Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 24/11/2022

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur les difficultés d'accès aux soins dont sont victimes des millions de patients français.
Le 8 novembre 2022, l'UFC-Que choisir a rendu publique une carte interactive illustrant ces difficultés. Cet outil permet de mesurer, pour chaque commune de France métropolitaine, quel est l'accès à quatre catégories de médecins (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres), en combinant à la fois l'éloignement géographique des médecins et les tarifs pratiqués (sécurité sociale ou avec dépassements d'honoraires). Or ce qu'il montre est très alarmant. En effet, jusqu'à 25 millions d'usagers vivent dans un territoire où l'offre de soins libérale s'avère insuffisante : 23,5 % de personnes éprouvent des difficultés pour accéder à un généraliste à moins de trente minutes de route, quand 23,6 % des femmes ne disposent pas d'un gynécologue et 27,5 % des enfants vivent dans un désert médical pédiatrique. De surcroît, la fracture sanitaire est non seulement géographique, mais financière. Les dépassements d'honoraires, en constante progression, ont atteint 3,5 milliards d'euros par an en 2021. La dérive est telle qu'il est désormais difficile de trouver des médecins qui respectent le tarif de la sécurité sociale.
En conséquence, il lui demande quelles solutions il compte apporter à cette fracture sanitaire à la fois géographique et financière.

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 23/02/2023

L'accès aux soins est une priorité gouvernementale depuis 2017, avec le lancement du plan d'accès aux soins, comportant une large palette de solutions, adaptables à chaque contexte local, car la réponse aux difficultés démographiques n'est pas unique : actions au niveau de la formation des professionnels (soutien à la réalisation des stages ambulatoires pour faire découvrir la pratique et « donner envie » d'exercer dans ces territoires), actions sur l'attractivité de l'exercice (développement des maisons de santé pluri-professionnelles, centres de santé pluri-professionnels, communautés professionnelles territoriales de santé…), ou encore recours aux transferts de compétences, à la télésanté… Ce plan a été renforcé par la stratégie « Ma Santé 2022 », avec des dispositions à effet de court terme, comme la création de postes d'assistants médicaux, pour seconder et appuyer les médecins dans un ensemble de tâches administratives et soignantes. Le Ségur de la Santé lancé en juillet 2020 a mis l'accent sur le déploiement de l'exercice coordonné sous toutes ses formes et le recours à la télésanté. L'enjeu aujourd'hui, dans un contexte démographique tendu, sachant que les bénéfices de la fin du numérus clausus ne se feront sentir que dans une dizaine d'années, est bien de mobiliser tous les leviers existants pour trouver du temps médical et augmenter l'attractivité du territoire. Certaines solutions doivent être accélérées dans leur déploiement : c'est le cas notamment des assistants médicaux, dont la cible a été portée à 10 000 à l'horizon 2025. Les gains estimés étant de 10 % de patients en plus du fait du temps médical gagné. L'accent doit être mis aussi sur le déploiement de l'exercice coordonné sous toutes ses formes, levier majeur pour attirer les professionnels de santé et les fixer, y compris dans les zones les plus fragiles. Cela a bien été un des enjeux du Conseil national de la refondation santé : mettre autour de la table professionnels, patients et élus pour trouver ensemble les solutions les plus adaptées aux besoins des territoires et des populations, en levant les freins et en mobilisant les leviers existants. Le Président de la République a également annoncé, le 6 janvier 2023, de nouvelles mesures en faveur de l'accès à la santé : la généralisation du service d'accès aux soins, un nouveau pacte avec la médecine libérale… Enfin, différentes mesures sont aussi en place pour agir sur l'accès financier aux soins : pour les assurés les plus fragiles, la complémentaire santé solidaire prémunit d'ores-et-déjà de tout reste à charge sur les consultations médicales, puisque les professionnels de santé ne peuvent leur opposer de dépassements d'honoraires, hormis en cas d'exigence particulière de leur part (demande de visite à domicile injustifiée, consultations en dehors des horaires d'ouverture du cabinet…). Par ailleurs, dans le cadre de la convention liant l'assurance maladie et les médecins, des dispositifs destinés à modérer les dépassements (option de pratique tarifaire maîtrisée - OPTAM) ont été mis en place ; ceux-ci montrent leurs effets : alors que les dépassements d'honoraires progressaient de presque 2 points par an à la fin des années 2000, ils baissent de 1 point par an en moyenne depuis 2012. A cela s'ajoute une nouvelle campagne de régulation des pratiques tarifaires excessives lancée par la caisse nationale d'assurance maladie.

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