Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 20/04/2023
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur l'inquiétante raréfaction des oursins en Méditerranée.
Depuis 2017, on observe une importante diminution de la population d'oursins dans toute la Méditerranée française. Vers Marseille, les densités sont désormais de l'ordre de 1,5 oursin par mètre carré contre 2 à 2,5 auparavant. Ce rythme de baisse risque de mettre en péril les traditionnelles « oursinades », où des tonnes de « châtaignes de mer » sont consommées chaque hiver.
Plusieurs facteurs sont avancés comme la modification du plancton, qui impacte les larves d'oursin, ou l'augmentation de la température de l'eau et les épisodes de canicule marine. La surpêche est également incriminée. Cette pêche à pied est pratiquée par des professionnels, mais aussi par des particuliers et des touristes, qui ne savent pas toujours qu'il est impératif de respecter la période autorisée, du 15 décembre au 15 avril.
Il convient en effet de préserver le cycle de reproduction de l'oursin auquel il faut quatre ans pour atteindre une taille comestible.
C'est pourquoi il lui demande s'il ne serait pas judicieux d'établir des zones de jachère précises pour les oursins en Méditerranée, à l'instar de ce qui se pratique déjà pour le corail rouge.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 08/06/2023
Depuis quelques années, un déclin de la population d'oursins est effectivement observé en Méditerranée française, dont la pêche ne saurait être le seul facteur responsable ni prépondérant, en particulier face aux impacts du changement climatique. Leur milieu de vie varie entre les fonds rocheux et les herbiers de posidonie, à de faibles profondeurs (entre 0 et 10 mètres), ce qui en fait une ressource accessible pour la pêche professionnelle ou de loisir. Ils jouent pour autant un rôle écologique de grande importance pour le milieu et servent de nourriture à certaines espèces démersales. Il est aujourd'hui classé dans la liste des espèces marines déterminantes des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique de Corse et d'Occitanie. Afin de garantir la préservation de sa population, des mesures de gestion strictes ont été mises en place pour encadrer la pratique de la pêche professionnelle ou de loisir. Les pêcheurs professionnels doivent être titulaires d'une licence de pêche professionnelle délivrée par le comité régional de la pêche maritime et des élevages marins (CRPMEM) de Provence-Alpes-Côte d'Azur mais également d'une dérogation à l'interdiction de pêche en bouteille pour la pêche dans les Bouches-du-Rhône délivrée par la direction interrégionale de la mer Méditerranée. La pêche est autorisée uniquement du 1er novembre au 15 avril sans limitation de capture mais avec une taille minimale de capture fixée à 5 centimètres (cm), hors piquants, en mer et à 3,5 cm, hors piquants, en étang. Il est à noter que le nombre de licences délivrées est strictement encadré. Du côté de la pêche récréative, la pêche est autorisée lors des mêmes périodes que la pêche professionnelle avec cependant des règles qui diffèrent au niveau des quotas de capture. Ils sont limités à quatre douzaines par pêcheur et par jour pour les pêches à pieds et sous-marine et à quatre douzaines par pêcheur et par jour, dans la limite de dix douzaines par jour, dans le cadre d'une pêche réalisée à l'aide d'une embarcation. Tout contrevenant à cette réglementation s'expose à de lourdes sanctions avec des amendes pouvant aller jusqu'à 22 500 euros. Il convient de poursuivre et renforcer les mesures de contrôle sur l'exercice illicite parfois constaté pendant et en dehors des périodes autorisées. De plus, de nombreuses zones de non-prélèvement sont d'ores et déjà en place dans le parc national des Calanques ainsi que des cantonnements de pêche dans le parc marin de la Côte Bleue. Au vu de ces éléments déjà existants, la mise en place de zones de jachères ne semblent pas utile en complément des mesures existantes dans le cadre de cette pêcherie. Par ailleurs, des discussions sont en cours au niveau des pêcheurs professionnels afin de mettre en place de nouvelles mesures de gestion en particulier entre les CRPMEM et au sein des différentes prud'homies. Ces nouvelles mesures poursuivent un objectif de préservation du stock tout en maintenant une pêche durable et une activité économique viable pour les pêcheurs. En complément, dans le cadre du projet Medfish, un projet de certification MSC de la pêcherie de l'oursin en plongée (scaphandre autonome et apnée) est en cours, en concertation avec les professionnels du secteur. Enfin, de nombreux projets de recherche sont également menés en parallèle par l'université de Perpignan ou l'université de Corse. Ces projets visent à améliorer le suivi des populations d'oursins, en particulier dans les aires marines protégées du Golfe du Lion et de Corse.
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