Question de M. LAFON Laurent (Val-de-Marne - UC) publiée le 15/12/2022
Question posée en séance publique le 14/12/2022
M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Laurent Lafon. Monsieur le ministre de l'intérieur, voilà quelques semaines, vous annonciez ici même, au Sénat, que des festivals devront être annulés durant l'été 2024 à cause des jeux Olympiques.
Cette annonce a provoqué de nombreuses réactions d'incompréhension.
La semaine dernière, avec une trentaine de sénateurs et sénatrices membres de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat, nous avons publié, dans le journal Le Monde, une tribune pour dire que les JO ne peuvent se faire au détriment des nombreuses manifestations sportives, culturelles, festives, qui ont lieu traditionnellement partout en France tout au long de l'été.
Dans une interview publiée aujourd'hui dans le journal Le Parisien, Mme la ministre de la culture a précisé que des solutions avaient été trouvées avec tous les grands festivals, en tout cas ceux qui recourent aux unités de force mobile. Tant mieux !
Néanmoins, de nombreuses questions demeurent.
Quid des grands événements festifs qui se déroulent chaque année durant l'été dans certaines régions françaises ? Je pense en particulier au Sud-Ouest et à des fêtes comme celles de Bayonne ou de Dax.
M. Max Brisson. Très bien !
M. Laurent Lafon. Quid de la surveillance des plages assurée jusqu'à présent par des CRS ?
Quid des nombreux événements dont les organisateurs ont besoin de recourir à des sociétés privées de sécurité ? On le sait, l'organisation des JO va massivement faire appel à de telles sociétés : plus de 15 000 emplois doivent être créés pour répondre aux seuls besoins des jeux Olympiques. Ces sociétés pourront-elles couvrir à la fois les besoins des JO et ceux des événements qui doivent se déroulent en province ? Dans ces conditions, monsieur le ministre, pourquoi ne pas compléter le dispositif en recourant à l'armée ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Réponse du Ministère de l'intérieur et des outre-mer publiée le 15/12/2022
Réponse apportée en séance publique le 14/12/2022
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le président Lafon, les jeux Olympiques à Paris, c'est une fois par siècle ; et les jeux Olympiques à Paris avec une cérémonie d'ouverture organisée en dehors d'un stade, c'est une fois tous les 3 000 ans, parce que personne ne l'a jamais fait ! La réussite des jeux Olympiques et des jeux Paralympiques de Paris, qui auront lieu durant l'été 2024, est d'intérêt général, et je sais que vous y êtes particulièrement sensible.
Je rappelle d'ailleurs que l'année 2024 marquera aussi le 80e anniversaire du débarquement de Normandie, ce qui veut dire qu'au mois de juin également les forces de sécurité intérieure seront intensément mobilisées, pour protéger notamment les chefs d'État qui assisteront à ce grand événement.
Avec la ministre de la culture et la ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques, nous avons proposé non pas l'annulation des événements, mais leur décalage dans le temps. Nous avons été en partie entendus : ainsi le Tour de France n'arrivera-t-il pas, en 2024, à Paris le 28 juillet, mais à Nice le 21 juillet. Voilà une mesure qui nous paraît conforme à l'intérêt général et propice à ce que puisse être organisé malgré tout un Tour de France en 2024. Je pourrais aussi citer le festival des Vieilles Charrues, qui se déroulera du 11 au 14 juillet et non du 18 au 21 juillet, ou celui d'Avignon Mme la ministre de la culture a eu l'occasion d'évoquer ces décalages de dates.
Vous voyez que, dans notre pays, il est possible de discuter, en concertation avec tous les acteurs du monde sportif et culturel, et du monde festif en général, pour que pareils événements se tiennent, mais dans des conditions telles qu'elles exigent chacun doit le comprendre que 45 000 policiers et gendarmes soient mobilisés pour les jeux Olympiques de Paris, depuis leur cérémonie d'ouverture jusqu'à leur cérémonie de clôture.
M. David Assouline. Et l'armée ?
M. Gérald Darmanin, ministre. En ce qui concerne l'armée, elle est déjà très largement mobilisée. Si, par exemple, l'armée n'était pas chargée de sécuriser le site d'où partiront les bateaux sur la Seine, ce sont trente unités de force mobile qu'il nous faudrait utiliser. L'armée sera aussi chargée, sous l'autorité de la Première ministre, de la surveillance aérienne, qu'il s'agisse de la lutte anti-drones ou de la lutte contre le survol de nos événements par des avions.
Mais l'armée n'est pas faite pour le maintien de l'ordre ! Voilà plus d'un siècle que nous avons spécialisé un certain nombre de policiers et de gendarmes dans l'exercice de ces missions ; ce n'est pas pour les confier à la va-vite à des militaires.
M. le président. Il faut conclure !
M. Gérald Darmanin, ministre. Quant au recours aux services de sécurité privée, nous aurons l'occasion d'en reparler. Je précise seulement que nous avons procédé, avec le ministre du travail, à un certain nombre de démarches dont l'issue très positive nous permet d'aborder avec confiance la perspective d'un déploiement de ces services partout sur le territoire national. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, pour la réplique.
M. Laurent Lafon. Je vous remercie, monsieur le ministre, pour ces éléments de réponse.
Nous n'avons pas bien compris la façon dont la question des festivals avait été abordée jusqu'à présent : vous faites une annonce, et quelques semaines plus tard on nous dit qu'en définitive des solutions ont été trouvées. Dont acte, et tant mieux !
Mais, pour éviter que ces difficultés ne se reproduisent, nous souhaiterions notamment qu'au niveau des territoires et avec les élus locaux vous fassiez un inventaire précis des manifestations prévues et nous donniez un aperçu des solutions concrètes qui pourront être trouvées dans un contexte on le sait, vous l'avez rappelé qui sera exceptionnel, compte tenu de l'organisation d'une manifestation aussi importante que les jeux Olympiques.
En la matière, le dialogue avec les élus locaux nous semble essentiel. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. Christian Cambon. Très bien !
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