Question de Mme GUIDEZ Jocelyne (Essonne - UC) publiée le 22/06/2023
Question posée en séance publique le 21/06/2023
M. le président. La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Jocelyne Guidez. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention et porte sur l'un des indicateurs clés pour évaluer la santé d'une population.
Cela fait sept ans que la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu'elle était l'une des plus basses d'Europe à la fin du XXe siècle.
Alors que la France figurait parmi les meilleurs élèves, en troisième position, le pays a chuté à la vingtième place sur vingt-sept. En 2021, ce sont 2 700 nourrissons de moins d'un an qui ont perdu la vie en France, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes.
J'appelle tout particulièrement votre attention sur l'évolution préoccupante de certains indicateurs de santé périnatale dans trois régions métropolitaines - l'Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est -, mais aussi dans les départements ultramarins : le taux de mortalité infantile est de 8,9 0 à Mayotte, de 8,2 0 en Guyane et de 8,1 0 en Guadeloupe, alors qu'il s'établit à 3,5 0 en France hexagonale.
La Cour des comptes, dans son rapport sur la santé dans les outre-mer en 2012, mettait déjà en lumière le manque de pédiatres et de gynécologues.
Monsieur le ministre, quelles sont les explications possibles à cette tendance spécifiquement française ? Quelles sont les mesures de prévention prises ou envisagées par le Gouvernement pour endiguer cette surmortalité infantile en outre-mer, ainsi que dans quatre départements de la France métropolitaine, à savoir la Seine-Saint-Denis, le Jura, l'Indre-et-Loire et le Lot ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 22/06/2023
Réponse apportée en séance publique le 21/06/2023
M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.
M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention. Madame la sénatrice Guidez, la lutte contre la mortalité infantile est en effet un enjeu majeur : c'est l'un des marqueurs de l'état de notre système de santé. Grâce aux progrès de la médecine et à une politique de santé ciblée, le taux de mortalité infantile est, à l'heure actuelle, historiquement bas, comme le souligne d'ailleurs l'Insee. Il faut s'en souvenir.
Néanmoins, ce n'est pas un acquis. Il faut continuer à progresser et rester mobilisé. En effet, l'étude montre aussi - vous l'avez relevé - que ce taux ne baisse plus. Il a même légèrement augmenté ces dernières années, notamment dans les premières semaines d'existence de l'enfant.
La santé des enfants, cela commence dès les premiers jours, dès les premières heures. C'est pour cela que nous avons rendu la vaccination du nourrisson obligatoire. À ce titre, je m'insurge contre les discours qui continuent à relativiser, voire à dénigrer l'importance de la vaccination.
M. Bernard Jomier. Très bien !
M. François Braun, ministre. Nous avons élargi le test systématique de dépistage néonatal : il permet désormais de détecter et de prendre en charge treize maladies graves de l'enfant.
Nous avons aussi déployé une stratégie sur les 1 000 premiers jours pour créer un lien entre parents et professionnels de santé autour de la santé physique et mentale de l'enfant.
Bien entendu, le travail ne s'arrête pas là. Il doit se mener sur tous les aspects de la santé infantile ; dans cet esprit, j'ai installé des assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant. Les différents groupes de travail sont à l'oeuvre depuis plusieurs mois. Leurs conclusions et propositions nous seront rendues très prochainement avec un ciblage très particulier sur la situation de nos outre-mer.
Dans le cadre de leurs travaux, nous avons déjà pu réaliser des progrès, par exemple, sur les questions liées à la rénovation du métier d'infirmière-puéricultrice pour adapter la formation et l'exercice de la profession aux nouveaux enjeux de la prise en charge de l'enfant.
Sur les maternités - le sujet est souvent mis en parallèle -, loin de toute gestion purement comptable d'un autre temps, je veux créer un nouveau modèle qui non seulement allie suivi périnatal d'avant et d'après la naissance en réduisant le plus possible les distances, mais aussi, et surtout, qui sécurise l'acte d'accouchement sur des plateaux techniques où toutes les compétences sont rassemblées.
M. le président. La parole est à Mme Jocelyne Guidez, pour la réplique.
Mme Jocelyne Guidez. Monsieur le ministre, vous avez raison : il faut certainement ne pas dénigrer les vaccinations.
Le taux de mortalité infantile ne baisse plus depuis vingt ans. Vingt ans ! La France occupe en la matière la vingtième place sur vingt-sept en Europe. C'est catastrophique !
Je citerai donc cette phrase de Marc Bloch dans L'étrange défaite : « Français, je vais être contraint, parlant de mon pays, de ne pas en parler qu'en bien ; il est dur de devoir découvrir les faiblesses d'une mère douloureuse. »
J'espère que vous allez pouvoir en tous les cas réaliser des progrès à ce sujet, parce que je n'en reviens pas de la place que nous occupons en Europe. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées des groupes Les Républicains, SER et CRCE.)
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