Question de M. RETAILLEAU Bruno (Vendée - Les Républicains) publiée le 20/10/2022

Question posée en séance publique le 19/10/2022

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour le groupe Les Républicains. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, depuis dimanche dernier, la France est sous le choc : Lola (Murmures sur des travées des groupes SER, GEST et CRCE.), une jeune fille de 12 ans, a été sauvagement agressée. Elle est morte, agressée par une ressortissante algérienne qui n'aurait pas dû être sur le sol français.

Depuis dimanche, des voix s'élèvent pour que d'autres voix se taisent, pour imposer le silence, pour bâillonner le débat. Mais l'essence même de la démocratie, mes chers collègues, précisément, c'est le questionnement, c'est le débat.

Le meurtre de Lola me rappelle un autre meurtre, qui m'avait touché personnellement. Le meurtrier, à l'époque, était depuis plus de dix ans en situation irrégulière sur le sol de France. Bien que frappé par trois obligations de quitter le territoire français (OQTF), il n'avait pas été expulsé, il n'était pas non plus en prison ; d'une santé mentale précaire, il n'était pas davantage en hôpital psychiatrique. Et il avait incendié la cathédrale de Nantes !

Vous voudriez que nous nous taisions, madame la Première ministre. Ce sont les Français qui réclament des comptes. Il faut l'admettre : le désordre migratoire peut tuer. (Murmures sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE.) Si cette Algérienne n'avait pas été sur le sol français, Lola serait encore en vie.

M. Xavier Iacovelli. Récupération !

M. Bruno Retailleau. J'ai une double question à vous poser.

Premièrement, reconnaissez-vous des défaillances de l'État, une part de responsabilité ?

M. Xavier Iacovelli. Quand a lieu le congrès de LR ?

M. Bruno Retailleau. Deuxièmement, que dites-vous aux Français pour que ces tragédies et ces drames ne se reproduisent plus ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Françoise Férat applaudit également.)


Réponse du Première ministre publiée le 20/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 19/10/2022

M. le président. La parole est à Mme la Première ministre.

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Monsieur le président Retailleau, je crois qu'en politique, quelles que soient les circonstances, nous devons toujours faire le choix de la dignité. (Applaudissements prolongés sur les travées des groupes RDPI, GEST, SER, CRCE, RDSE et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Une jeune fille de 12 ans a été tuée dans des conditions effroyables. Une famille, des amis, des voisins, un collège sont en deuil et tout le pays partage leur émotion.

M. Philippe Pemezec. La faute à qui ?

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. C'est pour les parents de Lola que je veux avoir mes premiers mots. Le Président de la République a eu l'occasion de les recevoir hier (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.) et de leur dire toute l'émotion et la solidarité de la Nation.

Je souhaite de nouveau dire à cette famille, au nom du Gouvernement et, j'en suis sûre, en votre nom à tous, notre plein soutien.

Monsieur le président Retailleau, savez-vous ce qu'ont demandé les parents de Lola ? Du respect, la paix pour la mémoire de Lola et qu'on les laisse faire leur deuil dans la dignité. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Et alors ? Cela n'a rien à voir !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Nous le leur devons.

Je le dis franchement : je crois que la dignité nous commande de ne pas exploiter la douleur indicible d'une famille (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, GEST, SER, CRCE, RDSE et INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC. – Huées sur les travées du groupe Les Républicains.), de ne pas utiliser la mort d'une enfant à des fins politiciennes. (Mêmes mouvements.)

M. Max Brisson. C'est indigne !

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Ce que nous devons à la mémoire de Lola et à toute sa famille, c'est la justice. Une enquête a été immédiatement lancée et les services de police ont pu identifier et interpeller des suspects en quelques heures. Deux personnes ont été mises en examen par les juges d'instruction et l'une d'elles se trouve en détention provisoire. L'enquête se poursuit aujourd'hui pour déterminer précisément les faits.

Un sénateur du groupe Les Républicains. Et l'OQTF ?

Mme Élisabeth Borne, Première ministre. Et il y a une autre chose à laquelle je crois profondément, monsieur le président Retailleau : c'est l'indépendance de l'autorité judiciaire. Je n'ai donc pas d'autre commentaire à faire : laissons les enquêteurs travailler, laissons les membres de la famille de Lola faire leur deuil en paix. Nous leur devons justice, ils l'auront, et c'est la République qui la rendra. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI et sur des travées du groupe SER.)

M. Max Brisson. Quel rapport ?

M. le président. La parole est à M. Bruno Retailleau, pour la réplique.

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, vous vous trompez en réduisant la mort de Lola à un simple fait divers. (Mme Patricia Schillinger s'exclame.)

Voyez-vous, je pense que la politique se diminue quand elle refuse le débat ; je pense que la politique ne peut pas se contenter de pleurer sur les conséquences, elle doit dénoncer aussi clairement les causes, elle doit affronter la réalité pour que ces meurtres ne se reproduisent plus.

M. Max Brisson. Bravo !

M. Bruno Retailleau. Madame la Première ministre, vous êtes une responsable publique, et chaque responsable public doit avoir le courage d'affronter la réalité et doit protéger les Français avec une politique qui ne s'abandonne pas justement au laxisme et au laisser-faire migratoire. (Protestations sur les travées des groupes RDPI et SER.) Vous devez prendre des décisions, tout de suite, pour aujourd'hui et pour demain. (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Françoise Férat applaudit également.)

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