Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE) publiée le 21/07/2022
M. Fabien Gay attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur la reprise imminente de la Fonderie de Bretagne, ancienne filiale de Renault, par le fonds d'investissement allemand Callista rivate Equity.
Dans le cadre de son plan économique prévoyant la suppression de 4 600 emplois, le groupe Renault a décidé de se séparer de la Fonderie de Bretagne. Si celle-ci produisait près de 25 661 tonnes de pièces de fonte en 2015, cette performance industrielle n'a fait que décroitre ces dernières années, n'atteignant plus que 11 433 tonnes en 2020. Les facteurs ayant mené à une baisse aussi considérable interrogent.
Si un audit commandé par Renault conclut à la nécessité de se débarrasser de l'entreprise, un autre de la confédération générale du travail (CGT) met quant à lui en exergue des conclusions diamétralement opposées soulignant le caractère stratégique du maintien de l'activité et d'une éventuelle conversion vers l'industrie de l'automobile électrique. Malgré la révélation d'un lien de corrélation évident entre l'allègement suspect du cahier des charges et les commandes massives de pièces issues d'industries étrangères par cette contre-expertise, le groupe automobile n'est pas revenu sur ses positions actant la fermeture de la filiale de 290 salariés.
Face à la pugnacité du mouvement social et syndical, Renault s'est engagé à revendre la filiale au repreneur « le plus à même de pérenniser les activités et les emplois et d'adapter l'outil industriel aux évolutions du secteur » afin, selon ses mots, d'« accompagner cette démarche de façon responsable dans la continuité du dialogue social ». Ainsi, le 4 juillet 2022, ce dernier a annoncé avoir trouvé dans le fonds d'investissement allemand Callista Private Equity le candidat parfait. Or la réputation et le passif qui précèdent ce fonds n'annoncent rien de bon, ni pour l'avenir des 290 salariés, ni pour la souveraineté industrielle française.
L'entreprise allemande semble en effet avoir un mode opératoire peu glorieux qui consiste à racheter des petites ou moyennes entreprises (PME) ou de petites filiales en manque d'investissement, leur promettant une optimisation de l'entreprise et une pérennisation des emplois et des investissements. Cet écran de fumée faisant miroiter une hypothétique amélioration de la compétitivité de l'entreprise est néanmoins souvent suivi d'une liquidation lorsque les attentes de maximisation de profits ne se réalisent pas dans l'immédiat.
Ce scénario, éminemment nuisible, s'est vérifié à plusieurs reprises par le passé, notamment à Messancy avec le rachat de la Fonderie de Vulcast en 2019, déclarée en faillite en mars 2022 mais également celui de l'usine Halo Sterling en 2020 qui est actuellement dans l'attente d'un nouveau repreneur. Nous sommes donc très loin de l'image du repreneur vertueux que Renault s'était engagé à rechercher.
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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie publiée le 03/11/2022
La cession des Fonderies de Bretagne au fonds d'investissement Callista, annoncée le 4 juillet dernier. L'offre du fonds Callista est adossée à un projet industriel ambitieux, qui comprend un effort d'investissement de 32 millions d'euros intégralement financé par le groupe Renault, pour moderniser et compléter l'outil industriel. En particulier, il s'agira d'améliorer la performance économique et énergétique de l'usine, à travers le financement de nouveaux fours, ainsi que de diversifier la production vers des pièces plus complexes et plus lourdes. Le fonds Callista a pris l'engagement de ne procéder à aucun licenciement économique et de ne pas verser de dividendes pendant toute la durée du plan d'investissement, soit jusqu'en 2025. Renault s'engage au service du projet de reprise à hauteur de 32 millions d'euros pour les investissements, mais aussi 11 millions d'euros pour couvrir les coûts d'exploitation, 14 millions pour couvrir les aléas et 140 millions d'euros de recapitalisation de l'entreprise et d'apurement de son passif. L'ensemble des financements du groupe Renault seront placés sous le contrôle d'un fiduciaire. Le Gouvernement comprend les interrogations que soulèvent l'activité du fonds Callista. Il ressort cependant que Callista a su mener des projets de reprise avec succès et que, s'agissant des Fonderies de Bretagne, un engagement 0 licenciement sera homologué dans le cadre d'une procédure de conciliation. Par ailleurs, Renault garantit à Callista un niveau de marge brute, générée par ses commandes dans les années à venir, ce qui sera de nature à préserver l'entreprise de trop forts aléas, sans compter l'effort d'investissement.
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