Question de M. ZIANE Adel (Seine-Saint-Denis - SER) publiée le 26/09/2024

M. Adel Ziane interpelle M. le ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative sur les graves conséquences de la récente reprogrammation en semaine des matchs de ligue 2 de football. Il a été sollicité par un groupe de supporteurs du Red Star Football Club, un club évoluant en ligue 2 depuis la rentrée 2024 et installé à Saint-Ouen-sur-Seine dans son département de la Seine-Saint-Denis.
Depuis 2020, la ligue de football professionnel (LFP), en dialogue avec les associations de supporteurs, avait instauré la tenue des rencontres de ligue 2 principalement durant les week-ends, afin que chacun puisse se rendre au stade.
Cet ajustement avait été largement salué pour son impact positif, contribuant à battre des records d'affluence dans les stades de ligue 2.
De nombreux supporteurs, travaillant en semaine, avaient profité de cette nouvelle programmation pour s'abonner pour la saison à venir, ce qui a également dynamisé l'économie des clubs.
Or, à quelques jours du début de la nouvelle saison, la LFP et le diffuseur BeIn Sports ont annoncé, sans concertation préalable, un changement radical du calendrier. Désormais, les matchs se tiendront principalement les vendredis et lundis soirs.
Cette décision marque un retour en arrière de plus de dix ans, effaçant les avancées obtenues grâce aux efforts conjoints des collectifs de supporteurs, des dirigeants de clubs et des élus qui avaient oeuvré pendant des années pour obtenir que les matchs se tiennent le week-end.
Ce revirement est jugé inacceptable aux yeux du public et des supporteurs, qui se retrouvent dans l'incapacité de se rendre au stade en semaine, alors même qu'ils s'étaient abonnés en comptant sur la tenue des matchs le week-end.
De plus, cette décision porte atteinte au droit aux loisirs, notamment pour les travailleurs et les travailleuses, qui voient leurs possibilités d'assister aux matchs considérablement restreintes. Elle prive également les enfants d'une occasion de découvrir et d'apprécier ce sport collectif.
Enfin, cette programmation risque de vider les stades, de fragiliser l'ambiance des rencontres, et de priver les 18 clubs du championnat et leurs 18 villes de cette ferveur populaire essentielle qui façonne leur identité et leur attractivité.
Les supporteurs de football qui animent les stades et font vivre ce sport ne peuvent être considérés comme une variable d'ajustement ou comme des figurants d'un spectacle télévisé.
Il lui rappelle que la ligue de football professionnel en tant que délégataire de service public, a des responsabilités vis-à-vis des supporteurs, qui sont les premiers acteurs de la vitalité de ce sport. Il lui demande donc d'intervenir pour que cette décision inacceptable soit révisée et que les matchs de ligue 2 continuent de se dérouler majoritairement les week-ends, dans l'intérêt des supporteurs, du football et de ses valeurs.

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Réponse du Ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 12/12/2024

Depuis le début de la saison 2024-2025 du championnat de France de football de Ligue 2, certains supporters ont exprimé un mécontement quant à la décision de la Ligue de football professionnel (LFP), prise en lien avec l'acquéreur des droits d'exploitation audiovisuelle de cette compétition, beIN SPORTS France, d'organiser le vendredi soir la majeure partie des rencontres de ce championnat (à l'orgine sept sur neuf matchs par journée, les deux autres étant décalées au samedi soir et au lundi soir). L'incompréhension principale des supporters, outre les considérations organisationnelles importantes, réside dans le fait que cette décision ait été annoncée tardivement par la LFP et que, depuis 2020, la majeure partie des rencontres de la Ligue 2 était organisée le samedi soir. Sur ce dernier point, il convient néanmoins de rappeler qu'historiquement, avant la pandémie Covid-19, ces rencontres étaient très majoritairement organisées le vendredi soir, à l'instar d'autres compétitions telles que le championnat de France de rugby professionnel de Pro D2 ou encore le championnat de National 1 (Football). Ce changement d'organisation du calendrier de la Ligue 2 est venu répondre à une demande formulée par beIN Sports France, seul éditeur de service audiovisuel à avoir répondu à l'appel à candidatures pour l'acquisition des droits de la Ligue 2, pour un montant estimé à 40 Meuros/saison. Cette demande a été justifiée par la stratégie éditoriale et les obligations d'exposition liées à la détention des droits détenus par cet acteur pour d'autres championnats étrangers de football, dont les rencontres se déroulent le samedi. Suite à ce mécontentement, des échanges entre la LFP, beIN Sports et des représentants de supporters ont abouti, au mois de septembre, au déplacement d'un match supplémentaire du vendredi au samedi. Le ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative salue cette avancée qui, si elle ne répond pas entièrement à la problématique doit poser les bases d'un dialogue serein que nous souhaitons poursuivre. D'autres rencontres du lundi soir ont par ailleurs d'ores et déjà été décalées au samedi soir, suite à ce dialogue entre le ministère, le diffuseur et la LFP. Cette avancée a néanmoins été considérée comme insuffisante par l'Association nationale des supporters, qui invoque, à l'appui de sa demande de retour de la majorité des rencontres au samedi, une plus grande difficulté pour les supporters à se déplacer le vendredi. Pour autant, à ce stade, les données d'affluence des enceintes de Ligue 2 depuis le début de la saison témoignent d'un taux de remplissage de 55 %, légèrement en hausse au regard de la saison précédente et d'autant plus notable qu'un club comme l'AS Saint-Etienne, doté d'une forte base de supporters, ne dispute plus ce championnat. Bien qu'inégales d'un match et d'une journée à l'autre, ces affluences ne permettent ainsi pas d'affirmer une tendance à la baisse du remplissage des stades le vendredi, d'autant que les matchs les plus générateurs d'audience demeurent programmés le samedi. Afin d'identifier des voies et moyens de convergence entre les positions des différents acteurs respectueuses des intérêts de tous, l'ensemble des parties prenantes (LFP, beIN Sports France et l'Association nationale des Supporters) a été entendu au ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative. Il leur a été demandé de poursuivre le dialogue, dans un cadre respectueux et apaisé, afin d'envisager des solutions constructives d'amélioration, notamment dès la saison prochaine. Deux conditions semblent néanmoins nécessaires à la poursuite des échanges. D'une part, aucune action de violence et d'intimidation de la part de supporters contre le diffuseur ne doit être admise, soutenue ou excusée : la violence et l'intimidation ne peuvent avoir leur place dans les stades et constituer un mode de revendication. D'autre part, les intérêts de l'ensemble des supporters doivent être pris en compte : si le vendredi peut être une contrainte pour ceux d'entre eux qui se déplacent pour suivre leur équipe de coeur, d'autres se disent satisfaits de cette modification. Il s'agit de dialoguer de façon objective auprès de l'ensemble des acteurs du football (supporters, joueurs, entraineurs, clubs, collectivités, acteurs économiques territoriaux, diffuseurs et LFP) afin d'opter pour une solution qui puisse satisfaire le plus grand nombre. Conformément à son engagement le ministre réunira l'Instance Nationale du Supportérisme le 12 décembre afin de poursuivre les travaux engagés et maintenir un dialogue constant avec l'instance.

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