Question de Mme de MARCO Monique (Gironde - GEST) publiée le 19/10/2023
Question posée en séance publique le 18/10/2023
M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour le groupe Écologiste - Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
Mme Monique de Marco. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Vendredi dernier, trois ans après l'assassinat de Samuel Paty, Dominique Bernard est mort poignardé devant son lycée. Lui aussi était professeur. Nos pensées vont à ses proches, ses élèves et ses collègues.
C'est la richesse humaine qui fait toute la force de l'éducation nationale, mais elle s'amenuise.
Au travers de nos enseignants, c'est le savoir et nos valeurs qui sont attaqués. L'école est en première ligne, mais elle ne peut être la seule réponse à cette violence qui trouve son lit dans l'effondrement de l'État social.
L'école doit rester un lieu de transmission de savoirs et d'émancipation, un lieu où l'on apprend la tolérance et le vivre ensemble, un lieu où la communauté éducative se sent entendue. Malgré la sidération, la colère et la tristesse, il va de soi que l'école ne doit pas devenir une forteresse.
Lundi dernier, une minute de silence a été observée dans tous les établissements scolaires. Hasard du calendrier, la commission d'enquête sur le signalement et le traitement des pressions, menaces et agressions dont les enseignants sont victimes reprenait ses travaux. À cette occasion, la faiblesse de la formation et de la préparation à la vie de classe des enseignants a été pointée du doigt.
Il y a trois ans presque jour pour jour, monsieur le ministre, j'ai interpellé votre prédécesseur sur cette question. Rien n'a changé. On nous parle aujourd'hui d'un retour aux écoles normales, mais est-ce vraiment le cap ?
Hier, devant la commission d'enquête, la soeur de Samuel Paty nous a informés du défaut d'accompagnement institutionnel auquel s'était heurté son frère, alors qu'il cherchait soutien et protection avant son assassinat. Elle nous a également appris que les dernières circulaires n'avaient apporté aucune amélioration dans la prise en compte de la parole des enseignants.
Cette surdité institutionnelle est accablante.
Au-delà des discours de circonstance, nous attendons des actes et non des mots, monsieur le ministre. Quels seront les vôtres ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
- page 7359
Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 19/10/2023
Réponse apportée en séance publique le 18/10/2023
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Gabriel Attal, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice de Marco, je vous remercie d'avoir rappelé la mission fondamentale de l'école, qui est la raison même pour laquelle les terroristes islamistes s'en prennent à elle.
Les islamistes veulent éloigner du savoir le plus grand nombre pour imposer leur obscurantisme. Notre école accueille tout le monde.
Les islamistes veulent soumettre les femmes. Notre école accueille toutes les petites filles de France, avec tous les petits garçons de France.
Les islamistes veulent imposer le règne de la religion. Notre école impose celui de la République et de la laïcité.
Il est extrêmement important de réaffirmer ces enjeux.
Madame la sénatrice, vous m'interrogez plus spécifiquement sur la question du respect de la laïcité à l'école et du soutien dû aux enseignants en la matière. Je vous rejoins totalement sur le fait que ce soutien doit être absolu et qu'il passe par des actes.
Sur les questions du respect de la laïcité à l'école, j'ai eu l'occasion, lors de la dernière rentrée scolaire, de prendre une décision sur les tenues religieuses à l'école, qui me paraît importante, dans le respect de la loi de 2004. Il s'agit là un acte clair.
Je le dis, madame la sénatrice, il me semble que certaines voix ont manqué politiquement au soutien que je jugeais indispensable pour cette mesure absolument nécessaire pour faire respecter nos règles à l'école. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.)
Mme Amel Gacquerre. Très bien !
Mme Françoise Gatel. Tout à fait !
M. Gabriel Attal, ministre. Je pense que nous, responsables politiques, avons aussi la responsabilité d'être unis derrière ces valeurs, notamment la défense de la laïcité dans notre école, et derrière les actes qui sont mis en place pour la faire respecter.
Pour autant, nous n'avons évidemment pas épuisé le sujet. Vous l'avez dit, madame la sénatrice, il y a un enjeu de formation.
Je pense à la formation initiale que nous sommes en train de refondre profondément, en lien avec les organisations syndicales représentatives des enseignants. J'aurai l'occasion de formuler des annonces dans les prochains mois sur ce sujet.
Je pense aussi à la formation continue. Je le réaffirme ici, nous avons mis en place une formation sur les questions de laïcité, avec pour objectif que tous les personnels de l'éducation nationale - soit près de 1,3 million d'agents - soient formés d'ici à 2027. Chaque année, des centaines de milliers de personnels sont formés.
Il s'agit d'un enjeu absolument structurant et essentiel pour les valeurs de notre école et de notre République, et j'espère pouvoir compter sur l'ensemble de la représentation nationale pour nous accompagner. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
- page 7359
Page mise à jour le