire gagner en efficience la dépense publique. Il y aura beaucoup de travail à mener autour des opérateurs de l'État, leur fusion doit être étudiée, mais il faut aussi déterminer comment les aides à l'emploi peuvent être reciblées, repensées, pour être plus efficaces.

Mais tout cela, monsieur le sénateur, ne devra pas se faire au détriment des fonctions régaliennes de notre pays et de la sécurité de nos concitoyens. Nous veillerons en particulier au respect des lois de programmation en vigueur dans notre pays, qu'il s'agisse des moyens de la police et de la gendarmerie, de ceux de nos armées, de ceux de la justice, ou de ceux de la recherche. Oui, je peux vous le dire, les crédits de tous ces ministères resteront en hausse, pour leur sécurité, mais aussi pour leur avenir et leur investissement.

Nous avons finalement besoin de savoir baisser la dépense publique avec intelligence : cela ne doit pas seulement passer par le rabot et les coupes aveugles. L'ambition qui nous anime suscitera évidemment le débat, au sein de cet hémicycle, pendant de longues semaines, mais nous devons aussi savoir assumer les priorités du Gouvernement : la sécurité de nos concitoyens est l'une d'entre elles. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

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