Question de M. GONTARD Guillaume (Isère - GEST) publiée le 30/11/2023
M. Guillaume Gontard interroge M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur l'avenir du glacier de la Girose dans les Alpes.
Les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que le reste de l'hémisphère nord. Les glaciers subissent de plein fouet ce réchauffement exacerbé, avec de nombreuses conséquences sur le cycle de l'eau, le climat et les sociétés humaines en aval. Outre le changement climatique, certains glaciers sont encore l'objet de projets d'aménagement, sans égard pour leur valeur patrimoniale, paysagère, ni pour la biodiversité qu'ils abritent.
Ce constat sans appel a été rappelé à l'occasion du « One Planet - Polar Summit », premier sommet international dédié aux pôles et aux glaciers. Un appel, contenant quatre propositions concrètes pour préserver les glaciers, a par ailleurs été lancé par plus de 100 scientifiques et personnalités et a été largement soutenu par le grand public via une pétition qui a recueilli 30 000 signatures en dix jours. Désormais conscient de l'urgence, le Président de la République a annoncé son souhait de placer « la totalité de nos glaciers en protection forte » à la clôture du sommet.
Parmi les plus de 150 glaciers concernés par cette annonce, il en est un pour lequel l'urgence de la protection se fait davantage sentir : le glacier de la Girose, situé dans les Hautes-Alpes, dans un écosystème extraordinaire au pied de la Meije. Il s'agit du dernier glacier français accessible à tous. Petits et grands peuvent venir l'admirer, prendre conscience de la richesse et du rôle central des écosystèmes glaciaires mais aussi percevoir les effets de l'emballement climatique.
Ce lieu unique est menacé par un projet de prolongation d'un téléphérique sur la station de La Grave, permettant de skier sur un glacier dont les jours sont comptés. Ce projet implique de construire un pylône sur le glacier de la Girose et de détruire son équilibre fragile. Malgré son statut de site inscrit, sa présence dans l'aire du Parc national des Écrins et l'existence d'une espèce protégée au niveau national sur l'emprise du projet de téléphérique, ce projet d'aménagement hors du temps suit son cours.
Il l'interroge sur son intention pour faire de la protection forte du glacier de la Girose le premier acte de la mise en oeuvre de la volonté présidentielle.
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Réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé du logement publiée le 20/12/2023
Réponse apportée en séance publique le 19/12/2023
M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, auteur de la question n° 952, adressée à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
M. Guillaume Gontard. Bien que vous soyez originaire du plat pays, monsieur le ministre, je ne vous apprendrai rien en vous disant que les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que le reste de l'hémisphère Nord. Les glaciers, véritables biens communs, subissent de plein fouet ce réchauffement exacerbé, avec de nombreuses conséquences sur le cycle de l'eau, le climat et les populations en aval.
Ce constat sans appel a été rappelé en novembre dernier par de nombreux scientifiques à l'occasion du One Planet - Polar Summit, premier sommet international consacré aux pôles et aux glaciers. En parallèle, un appel lancé par plus de cent scientifiques et personnalités pour préserver les glaciers a été largement soutenu par le grand public via une pétition qui a recueilli 30 000 signatures en quelques jours.
Désormais conscient de l'urgence, le Président de la République s'est exprimé ainsi lors du discours de clôture du sommet : « Je souhaite que nous puissions lancer la concertation qui nous permettra d'avoir la totalité de nos glaciers en protection forte. » Il s'agit d'un acte marquant.
Parmi les cent cinquante glaciers concernés par cette annonce, il en est un, le glacier de la Girose, pour lequel l'urgence de la protection se fait davantage sentir. Situé au pied de la Meije, dans les Hautes-Alpes, au sein d'un écosystème extraordinaire, il s'agit en effet du dernier glacier français accessible à tous.
Ce lieu unique fait pourtant l'objet d'un projet d'aménagement hors du temps visant à prolonger un téléphérique afin de permettre la pratique du ski sur ce glacier dont les jours sont comptés.
Ce projet implique de construire un pylône sur le glacier de la Girose et, partant, de détruire son équilibre fragile. Malgré son statut de site inscrit, sa situation dans l'aire d'adhésion du parc national des Écrins et la présence d'une espèce protégée au niveau national sur l'emprise du projet, cet aménagement en totale contradiction avec la protection du glacier suit son cours, à rebours de l'esprit « montagne » pourtant si cher à La Grave.
Pour toutes ces raisons, ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, que la protection forte du glacier de la Girose pourrait être le premier acte de la mise en oeuvre de la volonté présidentielle ?
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrice Vergriete, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé du logement. Monsieur le sénateur Guillaume Gontard, pour être certes originaire du plat pays, je n'en suis pas moins en total accord avec votre souci de la préservation des glaciers.
Les enjeux du changement climatique, de l'érosion de la biodiversité et de la modification du cycle de l'eau sont totalement interconnectés. Les glaciers, qui représentent environ 10 % de la surface des terres émergées, en sont un exemple criant. Ils remplissent en effet un rôle majeur dans le fonctionnement des différents cycles structurants, tels que la séquestration du carbone, le cycle de l'eau ou les habitats du vivant essentiels à la vie sur Terre.
Dans le contexte actuel, les glaciers disparaissent plus rapidement que ce qui était prévu dans nos hypothèses. Cela emporte sur les populations et les écosystèmes des conséquences nombreuses et majeures dont l'ampleur, la fréquence, la magnitude et la saisonnalité sont encore trop peu connues. L'urgence est donc à la mobilisation collective et au développement d'une connaissance systémique des glaciers.
En novembre dernier, à l'occasion du One Planet - Polar Summit que vous avez cité, monsieur le sénateur, le Président de la République a souhaité la mise sous protection forte, d'ici à 2030, de l'ensemble des glaciers et des écosystèmes postglaciaires français. À ce jour, près de 60 % des glaciers métropolitains et des écosystèmes postglaciaires sont en protection forte, 100 % outre-mer.
Pour atteindre l'objectif ambitieux fixé par le Président de la République, le Gouvernement lancera prochainement un chantier copiloté par les préfets de région et les présidents de région concernés dans le but d'accompagner les élus dans la coconstruction de la protection des glaciers avec l'ensemble des citoyens et des acteurs des territoires. Nous souhaitons en effet que ce travail soit ancré dans les territoires pour que chacun s'approprie les enjeux de ces nouveaux espaces à haute valeur ajoutée de biodiversité.
Ce travail, qui sera prochainement lancé au niveau local pour le glacier de la Girose, sera l'occasion d'interroger le modèle touristique proposé au regard de la protection forte qu'il convient d'instaurer et, le cas échéant, de faire évoluer le projet afin d'en réduire l'impact, voire de lui substituer un projet alternatif durable.
M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard, pour la réplique.
M. Guillaume Gontard. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Si celle-ci va dans le bon sens, je souhaite insister sur le fait qu'il y a urgence, car le projet est prêt. De fait, des pelles mécaniques étaient déjà présentes sur le site cet été.
D'autres solutions existent pourtant et permettraient de favoriser le développement touristique de cette région. Il suffit d'y travailler en liaison avec les élus locaux. En tout état de cause, il faut d'abord stopper ce projet dangereux.
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